Mondiaux de patinage: le retour en grâce de James, Uno en pole sans Chen et Hanyu
Trois ans après l'or européen pour la France et la fin précipitée de son association avec Morgan Ciprès, Vanessa James, qui patine désormais pour le Canada avec Eric Radford, s'est offert du bronze aux Championnats du monde de patinage artistique, jeudi à Montpellier.
Côté hommes, Nathan Chen et Yuzuru Hanyu, blessés et absents, le double médaillé olympique Shoma Uno a pris la tête d'un podium provisoirement 100% japonais à l'issue du programme court plus tôt dans la journée.
Devant la nouvelle paire canadienne, 34 ans pour James et 37 ans pour Radford, les Américains Alexa Knierim et Brandon Frazier ont su parfaitement profiter de l'espace laissé vacant par l'exclusion des Russes en réponse à l'invasion de l'Ukraine, et l'absence des champions olympiques chinois: en l'absence du top 5 des JO-2022, eux, sixièmes à Pékin en février, se sont invités sur la plus haute marche du podium.
Vainqueurs avec 221,09 points, ils ont pourtant dû patiner juste après l'évacuation de la glace en pleine prestation après trois chutes de leur compatriote Ashley Cain-Gribble, associée à Timothy Leduc.
Les Japonais Riku Miura et Ryuichi Kihara sont eux médaillés d'argent (199,55).
- Evacuation après trois chutes -
L'histoire est belle pour James. Contrainte à précipiter l'arrêt de sa carrière après la mise en cause fin 2019 de son précédent partenaire, Morgan Ciprès, dans l'envoi de photos obscènes à une jeune patineuse de treize ans qui fréquentait la patinoire de Floride où ils s'entraînaient depuis 2017, elle a finalement décidé de rechausser sérieusement les patins il y a un an. A Montréal, aux côtés de Radford (37 ans), lui alors retraité depuis 2018 après deux titres de champion du monde (2015 et 2016) et du bronze olympique en 2018 avec Meagan Duhamel.
"Ce n'était pas une décision choisie (d'arrêter) et j'aspirais à finir ma carrière avec une médaille à Montpellier, alors j'apprécie d'avoir l'occasion de le faire", déclarait-elle à l'AFP il y a quelques mois. Elle ne pensait pas si bien dire.
Depuis le début de cet hiver olympique, James patine ainsi pour le Canada, le pays où elle est née. Et la voilà de nouveau sur un podium mondial après moins d'une dizaine de compétitions avec Radford. En bronze (197,32), comme en 2018, alors avec Ciprès.
L'histoire, en revanche, est dramatique pour Ashley Cain-Gribble et Timothy Leduc, deuxièmes après le programme court mais stoppés en plein programme libre quand la patineuse a chuté pour la troisième fois et n'a pas pu poursuivre. D'abord restée sur la glace, puis regard dans le vide quand son partenaire l'a aidée à se relever, l'Américaine de 26 ans a été évacuée sur une civière. Aucune information sur son état de santé n'a encore été communiquée.
- Trio japonais -
Dans la compétition hommes, sans Chen, sacré champion olympique en février et triple champion du monde sortant, souffrant d'une mystérieuse "blessure persistante", ni Hanyu, cheville droite toujours récalcitrante, Uno, impérial sur ses sauts, mène la danse avec 109,63 points, record personnel amélioré de près de quatre points. Yuma Kagiyama (18 ans), récent vice-champion olympique, suit avec 105,69 points, et Kazuki Tomono (23 ans) avec 101,12 points.
Habitué des podiums internationaux depuis 2017 (argent et bronze olympiques en 2018 et 2022, argent mondial en 2017 et 2018) mais encore jamais monté sur la plus haute marche, Uno est désormais à portée d'un premier or mondial, à 24 ans.
La progression du jour est à mettre au crédit du jeune Américain Ilia Malinin : à 17 ans et pour ses premiers Mondiaux, il a fait bondir son record personnel de près de vingt points, juste au dessus des cent points (100,16 contre 81,31) pour se faire une place au pied du podium.
Côté français, sourire sur le visage d'Adam Siao Him Fa, et franc dépit sur celui de Kevin Aymoz.
Pour ses premiers Mondiaux, après sa 14e place aux JO-2022, le premier s'est classé dixième avec un nouveau record personnel (90,97) au bout d'une prestation aboutie sur le thème de "Star Wars".
"Le fait que ce soit en France, ça m'a donné un coup de boost", a-t-il expliqué.
Le second, lui, n'avait pas d'explication à son triple axel qui s'est transformé en simple, et l'a relégué au quinzième rang (85,26 points).
"Je n'étais pas stressé, tout allait bien, je me suis préparé tellement dur pendant quatre semaines... Le triple axel, je sais le faire les yeux fermés, je suis très en colère", a-t-il lâché.
Seul Ukrainien engagé dans la catégorie, Ivan Shmuratko, qui vient de Kiev, s'est qualifié pour le programme libre en 22e position (73,99).
S'il a mis trois jours à rejoindre Montpellier, "le mot difficile, ça ne décrit aucune situation ici", a-t-il insisté. "Patiner, ce n'est pas difficile. Ce qui est difficile, c'est quand vos proches meurent sous les bombes."
D.Verstraete--JdB