

Pogacar-Van der Poel, la revanche à Roubaix ?
Après le Monument d'anthologie remporté par Mathieu van der Poel face à Tadej Pogacar à Milan-Sanremo, les deux hommes vont se retrouver très rapidement sur les classiques flandriennes et, qui sait, peut-être même à Paris-Roubaix.
La poussière à peine retombée, les deux champions, qui ont offert un spectacle magnifique samedi sur la Primavera, remontent sur le ring dès vendredi lors du Grand Prix E3 à Harelbeke, en Flandre-Occidentale.
Mais c'est surtout le Tour des Flandres, le 6 avril, qui aimante déjà tous les regards pour un nouveau duel annoncé entre le champion du monde en titre (Pogacar) et le précédent porteur du maillot arc-en-ciel (Van der Poel), les deux meilleurs coureurs de classiques de leur génération, Pogacar étant en plus le plus fort sur les grands Tours.
"J'ai essayé de suivre deux dieux du cyclisme aujourd'hui", expliquait samedi l'Italien Filippo Ganna, deuxième derrière Van der Poel mais devant Pogacar, en estimant avoir "perdu dix ans d'espérance de vie" dans l'affaire.
Samedi, le Néerlandais a égalisé à sept victoires partout avec le Slovène dans les Monuments, rejoignant trois gloires du passé, Fabian Cancellara, Tom Boonen et Gino Bartali. Le Tour des Flandres sera l'occasion pour Pogacar ou Van der Poel de reprendre l'avantage.
- "Roubaix ? Je ne peux pas dire" -
En 2023, Pogacar avait dominé Van der Poel sur les pavés du "Ronde" après une démonstration dans le Vieux Quaremont, avant de faire l'impasse l'an dernier, ce dont a profité "MVDP".
Et le Néerlandais s'attend à un nouveau gros combat sur un terrain qui correspond davantage à son rival que celui de Sanremo.
"Le Tour des Flandres est beaucoup plus difficile que Milan-Sanremo et il aura plus d'occasions et de montées pour essayer de me larguer. J'ai vu il y a deux ans à quel point il était fort sur cette course et je sais que ce sera difficile de le battre."
Pogacar, qui adore l'ambiance incandescente de la quinzaine sainte flandrienne, attend le rendez-vous avec impatience.
Le prolongera-t-il par une première participation à Paris-Roubaix le dimanche suivant ?
Le fantasme a été réveillé en février lorsqu'il a publié sur Instagram une vidéo le montrant en reconnaissance dans la trouée d'Arenberg, secteur pavé mythique de l'Enfer du nord.
Depuis, il entretient le mystère.
"Je ne peux pas dire", a-t-il lâché rapidement samedi soir.
La décision pourrait intervenir rapidement.
Le manager de son équipe, Mauro Gianetti, n'est pas pour. Il redoute les risques de l'Enfer du Nord pour son coureur qui touche un salaire estimé à huit millions d'euros par an et dont la priorité absolue reste le Tour de France.
- "Gagner le plus possible" -
"Une mauvaise chute pourrait remettre en cause le Tour de France et peut-être même toute la saison. Il a encore du temps dans sa carrière pour courir Paris-Roubaix", disait-il au soir des Strade Bianche où Pogacar venait justement de chuter avant de s'imposer, ce qui n'a évidemment pas rassuré son équipe.
Mais l'envie de Tadej de goûter à la Reine des classiques est très forte, concède-t-on dans l'encadrement d'UAE.
Quoiqu'il en soit, Van der Poel, double vainqueur sortant à Roubaix, estime que le Slovène a l'étoffe pour s'imposer à Roubaix où Ganna sera aussi à surveiller de près.
"Il a montré lors de l'étape des pavés sur le Tour de France (en 2022) qu'il était très fort sur les pavés. C'est sûr qu'il peut gagner Roubaix. Ca ne sera pas facile mais ça ne l'est pour personne."
Pour les deux autres Monuments du calendrier, Liège-Bastogne-Liège (le 27 avril) et le Tour de Lombardie (le 11 octobre), tracés pour des grimpeurs, le puissant "MVDP" ne se fait aucune illusion.
"C'est impossible pour moi de battre Tadej et Remco (Evenepoel) dans ces courses", dit-il avant de se reprendre un peu. "Peut-être pas impossible mais il faudrait que j'ai beaucoup de chance. Alors je préfère me concentrer sur les courses qui me conviennent le mieux pour en gagner le plus possible."
Et ça continue dès la semaine prochaine, en Belgique.
D.Verheyen--JdB