

Ligue des champions: Lille face à Dortmund et à sa propre histoire
Un succès pour l'histoire ? Après son match nul (1-1) à Dortmund, Lille rejoindra pour la première fois les quarts de finale de la Ligue des champions en cas de victoire à domicile contre le club allemand mercredi (18h45).
Dans le Westfalenstadion et son immense Südtribune, vague jaune et noire capable d'engloutir tout adversaire, le Losc a d'abord tangué puis dompté la houle pour obtenir le droit de croire aux quarts.
Il n'en a jamais été aussi proche, après quatre défaites en autant de huitièmes de finale disputés contre Manchester United (1-0 deux fois) en 2007 et face à Chelsea (2-0, 2-1) en 2022.
Mais il est crucial de se délester du poids de l'histoire et de la perspective vertigineuse d'en écrire une page, selon l'entraîneur Bruno Genesio: "C'est un des dangers qui nous guettent: penser à ça avant de penser au match, au jeu. Il faut simplement se concentrer sur ce qu'on a à faire pour atteindre cet objectif. Et quand on l'aura atteint, on aura le temps de savourer et de parler de tout ça."
Lille pourra compter sur le soutien du Stade Pierre-Mauroy et ses quelque 48.000 spectateurs. L'enceinte de la banlieue lilloise ne résonne jamais autant que lors des soirées européennes, comme le quart de finale retour de la Ligue conférence contre Aston Villa la saison dernière, où les Dogues avaient dû jeter les armes dans une arène bouillante.
Pour l'occasion, les ultras du club ont demandé aux supporters de se vêtir de rouge pour former un autre mur, plus impressionnant et solide encore que celui du BVB.
- Crise à Dortmund -
Sur le terrain, les joueurs de Bruno Genesio ont assuré un succès précieux dans ce même stade contre Montpellier (1-0) samedi pour entretenir leur bonne dynamique. Tout le contraire du club de la Ruhr, qui a perdu à domicile contre Augsbourg (1-0) un peu plus tôt dans l'après-midi, ce qui hypothèque les chances du dixième de Bundesliga de disputer la prochaine Ligue des champions.
De quoi accroître les tensions au sein du club et provoquer la colère de l'entraîneur Niko Kovac, pour qui "il n'y avait pas d'agressivité, pas d'intensité, pas de circulation de balle" de la part de ses joueurs, qui n'ont "pas créé d'occasions, de situations de but".
Mais la méforme des Allemands en championnat ne doit pas occulter "l'exploit" que constituerait un succès des Nordistes, selon leur gardien Lucas Chevalier. "On joue le dernier finaliste de la Ligue des champions, donc je ne pense pas qu'on soit favori, estime-t-il. Dortmund est en difficulté en Bundesliga, mais ça n'enlève rien à ses qualités. On sait très bien que dans le contexte de la Ligue des champions, les équipes affichent parfois des niveaux différents."
Bruno Genesio va même plus loin, rappelant qu'une crise "peut créer un sentiment de révolte et resserrer les rangs". "On sait toute la force des équipes allemandes dans ces moments-là: savoir se reconcentrer, se remobiliser sur un événement, prévient-il. On s'attend à un match disputé où il va falloir faire beaucoup de choses parfaitement pour l'emporter."
- Lille a "tout à gagner" -
Toutefois le résultat obtenu à Dortmund et les attentes qui accompagnent la stature du club allemand, vainqueur de la plus prestigieuse compétition européenne entre clubs (1997) et finaliste à deux reprises (2013, 2024), placent le club nordiste en position favorable, selon Lucas Chevalier: "C'est eux qui viennent avec plus de pression puisque le Losc, c'est le maximum qu'il a fait, les huitièmes. On a tout à gagner. C'est sûr qu'avec la performance qu'on a faite là-bas, ça nous laisse espérer."
Pour ce faire, les Lillois doivent s'appuyer sur leur deuxième période joueuse et emballante, tant dans la prise d'initiative que dans les courses et les passes, et éviter de reproduire leur premier acte où ils ont été trop attentistes.
A.Parmentier--JdB