

Athlétisme: la perchiste Marie-Julie Bonnin dans la cour des grandes
Forte d'une médaille de bronze européenne glanée samedi à Apeldoorn (Pays-Bas), la perchiste française Marie-Julie Bonnin n’a plus peur de dire qu’elle a sa place dans la cour des "grandes", grâce à une nouvelle régularité qui lui permet de flirter régulièrement avec le record de France, à 4,75 m.
D’emblée, la Bordelaise de 23 ans reconnaît qu’elle a encore des choses à apprendre.
"Je saute vraiment n’importe comment. Dès que j’arrive au-dessus de la barre, je lâche tout. Je n’ai plus d’appui sur ma perche, alors qu’il y a des centimètres à gratter", analyse-t-elle, avant de se reprendre: "On revient de très loin, il y a quand même du mieux quand on compare à il y a trois ans".
En août 2022 à Munich, Marie-Julie Bonnin établissait son record personnel, 4,55 m, avant d'enchaîner les pépins physiques. "J’ai eu un déclic à Sotteville (Seine-Maritime) en juillet où je saute à 4,70 m", raconte la Bordelaise de 23 ans.
Puis les JO de Paris, où Bonnin se hisse jusqu’en finale. Au Stade de France, elle sautera à 4,60 m et finit 11e du concours sur 20 perchistes.
Depuis, elle enchaîne les sauts aux mêmes hauteurs, voire plus haut comme aux championnats de France à Miramas en février, à 4,71 m.
"Chaque saison, je me blessais H-24, et ça m'empêchait de progresser, de tenter des choses", raconte-t-elle. "Aujourd’hui je ne me blesse plus, je suis beaucoup plus professionnelle. Je m'étire mieux, je mange mieux, je dors mieux, je peux courir, sprinter. Et ça se traduit avec les performances".
La jeune perchiste ne se cache pas, elle veut battre le record de France à 4,75 m établi par Ninon Chapelle à Monaco en juillet 2018.
"A chaque concours, j’ai envie de le battre, je viens avec les crocs. Cette saison, je ne sais même plus combien de fois je m’y suis attaquée", abonde Bonnin.
- "Ca reste un braquage" -
Une ambition qui frôle parfois l’obsession : "A partir d’un moment, ça crée une espèce de croyance autour du record de France alors que je pense que je peux le passer et sauter bien au-delà", prédit-elle.
Il faudra encore un peu de patience avant d'aller titiller le record d'Europe (et du monde) à 5,06 m détenu par la Russe Yelena Isinbayeva depuis 2009.
Aux Euro en salle à Apeldoorn, "MJ" est arrivée avec la troisième performance des engagées. De quoi changer le regard de ses concurrentes sur la perchiste qui monte ?
"Aucune rivalité, vraiment. Mais avec les autres athlètes, je sens qu’il y a un peu plus de connexion. J’ai l’impression de passer plus de temps avec elle. Avant je devais jouer ma vie pour la qualif", explique-t-elle.
Malgré ce nouveau statut, Marie-Julie Bonnin garde une certaine candeur, de toujours être la petite à côté des géantes de la perche.
"Si je prends une médaille, ça reste un braquage dans le sens où c’est la première fois que j'arrive avec un niveau, le niveau des grandes. Mais cette nouvelle régularité me permet de dire que ça serait même normal", rêvait-elle mercredi avant la compétition.
C’est donc logiquement que la perchiste a décroché samedi soir aux Pays-Bas sa première médaille continentale chez les Bleus, comme une grande.
S.Lambert--JdB