Beyoncé enfin sacrée aux Grammy Awards, Kendrick Lamar plebiscité
Le couronnement tant attendu a enfin eu lieu: Beyoncé a reçu le prix du meilleur album de l'année dimanche aux Grammy Awards, une grande première, lors d'une soirée également marquée par la domination du rappeur Kendrick Lamar.
"Queen B" a remporté trois trophées grâce à son album country "Cowboy Carter", tandis que le natif de Compton en a raflé cinq, s'imposant comme l'artiste le plus titré d'une soirée emprunte d'émotions dédiée aux victimes des incendies de Los Angeles.
Eternelle prétendante, Beyoncé n'avait jamais réussi à remporter la récompense reine. Des artistes blancs – Taylor Swift, Adele, Harry Styles et Beck - lui avaient toujours volé la vedette, ce qui était source de polémique.
"Cela fait de nombreuses années", a lâché la chanteuse de 43 ans sur scène, visiblement soulagée. "J'espère que nous continuerons à aller de l'avant, à ouvrir des portes."
"Queen B" atteint ainsi l'apothéose, car ses dizaines de victoires dans des catégories mineures faisaient déjà d'elle l'artiste la plus titrée des Grammy Awards.
Dimanche, elle a également remporté le prix du meilleur album country et celui du meilleur duo country, pour sa chanson "II Most Wanted", interprétée avec Miley Cyrus.
Dans son album, "Cowboy Carter", Beyoncé explore ses racines texanes et rend hommage aux influences afro-américaines de la country, un genre longtemps dominé par des hommes blancs et conservateurs.
"Le genre est parfois un mot codé qui nous maintient à notre place en tant qu'artistes", a observé l'ex-chanteuse du groupe de r'n'b "Destiny's Childs", en encourageant "les gens à faire ce qui les passionne et à rester persévérants".
- Chappell Roan, révélation de l'année -
La soirée a également tourné au plébiscite pour Kendrick Lamar, avec deux prix majeurs sur cinq trophées remportés. Sa "diss track" au vitriol contre son rival Drake, "Not Like Us", a été élue meilleure chanson et meilleur enregistrement.
Dans ce titre violent, le Californien traite notamment son ennemi canadien de "pédophile". Mais sur scène, il n'a pas eu un mot pour lui.
"Rien de plus puissant que la musique rap, (...) nous sommes la culture", s'est-il contenté de déclarer, en dédiant sa victoire à Compton, la banlieue pauvre de Los Angeles où il est né.
La sensation queer Chappell Roan a elle été élue révélation de l'année.
Adepte de tenues hautes en couleur, inspirées des drag queens, l'interprète de "Pink Pony Club" en a profité pour prendre à partie les responsables de l'industrie musicale.
La chanteuse du Midwest a raconté ses galères à Los Angeles, lorsque son premier label l'a lâché pendant la pandémie. Elle a réclamé des "salaires décents" et une "assurance maladie" pour tous les artistes.
"Les labels, on est là pour vous, mais êtes-vous là pour nous?", a-t-elle lancé, sous son maquillage criard.
Parmi la jeune génération, sa concurrente britannique Charli XCX a elle remporté trois Grammys. L'étoile montante de la pop Sabrina Carpenter en a raflé deux, dont celui du meilleur album pop vocal.
- "Je t'aime L.A.!" -
Un morceau des Beatles, "Now and Then", produit grâce à l'intelligence artificielle plus de cinquante après leur séparation, a été élu meilleure prestation rock.
La soirée a également été fructueuse pour les artistes français.
Le groupe Gojira et la chanteuse lyrique Marina Viotti ont remporté le Grammy de la meilleure prestation metal, pour leur interprétation fracassante de "Mea Culpa (Ah! Ça ira!)", avec une Marie-Antoinette décapitée lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris.
De son côté, Justice a obtenu le Grammy du meilleur enregistrement dance/electro, pour son titre "Neverender".
La cérémonie a également servi d'immense événement caritatif, pour aider Los Angeles, encore sous le choc des incendies qui ont fait près d'une trentaine de morts et détruit des milliers de bâtiments en janvier.
Toute la soirée, l'humoriste Trevor Noah a appelé aux dons, ce qui a permis de récolter sept millions de dollars grâce aux téléspectateurs.
Le spectacle a inclus de nombreuses séquences émotion, pour mesurer l'ampleur des dégâts dans la cité des Anges, mais aussi honorer sa verve créative.
Le chanteur et le batteur des Red Hot Chili Peppers, Anthony Kiedis et Chad Smith, ont notamment livré une version a capella d'"Under the Bridge", leur célèbre déclaration d'amour à Los Angeles.
Et Billie Eilish a interprété son tube "Birds of a Feather", coiffée d'une casquette des Dodgers et en concluant par un cri du coeur: "Je t'aime L.A.!"
G.Lenaerts --JdB