

Le Pen: le RN lance sa contre-offensive en ciblant violemment les juges
Au lendemain du jugement choc contre Marine Le Pen qui, à ce stade, l'empêche de concourir à la présidentielle 2027, le RN a lancé mardi une violente contre-offensive en dénonçant la "tyrannie des juges" et une volonté "politique" de "l'éliminer", poussant l'un des plus hauts magistrats de France à sortir de sa réserve.
"Tout sera fait pour nous empêcher d'arriver au pouvoir", a accusé mardi sur Europe 1/Cnews le président du Rassemblement national Jordan Bardella, faisant un parallèle entre "le climat" en France et la Roumanie où un candidat d'extrême droite prorusse a été privé d'une victoire potentielle par l'annulation de l'élection présidentielle fin 2024.
Tout en "condamnant les menaces" à leur égard, M. Bardella a dénoncé "la tyrannie des juges", qualifiés de "rouges" car "on a le sentiment que ça se tourne souvent contre un camp politique", en référence aux affaires Fillon et Sarkozy.
L'Etat de droit "a été totalement violé" par "une décision politique", avait estimé Marine Le Pen lundi soir après sa condamnation à une peine immédiate de cinq ans d'inéligibilité dans l'affaire des assistants parlementaires européens.
"La décision a été rendue au terme d'un procès équitable, à la suite d'un débat contradictoire qui a duré deux mois, une instruction qui a duré des années", a réagi le magistrat.
- "pas d'autre scénario" -
Mais le RN refuse "de passer à autre chose" et va organiser ce week-end des distributions de tracts et des mobilisations qui seront "pacifiques" car "nous ne sommes pas des fachos", a promis Jordan Bardella.
Le parti refuse d'envisager un autre scénario qu'une décision plus clémente en appel "pour permettre à Marine Le Pen d'être notre candidate à l'élection présidentielle", a souligné mardi sur France 2 Sébastien Chenu, l'un des responsables du parti lepéniste.
Dauphin sur le papier, Jordan Bardella a juré de sa "loyauté" envers la triple candidate à la présidentielle: "Nous allons continuer à deux, en binôme, main dans la main, à avancer dans l'intérêt du pays".
Marine Le Pen a martelé lundi son intention de "ne pas se laisser éliminer" et réclamé un procès en appel rapide.
- Calendrier de l'appel -
Ce deuxième procès ne devrait pas se tenir, au minimum, avant un an, avec une décision plusieurs semaines plus tard.
Ce qui laisse une fenêtre de tir avant la présidentielle. "Techniquement, c'est probablement possible, c'est à examiner, à voir en fonction du calendrier judiciaire", a déclaré M. Heitz, ajoutant que les dates seraient connues "probablement assez vite".
Mais c'est sans garantie que la cour d'appel rende une décision différente de celle du tribunal.
Marine Le Pen a également écopé de quatre ans d'emprisonnement, dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique (elle n'ira pas en prison), et d'une amende de 100.000 euros.
Il a également considéré qu'il y avait bien eu un "système" entre 2004 et 2016 pour faire faire des "économies" au RN en payant avec l'argent du Parlement européen des assistants d'eurodéputés travaillant pour le parti.
Vingt-trois autres personnes ont été condamnées, ainsi que le FN devenu RN.
- soutiens à l'étranger -
Une décision critiquée à l'étranger par ce que Emmanuel Macron avait qualifié il y a quelques mois "d'internationale réactionnaire".
Après le Kremlin, le Hongrois Viktor Orban ou encore l'ex-président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro, Marine Le Pen a reçu le soutien de l'Italienne Giorgia Meloni, du milliardaire Elon Musk et de Donald Trump lui-même, comparant la condamnation de Marine Le Pen à ses propres déboires judiciaires.
Le jugement a aussi divisé la classe politique française. Le Premier ministre lui-même François Bayrou a fait connaître "son trouble". Pour Jean-Luc Mélenchon (LFI), "la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple". Laurent Wauquiez (LR) a regretté un fait "pas très sain dans une démocratie".
"Je trouve assez affolant de voir une partie de la droite et une partie, parfois aussi, de la gauche se mettre au secours de la contestation de la justice", a réagi le socialiste Olivier Faure. D'autant que "le RN n'est pas empêché. Il aura bel et bien un candidat en 2027, et vraisemblablement il fera à peu près le même score (que Marine Le Pen)", a-t-il remarqué sur RTL.
I.Servais--JdB