Journal De Bruxelles - Tennis: de Sciences Po à Wimbledon, Harmony Tan trace sa route

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Tennis: de Sciences Po à Wimbledon, Harmony Tan trace sa route
Tennis: de Sciences Po à Wimbledon, Harmony Tan trace sa route / Photo: SEBASTIEN BOZON - AFP

Tennis: de Sciences Po à Wimbledon, Harmony Tan trace sa route

Snobée par le système fédéral de détection, admise à Sciences Po, Harmony Tan ne se voyait plus d'avenir dans le tennis. Mais Nathalie Tauziat lui a rendu confiance et plaisir, lui permettant quelques années plus tard de se hisser en huitième de finale de Wimbledon.

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La joueuse aux origines cambodgiennes et vietnamiennes, née à Paris il y a 24 ans, avait quitté la Margaret Court Arena de Melbourne en pleurs en janvier au deuxième tour de l'Open d'Australie. Elle était sortie dans un fauteuil roulant en raison d'une insoutenable douleur au mollet qui l'avait poussée à abandonner avant la fin du troisième set contre Elina Svitolina.

Mais après une folle semaine à Wimbledon, le sourire ne s'efface quasiment plus de son visage, sur les courts comme en dehors.

Et il y a de quoi! Cent-quinzième mondiale, elle a gâché le retour surprise de la reine Serena Wliliams en la faisant plier au terme d'un combat épuisant tant physiquement que mentalement, au premier tour sur le mythique Centre Court où l'Américaine avait remporté 7 de ses 23 titres du Grand Chelem.

Puis elle a confirmé contre l'Espagnole Sara Sorribes, nettement mieux classée qu'elle (45e), et elle a enfoncé la Britannique Katie Boulter au classement équivalent (118e).

- Folle semaine -

Si bien qu'après une folle semaine, elle affrontera l'Américaine Amanda Anisimova (25e) pour une place en quart de finale du plus prestigieux des tournois, auquel elle participe pour la première fois.

Pourtant, tout ça aurait pu ne pas arriver sans une rencontre quasiment inespérée avec l'ancienne joueuse Nathalie Tauziat.

Car le jeu de variations de longueur, de hauteur, d'intensité pour déstabiliser l'adversaire développé par la jeune Harmony Tan n'avait convaincu personne à la détection fédérale.

"Ca m'a fait énormément douter", raconte-t-elle aujourd'hui. "Quand j'avais 16 ans, j'ai eu mon bac et j'ai voulu reprendre mes études. J'ai passé le concours de Sciences Po Paris et j'ai été acceptée. Et puis j'ai réfléchi un petit peu, je me suis laissé deux ans pour voir ce que ça donnait. Et comme je commençais à un peu mieux jouer à ce moment-là, j'ai continué".

La raison de ce "mieux" est la présence à ses côtés de Tauziat, ex-N.1 française, finaliste à Wimbledon et l'US Open.

"J'étais un peu dans le flou, c'était la période où je voulais reprendre mes études. Ma mère (journaliste, ndlr) a essayé d'avoir des numéros d'entraîneurs et elle est tombée sur celui de Nathalie. On l'avait appelée, elle nous avait répondu et rien que ça c'était énorme! Elle nous avait dit de venir la voir chez elle dans le Sud-Ouest. On a pris la voiture le soir même, on a fait sept heures de voiture, et on a commencé: on a fait dix jours d'entraînement, c'était incroyable", raconte Tan.

- Coach de stars -

Depuis quelques mois, un coach de stars s'est greffé à sa structure: Sam Sumyk, qui a entraîné notamment Victoria Azarenka et Garbine Muguruza.

"Il m'apporte énormément sur la façon dont je dois encore évoluer parce qu'il travaille beaucoup mon jeu vers l'avant, pour être plus agressive parce que je suis vachement défensive de base. Il m'a fait comprendre que si je continuais à défendre comme ça tout le temps, je ne pourrais pas aller au plus haut niveau comme il l'espère", explique la joueuse.

Le coach français a expliqué au site Tennis Majors que Tan était "capable de tout faire" avec son tennis "tout en sensations et en touché". L'objectif, a-t-il ajouté, est de le faire évoluer pour "essayer de plus dicter le jeu".

Ce jeu, qui avait failli coûter sa carrière à Tan, a donc fait des étincelles cette semaine à Wimbledon.

"Toute autre adversaire aurait vraisemblablement mieux convenu à mon jeu", avait analysé Serena Williams après sa défaite.

Quant à Katie Boulter, quasiment humiliée devant son public, "je crois qu'elle n'aime pas mon jeu", a commenté Tan.

Reste à gérer le côté émotionnel pour une joueuse qui ne joue que son septième tournoi du Grand Chelem (dont quatre à Roland-Garros), et qui n'avait encore jamais franchi le deuxième tour.

"C'est le premier match (contre Serena Williams sur le Centre Court, ndlr) qui était vraiment émotionnel. Après, je suis vite descendue. J'étais +focus+ sur chaque match", assure-t-elle avec néanmoins une pointe d'émotion dans la voix et l'oeil.

"Je suis émue de mon parcours".

S.Vandenberghe--JdB