Journal De Bruxelles - Pour les bébés, échanger sa salive est une preuve de proximité

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Pour les bébés, échanger sa salive est une preuve de proximité
Pour les bébés, échanger sa salive est une preuve de proximité

Pour les bébés, échanger sa salive est une preuve de proximité

Partager un cornet de glace avec quelqu'un peut paraître dégoûtant, sauf si c'est un parent, un conjoint ou son enfant: c'est aussi un moyen pour les bébés de savoir si deux personnes sont proches.

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Selon une étude publiée dans la revue Science, les enfants sont conscients de cette dynamique depuis leur plus jeune âge, et considèrent l'échange de salive - avec un baiser, un partage de nourriture ou en nettoyant la commissure des lèvres - comme une preuve de proximité entre deux individus.

"Nous savons par de nombreuses recherches que les bébés sont très sensibles à cet aspect social de leur monde, mais on ignorait s'ils faisaient vraiment attention aux différents types de relations", explique à l'AFP Ashley Thomas, chercheuse à Harvard et au MIT.

Avec ses collègues, elle souhaitait savoir si les enfants peuvent distinguer comme les adultes les relations entre des proches, appelées "épaisses" par le philosophe Avishai Margalit, au contraire des relations amicales plus éloignées ("fines").

L'équipe s'est inspirée d'expériences faites avec des singes qui, en entendant un jeune en détresse, se tournaient vers la mère en s'attendant à ce qu'elle réagisse.

Elle a fait voir à des dizaines de bébés un clip vidéo dans lequel deux jeunes assistantes de recherches jouent avec une marionnette ressemblant à celles de la série éducative "1, Rue Sésame".

La première mord dans un quartier d'orange, puis le donne à manger à la marionnette avant de manger le reste du quartier. La seconde se contente de jouer à la balle avec la marionnette.

"Les deux relations sont amicales mais une seule peut être considérée par des adultes comme une relation de proximité", explique Ashley Thomas.

- Créer des liens -

Puis l'équipe a montré aux bébés un clip dans lequel la marionnette pleure, entourée des deux jeunes scientifiques, étudiant vers laquelle ils se tournaient en premier et combien de temps.

Les bébés en ont aussi déduit que celle échangeant sa salive par l'orange était la plus proche de la marionnette.

Les deux assistantes, de groupes ethniques différents, ont joué les deux rôles devant des bébés issus d'origines et de milieux économiques divers.

Pour s'assurer que les enfants ne considèrent pas celle qui échange sa salive comme naturellement plus gentille, Ashley Thomas a fait une autre expérience avec une nouvelle marionnette en pleurs.

Les bébés n'ont pas regardé en premier l'assistante à l'orange, ni plus longtemps.

Enfin, dans une troisième vidéo, une actrice mettait un doigt et le tournait dans sa bouche puis dans celle de la marionnette, tandis que l'autre touchait son front puis celui de la marionnette.

Là encore, les bébés regardaient d'abord celle qui avait échangé sa salive, l'isolant comme un marqueur.

Ces conclusions viennent renforcer la compréhension scientifique sur la façon dont les enfants abordent les relations sociales, comme le fait que "les enfants portent leur attention aux gens qui sont gentils avec les autres", explique Ashley Thomas.

"Les bébés ne font pas seulement attention aux comportements des gens (...) mais aussi à leurs connexions et au niveau de celles-ci", dit-elle.

Ces hypothèses ont déjà été proposées par des anthropologues.

La compréhension des relations entre humains peut notamment aider ceux qui ont du mal à créer des liens, comme les personnes autistes.

"Elles veulent vraiment créer ces liens, mais il leur manque juste des outils pour le faire", souligne la scientifique.

R.Cornelis--JdB