Plus d'un cancer du poumon des non-fumeurs sur deux serait lié à la pollution atmosphérique
La pollution atmosphérique en particulier en Asie du sud-est, apparaît comme l'un des facteurs de la prédominance de l'adénocarcinome, devenu le type de cancer du poumon le plus fréquent dans le monde, notamment chez les non-fumeurs, selon une étude publiée mardi.
Avec environ 2,5 millions de personnes diagnostiquées en 2022, le cancer du poumon demeure le plus fréquent dans le monde. Si la majorité des cas restent diagnostiqués chez les hommes (1,6 million), l'écart avec les femmes a tendance à se réduire (910.000 cas), note cette étude publiée dans la revue Lancet Respiratory Medicine à l'occasion de la Journée mondiale contre le cancer.
Parmi les quatre principaux sous-types de cancer du poumon, l'adénocarcinome est devenu prédominant chez les femmes dans 185 pays du monde et, chez les hommes, dans 150 pays (hormis ceux d'Europe de l'est et d'Asie de l'ouest), selon cette analyse de données issues notamment de l'agence pour le cancer de l'Organisation mondiale de la santé, le CIRC.
En 2022, il représentait ainsi près d'un cas de cancer du poumon sur deux chez les hommes (45,6%, soit 717.211 cas), et six sur dix (59,7%, soit 541.971 cas) chez les femmes, contre respectivement 39% et 57,1% estimés en 2020.
Il arrive ainsi loin devant les trois autres types: le carcinome épidermoïde (29,4%), le carcinome à petites cellules (11,5%), étroitement lié à la consommation de tabac, et le carcinome à grandes cellules (6,5%), plus rare.
Des changements dans la fabrication des cigarettes et dans les pratiques du tabagisme depuis les années 1950 ont pu jouer dans cette évolution.
Mais la prévalence du tabagisme continue de diminuer dans de nombreux pays, tandis que la proportion de cancers du poumon chez les non-fumeurs a augmenté, observent les chercheurs.
Le cancer du poumon chez les non-fumeurs est même devenu "la cinquième cause de mortalité liée au cancer dans le monde, se manifestant presque exclusivement sous forme d'adénocarcinome et le plus souvent chez les femmes et les populations asiatiques", souligne l'étude.
- Particules fines -
Après une série d'analyses, elle conclut que "la pollution de l'air peut être considérée comme un facteur important qui explique partiellement la prédominance croissante de l'adénocarcinome -lequel représente 53 à 70% des cas de cancer du poumon chez les non-fumeurs dans le monde".
Parmi les adénocarcinomes diagnostiqués en 2022, près de 200.000 étaient ainsi associés à la pollution de l'air ambiant par les particules fines: 114.486 cas chez les hommes et 80.378 cas chez les femmes, selon leur estimation.
Depuis 2019, environ 99% de la population mondiale vit dans les zones ne répondant pas aux critères de qualité de l'air de l'OMS, selon les chiffres de l'organisation.
Dans "certains pays à économie en transition rapide tels que la Chine, où une hausse constante des concentrations de particules fines dans la pollution atmosphérique a été observée, l'exposition aux combustibles utilisés pour le chauffage domestique et la cuisine pourrait expliquer la survenue de cancers du poumon chez les femmes", selon l'étude.
En effet, les incidences d'adénocarcinomes attribuables à la pollution atmosphérique les plus élevées ont été relevées en Asie de l'est, en particulier en Chine.
Si les auteurs appellent à interpréter leurs résultats avec prudence, compte tenu de certaines limites méthodologiques et de la disponibilité variable des données d'un pays à l'autre, ils estiment que leur étude souligne la nécessité d'une surveillance continue de l'évolution du risque de cancer du poumon.
Ils plaident pour la mise en place de registres du cancer et pour l'exploration du rôle de la pollution de l'air, là où le tabagisme n'est pas considéré comme la principale cause de cette maladie.
R.Vandevelde--JdB