

La flotte privée de la Nasa à la conquête de la Lune
Viser la Lune, cela ne leur fait pas peur: alors qu'il allait fallu attendre plus de 50 ans entre la fin du programme Apollo et le retour d'un appareil américain sur la Lune, deux entreprises texanes ambitionnent de le faire en moins d'une semaine.
Deux robots spatiaux opérant pour le compte de l'Agence spatiale américaine, la Nasa, vont tenter l'un dimanche et l'autre jeudi de se poser sur la surface lunaire, nouveau signe de l’importance croissante du secteur privé dans l’exploration spatiale.
L'an passé, l'une de ces entreprises américaines était entrée dans l'Histoire en devenant la première société privée à réussir un alunissage. Un exploit qui n'avait jusque-là été réussi que par une poignée de pays, à commencer par l'Union soviétique en 1966.
Le premier engin, nommé Blue Ghost, de l'entreprise Firefly Aerospace, va tenter à son tour cette manoeuvre périlleuse à 08H34 GMT dimanche après avoir passé 45 jours à voyager vers l'astre, prenant au passage nombre de photos spectaculaires.
Ce robot compact doré, de 2 mètres de haut et de 3,5 mètres de large, transporte comme son compatriote divers instruments scientifiques de la Nasa.
- Eclipse et forage -
Parmi ceux-ci, un outil pour forer le sol lunaire et analyser ses températures, ou encore un appareil photo.
Cela devrait permettre aux scientifiques d'étudier la poussière lunaire ou encore la "caractérisation de la structure et des propriétés thermiques de l'intérieur de la Lune", avait expliqué une responsable de la Nasa en amont de son lancement.
Une fois sur la Lune, Blue Ghost fonctionnera pendant 14 jours terrestres et devrait notamment immortaliser au cours de son séjour un crépuscule ainsi qu'une éclipse totale lunaire, un événement survenant quand l'astre passe dans l'ombre de la Terre.
Il s'agira de la première tentative de Firefly Aerospace de poser un engin sur la Lune. Si elle y parvient, elle deviendra la deuxième entreprise à le réussir, après sa voisine Intuitive Machines.
Cette autre société texane espère elle reproduire jeudi son exploit avec Athéna, un engin de plus de 4 mètres de haut qui a emprunté une trajectoire bien plus directe que Blue Ghost et doit se poser sur le pôle Sud de la Lune, objet de nombreuses convoitises car il s'y trouve de l'eau sous forme de glace.
Elle transporte divers objets dont un engin destiné à mettre en place un réseau cellulaire sur la Lune, une autre foreuse, et un petit robot capable de bondir et d'aller ainsi explorer des zones difficiles d'accès.
- Incertitudes -
La première sonde d'Intuitive Machines, Odysseus, avait réussi à se poser début 2024, mais elle avait cassé au moins l'un de ses six pieds lors de l'alunissage, en raison d'une défaillance de son système de navigation l'ayant conduit à s'approcher trop vite.
L'entreprise dit avoir réalisé depuis des ajustements pour permettre un alunissage tout en contrôle. Se poser sur la Lune est toutefois loin d'être une mince affaire, rappellent les experts, en raison notamment de l'absence d'air permettant de ralentir la descente.
Une autre sonde japonaise, de la société ispace, est également en route vers l'astre et devrait tenter d'y alunir au printemps.
Les deux appareils américains doivent permettre à la Nasa d'approfondir ses connaissances sur la Lune, où elle espère renvoyer d'ici quelques années des astronautes via son programme phare Artémis.
L'agence a choisi de charger des sociétés privées, dont ces deux entreprises texanes, de l'envoi de matériel et de technologies sur la Lune - via un programme baptisé CLPS destiné à faire baisser les coûts des missions.
Ces deux missions rapprochées surviennent alors que les incertitudes autour du programme Artémis ne cessent de croître, le président Donald Trump s'étant montré sceptique sur l'utilité de repasser par la Lune avant d'aller sur Mars.
I.Servais--JdB