Vendée Globe: Beyou et Meilhat, deux marins fiers et fatigués à l'arrivée
Usés par une météo impitoyable ces derniers jours, les skippers Jérémie Beyou (Charal) et Paul Meilhat (Biotherm) ont pris vendredi aux Sables-d'Olonne les 4e et 5e places du Vendée Globe, fiers d'avoir bouclé un tour du monde au niveau extrêmement relevé selon eux.
Beyou, 48 ans, a franchi la ligne dans la nuit à 01h58 au terme de 74 jours 12 heures 56 minutes de course, soit dix jours de plus que le vainqueur, Charlie Dalin. Mais la satisfaction était tout de même au rendez-vous pour ce triple vainqueur de la Solitaire du Figaro.
"Il y a des quatrièmes places qui sonnent comme des défaites mais celle-là sonne plutôt comme une victoire, j'en suis très fier", a-t-il déclaré les traits tirés et les yeux rougis par l'émotion, une fois les pieds sur la terre ferme.
Annoncé comme l'un des favoris mais décroché par les leaders qui ont mieux négocié une violente tempête au beau milieu de l'océan Indien, il a bouclé vendredi au pied du podium son troisième Vendée Globe consécutif, après deux abandons lors de ses deux premières tentatives.
"L'arrivée a été à l'image de tout le reste de la course, elle n'était pas simple. Il y avait 40 noeuds de vent à 10 milles de la ligne. Mais quand c'est dur, tu es encore plus satisfait de ce que tu as fait", a commenté Beyou.
- Chenal animé -
Son premier poursuivant, Paul Meilhat (Biotherm), a mis dix heures supplémentaire à passer la ligne, dans des conditions toujours aussi agitées: trois mètres de creux et des rafales violentes.
"Ces derniers jours, je me suis battu. Je n'ai pas dormi. Cette nuit, j'avais 40 noeuds et ce qui arrivait derrière était encore plus costaud. Cela pouvait très bien ne pas passer", a-t-il expliqué, soulagé.
Les deux marins ont remonté le chenal des Sables-d'Olonne l'un après l'autre à la mi-journée, allumant des fumigènes et levant les bras devant des centaines de personnes réunies pour les accueillir.
"Cette cinquième place, c'est la meilleure place que je pouvais espérer ! Je n’ai aucune frustration. Il y avait un tel niveau de concurrence sur ce Vendée Globe ! Il a fallu batailler et je me suis accroché pour rester dans le bon wagon", a ajouté Meilhat.
Lui aussi a été malmené une bonne partie de la course par la météo, comme tout le groupe de poursuivants. Son succès avait toutefois une saveur particulière après un abandon en plein Pacifique en 2016, alors qu'il occupait la troisième place.
- "Tous des champions" -
"Tous les mecs autour de moi, ceux qui sont déjà arrivés et ceux de derrière, sont des champions, des vainqueurs ou de multiples vainqueurs de la Solitaire du Figaro. Alors la valeur sportive, elle est vraiment très forte", a-t-il estimé.
Une flopée d'arrivées est prévue ce week-end en Vendée. Nicolas Lunven (Holcim-PRB) est attendu dans la nuit de vendredi à samedi, suivie dans la foulée de Thomas Ruyant (Vulnerable) et de la première femme du classement, Justine Mettraux (Teamwork - Team Snef).
Tous trois avaient encore des heures de navigation cruciales devant eux en raison d'une tempête appelée à se renforcer. "Ça envoie pas mal (...) J’aurais bien aimé une fin un peu plus tranquille, mais c’est comme ça depuis le début", a dit Ruyant, fatigué.
La 10e édition de la course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance a été remportée par Charlie Dalin le 14 janvier, nouveau record en 64 jours 19 heures 22 minutes 49 secondes à la clé.
E.Goossens--JdB