

Conor McGregor : star irlandaise du MMA et aspirant président au discours antimigrants
L'ex-champion de MMA Conor McGregor, qui a annoncé jeudi sa candidature à la présidentielle en Irlande malgré des accusations de viol, tente de bâtir un avenir politique sur sa fortune et sa célébrité planétaire dans le sillage de Donald Trump, avec un discours antimigrants.
"Votez pour moi comme président et nous sauverons l'Irlande ensemble!", a posté ce pratiquant des arts martiaux mixtes (MMA), syncrétisme spectaculaire de plusieurs sports de combat.
En début de semaine, jour de la Saint-Patrick, cet apprenti plombier que la compétition a rendu multi-millionaire, a chroniqué auprès de ses dizaines de millions d'abonnés sur les réseaux sociaux sa réception avec les honneurs à la Maison Blanche.
Musculature saillante dans un costume trois-pièces, flanqué de sa famille, McGregor, 36 ans, était allé dénoncer le "racket de l'immigration illégale" dans son pays dont les "communes rurales" auraient à l'en croire "été envahies en un clin d'oeil" par des migrants.
L'héritier new-yorkais magnat de l'immobilier et le fils d'un chauffeur de taxi d'un quartier déshérité de Dublin, clament de longue date leur admiration réciproque.
- Peu de chances d'être élu -
McGregor, qui affirme s'être mis aux arts martiaux pour se défendre face aux caïds de son quartier, fait grand cas du soutien public de Donald Trump.
Ce dernier est pourtant peu populaire en Irlande, note Gail McElroy, professeure de Sciences politiques au Trinity College de Dublin, qui met aussi en doute la capacité de McGregor à franchir les obstacles institutionnels à une candidature pour ce poste largement honorifique.
Même s'il y parvenait, ses chances d'élection seraient minimes : les électeurs irlandais "prêts à le soutenir" ne sont "pas suffisamment" nombreux pour qu'il soit élu, assure l'universitaire à l'AFP.
"Les jours des hommes faibles détruisant des pays sont finis ! J'ai le soutien total et complet de toute l'administration Trump", a encore clamé McGregor, qui en 2020 avait été désigné par le magazine Forbes le sportif le mieux payé du monde avec 170 millions d'euros de gains.
Ces déclarations "ne reflètent pas (...) l'opinion du peuple irlandais", a réagi le Premier ministre irlandais, Micheal Martin, qui n'avait pas reçu un accueil aussi chaleureux quelques jours plus tôt.
Le mouvement MAGA (Make America Great Again, le slogan de Donald Trump) et ses affiliés en Europe portent une attention particulière aux MMA, très populaires chez les jeunes hommes considérés comme une clientèle politique privilégiée.
- "Nous sommes en guerre" -
A l'image de Dana White, le patron de l'UFC, la plus lucrative compétition de MMA, de nombreuses figures de la discipline ont affiché leur soutien à des mouvements antisystème.
McGregor, qui n'a plus combattu depuis 2021, est une des têtes d'affiche de son sport, un statut bâti sur son palmarès de quintuple champion du monde (plume et légers) mais aussi sur ses provocations, ses tatouages et sa violence. Sa carrière a été émaillée d'accusations de viols, d'agressions sexuelles ou de violences.
En novembre 2024, McGregor a été condamné par un tribunal de Dublin à verser près de 250.000 euros de dommages et intérêts à une femme qui l'accusait de l'avoir "brutalement violée et battue" dans un hôtel en 2018. Ce verdict infamant, à l'encontre duquel il a fait appel, lui a fait perdre quelques contrats de sponsoring.
Mais pas question de faire profil bas : le barbu le plus célèbre d'Irlande s'est depuis affiché en compagnie d'une autre figure de la galaxie antisystème, le Britannique Nigel Farage, et a été invité au discours de victoire de Donald Trump qu'il décrivait dès 2020 comme un "président phénoménal".
McGregor est entré de plain-pied dans l'arène politique lors des émeutes anti-migrants à Dublin fin 2023, déclenchées par une agression au couteau contre des enfants, menée par un Irlandais d'origine étrangère. Si les autorités "ne mettent pas rapidement en oeuvre un plan d'action pour assurer la sécurité de l'Irlande, moi je le ferai!". "Irlande, nous sommes en guerre!", affirme-t-il après un meurtre.
"Irlande, ton président!", tweete-t-il encore sous une photo de lui. "Pas une mauvaise idée", commente alors Elon Musk. Un peu plus d'an plus tard, les deux hommes se font photographier ensemble dans le Bureau ovale, derrière un Donald Trump revenu au pouvoir.
D.Verstraete--JdB