Journal De Bruxelles - Bahrain, petite ville du bout du monde dans les montagnes du nord du Pakistan

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Bahrain, petite ville du bout du monde dans les montagnes du nord du Pakistan
Bahrain, petite ville du bout du monde dans les montagnes du nord du Pakistan / Photo: Abdul MAJEED - AFP/Archives

Bahrain, petite ville du bout du monde dans les montagnes du nord du Pakistan

Autrefois paisible et pittoresque petite ville de montagne du nord-ouest du Pakistan, Bahrain n'est plus qu'un amas de ruines. Elle a été réduite en poussière par la force insoupçonnée de la rivière en crue qui la traverse.

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Une grande partie de la vallée de Swat s'est retrouvée coupée du reste du pays la semaine passée quand un déluge, provoqué par la mousson débutée en juin, s'est abattu sur le Pakistan, causant les pires inondations de son histoire.

La route sévèrement endommagée suivant vers le nord le cours de la rivière Swat n'a été rouverte que lentement ces derniers jours, révélant peu à peu l'ampleur des dégâts.

A Bahrain, les hôtels ont disparu, la mosquée est comme une coquille vide et le marché principal reste inondé jusqu'à la taille.

"C'était un endroit divin, mais maintenant ce ne sont plus que des décombres", soupire Muhammad Asif, 22 ans, un étudiant en université.

"Tout a changé dramatiquement cette dernière semaine. La rivière ajoutait à la beauté des lieux, maintenant c'est une menace", confie-t-il mercredi à l'AFP.

En été, la ville était par le passé particulièrement animée, attirant jusqu'à un millier de touristes par jour, venus profiter du paysage enchanteur, avec les majestueux sommets alentour et les eaux limpides de la rivière, près de laquelle étaient juchés hôtels et restaurants.

Il faudra sans doute des années pour que les touristes reviennent en nombre. Et sans eux, c'est toute l'économie locale qui est menacée.

- 'Désespérément besoin d'aide' -

"Mon hôtel est toujours partiellement sous l'eau", constate Muhammad Nawaz, dont les 40 employés, dans divers établissements, se retrouvent soudainement privés d'emploi.

"J'enlève le sable de mon restaurant et je cherche du mobilier dans les ruines", dit-il.

La route s'arrête désormais brutalement sur une rive, là où un pont qui reliait auparavant les deux moitiés de la ville, n'est plus qu'un monceau de débris.

Une passerelle branlante, traversée par des hommes portant des sacs de riz, de farine ou de sucre, permet de rejoindre les villages plus au nord, inaccessibles par la route.

Le trajet, qui avant ne prenait que 20 minutes en moto à Karim Farman, s'effectue en près de quatre heures de marche, quelques portions de route restant ouvertes aux véhicules.

Son village, Balaqot, n'a pas encore reçu la moindre assistance. "Nous avons désespérément besoin d'aide", déclare Muhammad Amir, venu du même village. "Nous avons absolument besoin de médicaments. C'est très difficile d'amener des patients ici."

"Il n'y a plus d'électricité dans notre village depuis presque une semaine. Les gens n'ont même pas une bougie à allumer. Plusieurs personnes souffrent de diarrhée", raconte-t-il.

Le cauchemar à Bahrain s'est déroulé dans la nuit du 25 août.

Nombre d'habitants disent n'avoir pas été avertis du risque. Mais les touristes ont évacué les hôtels quand la rivière a commencé à grossir.

- Des mois pour reconstruire -

Beaucoup dans la population locale pensaient que seuls les bâtiments placés sur les berges de la rivière étaient à risque. Mais ils n'ont pas tardé à comprendre que la puissance des flots était telle que rien n'était à l'abri.

"En quelques minutes, l'eau a soudainement encerclé mon magasin de tous les côtés", témoigne Aftab Khan. "Je n'ai rien pu emmener avec moi, car il fallait que je sauve d'abord ma vie".

L'armée est arrivée mercredi, selon des sources locales, pour aider à mettre de l'ordre dans la cohue de personnes fouillant les décombres et faciliter le passage à pied de la rivière.

Des hélicoptères passent fréquemment dans le ciel, chargés d'apporter de l'aide aux vallées isolées.

Un responsable administratif du district ayant demandé l'anonymat a estimé qu'il faudrait sans doute attendre des mois avant que les routes et ponts ne soient reconstruits.

"Avant, cet endroit était paradisiaque, mais maintenant même les locaux veulent le fuir", résume Sheer Bahadur, un propriétaire de restaurant.

O.M.Jacobs--JdB