

Lutte contre l'immigration clandestine: plus de 40 pays réunis à Londres
Le Premier ministre britannique Keir Starmer accueille lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.
Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis comme ses prédécesseurs conservateurs d'endiguer le phénomène des "small boats" (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.
Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5.840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.
Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce "premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine", qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.
Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des Etats-Unis.
Au menu des discussions, la collaboration entre les Etats pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.
"Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration", a prévu de dire le dirigeant travailliste, selon un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.
- "Consensus mondial" -
"Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont", doit-il ajouter.
Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemande, français et néerlandais.
Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.
Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ des migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.
Il réunira également le chef de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.
Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.
Ils se pencheront aussi sur le fonctionnement des filières et chercheront à "établir un consensus mondial sur la lutte" contre le recrutement de migrants en ligne.
Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.
Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.
Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des "terroristes". Son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste afin de combattre ces réseaux.
En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.
Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.
"Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni", a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.
Au total, plus de 157.770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.
P.Mathieu--JdB