Soudan: des milliers de manifestants dans la rue contre le pouvoir militaire
Des milliers de manifestants se sont mobilisés jeudi à travers le Soudan contre le pouvoir militaire, après l'arrestation de figures du pouvoir civil lors du coup d'Etat d'octobre.
Sous une nuée de drapeaux noir, blanc, rouge et vert du Soudan, les opposants au putsch ont défilé à Khartoum et dans sa banlieue nord-ouest, Omdourman, brandissant les portraits des 79 manifestants tués dans la répression depuis le coup d'Etat du général Abdel Fattah al-Burhane, le 25 octobre 2021.
"Ne fais pas confiance à l'armée, elle te trahira", ont-ils scandé. "La rue, elle, ne le fera jamais".
Les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes sur ceux qui tentaient de s'approcher du palais présidentiel, où siège le chef de l'armée, le général Burhane.
En soirée, alors que les manifestants se dispersaient, les forces de l'ordre ont de nouveau tiré du gaz lacrymogène en leur direction, selon des témoins.
"Les manifestations d'aujourd'hui préparent celles de lundi qui seront massives", a déclaré un militant, Roaa Bashir.
Tard jeudi, un homme a été écrasé par un camion qui a franchi des barricades mises en place par des manifestants dans l'Etat du Nord, ont rapporté des médecins prodémocratie. Ils ont imputé la responsabilité de cette mort aux autorités, qui ont selon eux laissé le véhicule passer.
La communauté internationale s'est une fois encore insurgée du retour mercredi en détention du porte-parole du gouvernement limogé lors du coup d'Etat. Khalid Omer Yousif a été interpellé par des officiers de police en pleine réunion des pro-civils au siège d'un parti d'opposition.
Avec lui, Wagdi Saleh, un porte-parole des Forces de la liberté et du changement (FLC), principal bloc politique civil du pays, a également été arrêté.
Les autorités ont détenu, plus ou moins brièvement, des centaines de politiciens, de journalistes, de militants, de manifestants ou même de simples passants dans leur répression qui ne faiblit pas, malgré les appels au dialogue.
Les militaires ont bien répondu aux invitations de l'ONU, de même que la société civile. Mais, régulièrement, le même scénario se répète: peu après une rencontre avec l'émissaire onusien Volker Perthes, des figures du bloc pro-civils sont arrêtées.
MM. Saleh et Youssef étaient ainsi la veille de leur arrestation dans les locaux des Nations unies.
Ces "détentions arbitraires (...) sapent les efforts pour un règlement de crise", ont répété mercredi la chargée d'affaires américaine Lucy Tamlyn et l'ambassadrice de Norvège Therese Loken Gheziel.
Si les appels de l'Occident au dialogue semblent ne pas rencontrer d'écho, le général Mohammed Hamdan Daglo, numéro 2 du pouvoir militaire, revient des Emirats arabes unis, l'un des pays ayant appelé au rétablissement du processus de transition vers un pouvoir civil.
H.Raes--JdB