

Les Bleus deviennent de véritables influenceurs mode
De la jupe plissée de Jules Koundé à la cagoule pistache fluo d'Ibrahima Konaté, les mini-défilés des Bleus à Clairefontaine sont décortiqués par un public fan de vêtements bien plus large que celui du football, et propulsent certains joueurs au rang d'influenceurs mode.
GQ, Paris Match, Gala... D'autres titres que les médias sportifs se sont accrédités pour l'arrivée des Bleus lundi en vue du quart de finale de Ligue des nations contre la Croatie (20 et 23 mars).
"C'est un moment clef pour nous", explique le chef de la rubrique style à GQ France Adrien Communier, qui chaque fois commente et note les tenues des internationaux. "Ca marche bien car ce sont des personnages identifiés dans la culture populaire".
"Nous, à un rassemblement on ne veut pas que les joueurs s'habillent normalement", s'amuse en direct un des animateurs de la chaîne web caminotv qui commente en direct l'arrivée des Bleus.
"Plein d'amis travaillent dans la mode, ne suivent pas le foot, mais regardent ce petit défilé", raconte Maï Jarach, jeune styliste de 21 ans qui créé notamment des tenues à partir de vieux maillots de foot.
"La fois où Jules Koundé a mis une jupe, il a eu un vrai impact", poursuit-elle. "Depuis je vois sur des hommes des jupes sur pantalon dans la rue. Il donne le feu vert: +Si un joueur de haut niveau, peut le faire, pourquoi pas moi?+"
- "Impact énorme" -
"Ça fait parler, je le vois sur les réseaux sociaux, même les médias classiques s'y intéressent", note l'arrière du FC Barcelone. "C'est cool, c'est aussi une petite compétition entre nous. Je trouve ça sain. Je prends du plaisir à le faire, je me sens bien dans mes vêtements".
Maï Jarach note que "les marques ont vu que l'arrivée à Clairefontaine avait un impact énorme sur les réseaux, qu'il y avait de nouveaux clients. Le foot est le sport le plus regardé de France".
Pour Frank Hocquemiller, conseiller image des frères Théo et Lucas Hernandez, "tous les deux passionnés par la mode", cet instant fashion "met en avant des créateurs français".
"Si Théo fait ses choix de son côté, des grandes marques de luxe nous ont contactés pour Lucas (non sélectionné pour la Croatie, NDLR), Vuitton, Prada, Hermès... Il est aussi lié à son équipementier Nike qui aime bien le mettre en avant avec ses tenues très fashion", poursuit le conseiller.
Avec toute cette attention, "les joueurs deviennent des influenceurs", développe Marie-Laure Gutton, commissaire de l'exposition "Mode en mouvement" au Palais Galliera à Paris.
"Ce n'est pas un phénomène si nouveau", note-t-elle, citant "la joueuse de tennis des années 1920 Suzanne Lenglen, devenue une égérie" pour ses tenues créées par le couturier Jean Patou. Mais l'impact a explosé avec "les réseaux sociaux et la place que prennent les footballeurs dans les médias".
- "Very important clients" -
"Ces vêtements de luxe ne sont pas forcément accessibles à tout l'auditoire de ces joueurs, mais ça peut inspirer, ça peut donner envie de se looker différemment, avec des pièces approchantes de marques plus accessibles", ajoute-t-elle.
Koundé "montre qu'on peut sortir de la figure du footballeur en uniforme masculin stéréotypé: soit en costume pour une cérémonie de remise de trophées, soit en short, t-shirt et crampons pour le stade", complète Marie-Laure Gutton.
Certains collaborent même avec des créateurs pour créer leur collection, comme Kingsley Coman avec "CHMPS ?! PARISSE" et Koundé avec "HFP".
Les footeux ne sont pas encore dans la catégorie VIP mais "plutôt des VIC, les very important clients. Des représentants de la marque parce qu'ils en sont consommateurs", nuance Adrien Communier.
Tout ce mouvement vient des fameux "tunnel fits" de la NBA, les tenues extravagantes des basketteurs. Cependant, dans le sport US, "certains rétropédalent", remarque le journaliste de GQ France, "comme le basketteur Kyle Kuzma, pourtant un des plus observés. Il estime que c'est devenu trop mercantile, qu'il n'y a plus de vrai style personnel. Désormais il arrive en jogging standard noir ou gris".
Mais, conclut Adrien Communier, les joueurs de l'équipe de France, "même s'il y a déjà des partenariats avec des marques, réussissent à conserver quelque chose de très naturel. Ça reste un terrain de jeu pour eux".
W.Wouters--JdB