JO-2022/Patinage: la défaillance Hanyu, la démonstration Chen
Coup de froid pour Yuzuru Hanyu: la superstar japonaise, double champion olympique en titre, a perdu tout espoir de triplé historique aux Jeux de Pékin dès le programme court, dominé par le triple champion du monde en titre Nathan Chen avec un score record mardi.
Son premier quadruple saut transformé en simple rotation dès les premiers instants de sa prestation a coûté cher, très cher à "Yuzu" : avec seulement 95,15 points, il ne pointe qu'au huitième rang avant le programme libre programmé jeudi (à partir de 02h30 heure française).
Près de vingt points devant, Chen caracole lui en tête: au bout d'une impeccable performance au son de "La Bohème" de Charles Aznavour, l'Américain de 22 ans, en quête d'un premier sacre olympique, a été récompensé par 113,97 points, nouveau record du monde.
Derrière Chen, à plus de cinq points au mieux, deux Japonais ont suppléé la défaillance de Hanyu: le jeune Yuma Kagiyama, 18 ans et vice-champion du monde en titre, deuxième avec 108,12 points, et Shoma Uno, vice-champion olympique sortant et troisième avec 105,90 points.
"Je dirais que c'était très proche de mon meilleur niveau", estime le triple champion du monde en titre (2018, 2019 et 2021).
- "Trou" dans la glace -
A propos du faux pas de Hanyu, "quand j'ai entendu ça, je me suis dit: +Tiens-t'en à ton plan, ça ne change rien, concentre-toi sur ce que tu peux faire, essaie de faire de ton mieux, le reste, c'est hors de ton contrôle", raconte Chen.
Comment le champion japonais l'explique-t-il ?
"Je n'ai pas eu de mauvaise sensation jusqu'à ce que je déclenche mon saut. Et quand je l'ai déclenché, j'ai senti un trou (dans la glace), peut-être créé par l'appui d'un autre patineur, a-t-il envisagé.
Si le fossé qui le sépare de Chen semble impossible à combler, et que même le podium paraît désormais difficilement accessible pour Hanyu, "je ferai mon contenu technique dans le libre" ont été les seuls mots qu'il a prononcés en anglais.
Comprendre a priori que "Yuzu" s'attaquera bien comme prévu au quadruple Axel, la quadruple rotation la plus complexe du patinage artistique, encore jamais réussie en compétition. Malgré sa cheville droite récalcitrante, déjà touchée avant les JO-2018 et qui ne lui a permis de ne participer qu'à une compétition cet hiver (les Championnats du Japon fin décembre) avant les Jeux de Pékin.
- "Icône" -
Malgré tout, Chen préfère rester prudent.
"Vous ne pouvez certainement pas le rayer de la carte. Il est double champion olympique pour une raison. Et, quoi qu'il fasse à l'avenir, il sera toujours une véritable icône du patinage artistique, un des plus grands patineurs de tous les temps, si ce n'est le plus grand", salue son rival américain.
Côté français, Kevin Aymoz s'est classé dixième avec 93 points, malgré un quadruple Salchow transformé en triple, et Adam Siao Him Fa, 14e avec 86,74 points, malgré une chute sur son second "quad".
"C'était excellent, j'ai pas les mots pour décrire combien j'ai kiffé !, s'est réjouit Aymoz. Le triple Salchow, ça devait être un +quad+, mais en l'air, quand j'ai vu que ça ne montait pas, je me suis dit: +Ne fais pas les quatre tours pour tomber. Tu ne vises pas de médaille Kevin, ne tentes pas de folie !+. Le but aujourd'hui, c'était de faire propre."
"Globalement c'était bien, je me suis éclaté à patiner ce programme, pour moi c'était l'essentiel", a estimé Siao Him Fa, passé par la frayeur et l'isolement - 36 heures environ - d'un test positif au Covid-19 à son arrivée dans la capitale chinoise.
Il faut remonter près d'un siècle en arrière pour trouver la trace du seul patineur à avoir été sacré champion olympique trois fois d'affilée. Il s'agit du Suédois Gillis Grasfström entre 1920 et 1928.
F.Dubois--JdB