Foot/dopage: la suspension de Paul Pogba réduite à 18 mois, le joueur salue la fin d'un "cauchemar"
"Le cauchemar est terminé": le Tribunal arbitral du sport (TAS) a ramené vendredi de quatre ans à 18 mois la suspension pour dopage de Paul Pogba, qui pourra rejouer en mars après avoir vu sa carrière sérieusement menacée d'une fin anticipée.
"Je vous confirme la décision: 18 mois de suspension à compter du 11 septembre 2023. La décision est rendue sans les motifs, qui suivront plus tard", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la juridiction internationale, que le champion du monde 2018 avait saisie en appel.
Sous contrat avec la Juventus Turin jusqu'en 2026, l'international français (91 sélections, 11 buts), qui aura 32 ans le 15 mars prochain, sera donc autorisé à reprendre la compétition dès le 11 mars.
"Enfin, le cauchemar est terminé (...) Cette période a été extrêmement éprouvante pour moi, car tout ce pour quoi j'ai travaillé si dur a été mis en suspens", a réagi vendredi Paul Pogba dans un communiqué, à la suite de la décision du TAS.
"J'ai toujours affirmé que je n'avais jamais enfreint consciemment les règlements de l'AMA (Agence mondiale antidopage, ndlr) lorsque j'ai pris un complément nutritionnel qui m'avait été prescrit par un médecin, et qui n'affecte ni n'améliore la performance des athlètes masculins", a-t-il ajouté, affirmant avoir toujours joué avec "intégrité".
Vendredi soir, Paul Pogba avait publié sur son compte Instagram une photo en gros plan de deux pieds portant des chaussures de foot signées "Pogba" avec des chaussettes à ses initiales ornées du drapeau de la France et des deux étoiles de championne du monde.
Contrôlé positif à la testostérone en août 2023 à l'occasion d'un match entre la Juventus et l'Udinese auquel il n'avait pas participé et suspendu provisoirement le mois suivant, Paul Pogba avait été suspendu pour quatre ans le 29 février dernier par le tribunal antidopage italien.
"Je suis triste, choqué et navré que tout ce que j'ai construit au cours de ma carrière de joueur professionnel m'ait été retiré", ajoutait-il. "Lorsque je serai libéré des restrictions légales, toute l'histoire deviendra claire, mais je n'ai jamais pris sciemment ou délibérément des suppléments qui violeraient les réglementations antidopage."
Pour expliquer ce contrôle antidopage positif, son entourage avait avancé la thèse d'une contamination accidentelle via un complément alimentaire prescrit par un médecin consulté aux Etats-Unis.
La testostérone, hormone de la fertilité et de la sexualité masculine, favorise le développement musculaire.
- "Combat" -
Le contrôle positif d'août 2023 a eu l'effet d'un coup de massue sur un joueur qui traversait alors depuis plusieurs mois une période très compliquée, émaillée de blessures et d'affaires extra-sportives. Les quatre ans de suspension ont sonné quelques mois plus tard comme une fin de carrière anticipée.
"Je n'imagine pas un seul instant que Paul ait eu l'intention, la volonté de se doper", avait alors commenté le sélectionneur des Bleus, Didier Deschamps. "Paul va devoir mener un nouveau combat pour se défendre, devant le Tribunal arbitral du sport et convaincre les juges qu'il n'a pas pris sciemment des produits interdits", avait-il enchaîné, se disant dans l'incapacité de "rester insensible à sa peine, compte tenu de tout ce qu'il a réalisé en sélection et des relations que nous avons nouées en équipe de France".
En Italie, Massimiliano Allegri, alors entraîneur de la Juve, avait jugé que le football perdait avec lui "un joueur extraordinaire" tandis qu'Adrien Rabiot, son équipier en sélection et en club -- il évolue aujourd'hui à Marseille --, avait jugé la sanction "démesurée".
Grand artisan du titre mondial décroché par les Bleus en Russie en 2018, star du football mondial, "La Pioche" avait vu sa cote décliner au fil d'une litanie de malheurs sur et en dehors des stades.
Lors de la saison 2022-23, il n'avait fait que dix apparitions sous le maillot de la Juve, en raison notamment d'une blessure au ménisque du genou droit et, la mort dans l'âme, avait dû accepter une opération le privant du Mondial au Qatar, où l'équipe de France a échoué en finale face à l'Argentine en décembre 2022.
Le joueur a également été victime d'une retentissante affaire d'extorsion de fonds en bande organisée, pour laquelle six hommes dont son frère Mathias ont été renvoyés en septembre devant le tribunal correctionnel de Paris.
La décision du TAS lui redonne un possible avenir sportif au terme d'une semaine qui avait débuté par la décision surprise d'Antoine Griezmann, son compère de l'épopée russe, de renoncer à l'équipe de France.
O.Leclercq--JdB