Journal De Bruxelles - JO-2024: Sérignan, inattendu tremplin pour le BMX Freestyle français

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JO-2024: Sérignan, inattendu tremplin pour le BMX Freestyle français
JO-2024: Sérignan, inattendu tremplin pour le BMX Freestyle français / Photo: Attila KISBENEDEK - AFP/Archives

JO-2024: Sérignan, inattendu tremplin pour le BMX Freestyle français

Porte-drapeaux du BMX Freestyle tricolore, Anthony Jeanjean et Laury Pérez ont façonné leurs rêves olympiques au cœur d'une place forte iconoclaste, Sérignan, en proche banlieue de Béziers et en plein territoire de rugby.

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Comment ce sport urbain s'est-il implanté dans ce terroir ancré dans ses traditions de rugby et de taureau, loin de la métropole cosmopolite de Montpellier et de son festival international de sports extrêmes (FISE) ? Comment en 2012, les pouvoirs publics de ce village de 8.000 habitants ont-ils construit un premier skatepark en lieu et place du terrain de rugby Raoul Ferré ?

Peut-être par la passion d'un homme épris de bosses, de partage et de sensations fortes sur son vélo, Vincent Massardier et son âme de pionnier.

"A l'époque, le BMX n'était pas reconnu comme aujourd'hui. Avec mon père, on a soumis un projet en 2012 pour construire un premier skatepark. Quand on l'a monté sur un terrain de rugby que l'on a rasé, les gens m'ont pris pour un fou. Puis les jeunes ont arrêté le rugby pour faire du BMX. On a démontré que l'on était un sport cadré, avec des valeurs", raconte ce quadragénaire à l'origine du club Passion BMX.

L'histoire commence en fait quelques années plus tôt. En 1998, alors que la France du foot célèbre son premier titre de champion du monde, Vincent Massardier, alors adolescent, sillonne les bords de l'Orb, le petit fleuve qui traverse Béziers, s'éclate sur un petit vélo, et séduit d'autres jeunes par ses acrobaties.

- Auxerre contre le Qatar -

"On a créé un champ de bosses. Avec mes copains, dès l'âge de 11 ans, on a mis des coups de pelle pour faire évoluer le site durant une dizaine d'années et susciter l'engouement, avant de présenter notre projet au maire", se souvient-il.

Au cours de ces années, il croise Anthony Jeanjean, actuel numéro 1 mondial de BMX Freestyle et triple champion d'Europe. "On a eu la chance d'avoir avec Anthony un sportif de très haut niveau, une sorte d'autodidacte surdoué qui n'avait besoin de personne", ajoute Massardier.

Grâce à la notoriété de l'un et à la persévérance de l'autre, Passion BMX, où s'entraîne aussi la meilleure Française Laury Pérez, ne cesse à partir de 2012 de se développer, malgré la création d'un pôle France à Montpellier.

"On se bat avec les moyens du bord, un peu comme Auxerre au football contre les Qataris. Depuis quelques semaines, on a doublé la surface du skatepark, avec des modules qui répondent aux critères de l'UCI. On pourrait organiser une étape de Coupe du monde. Anthony et Laury peuvent se préparer dans de bonnes conditions. D'autres jeunes vont suivre", explique le président Damien Jullian.

- Talents et infrastructures -

Les structures sont là, la compétence des hommes aussi. Sérignan s'appuie en effet désormais sur l'entraîneur national Jean-Baptiste Peytavit pour fidéliser les meilleurs athlètes.

"On a les talents en France depuis longtemps, mais on n'avait pas les infrastructures. Sans ça, on ne peut pas faire grand-chose. On ressentait un sentiment d'injustice au regard des moyens dont disposaient les autres", explique Anthony Jeanjean.

"Mais la France a mis beaucoup de moyens en place depuis que le BMX a sa place aux JO. Elle est prise au sérieux et figure désormais dans le Top 3 mondial", assure-t-il.

"A Sérignan, les infrastructures ont changé. Avant, je partais dans les bois, je faisais des bosses tout seul. Avec les structures, cela change beaucoup de choses, d'autant qu'on a aussi des entraîneurs. Tout ce qui se passe en Occitanie et en France est positif, on est sur la bonne voie, le niveau s'élève", ajoute le N.1 mondial.

Le site de Sérignan réunit donc à peu près tout. "Pour leurs objectifs de performance, c'est le fonctionnement optimal", confirmait ainsi lors du dernier FISE Jean-Baptiste Peytavit. Tout est là, il ne manque que les médailles.

R.Michel--JdB