Journal De Bruxelles - Turquie: le maire d'Istanbul appelle la justice et la nation à réagir après son arrestation

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Turquie: le maire d'Istanbul appelle la justice et la nation à réagir après son arrestation

Turquie: le maire d'Istanbul appelle la justice et la nation à réagir après son arrestation

Le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, figure de l'opposition turque, arrêté pour "corruption" et "terrorisme", a appelé jeudi la nation à réagir et les juges à "ne pas se taire", en accusant le président Recep Tayyip Erdogan de ne jamais rendre de comptes.

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"J'en appelle aux membres du pouvoir judiciaire (...) Vous devez agir et vous occuper de cette poignée de collègues qui ternissent notre système judiciaire, nous humilient sur la scène internationale et détruisent notre réputation", a écrit l'édile dans un message posté sur X par ses avocats au lendemain de son placement en garde à vue.

S'adressant sans le nommer au chef de l'Etat, M. Imamoglu lui a reproché "d'innombrables taches dont vous ne pouvez pas rendre compte, ni dans votre pays ni à l'étranger".

Le maire de la plus grande ville et capitale économique de la Turquie devait être intronisé dimanche candidat du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), première force d'opposition au parlement, à la présidentielle de 2028. Mais l'annulation mardi de son diplôme le prive de facto de toute possibilité de briguer la magistrature suprême.

- "unis contre ce mal" -

Aussi met-il en garde les Turcs: "les mêmes qui se sont emparés de mon diplôme s'attaqueront à vos biens, à votre honneur (...) En tant que nation, nous devons rester unis contre ce mal", écrit-il.

Avant même cet appel, ses partisans avaient appelé à se mobiliser jeudi pour dénoncer ce qu'ils qualifient de "coup d'Etat".

Des manifestations d'étudiants de plusieurs universités d'Istanbul se déroulaient malgré la pluie froide en plusieurs points de la ville depuis la mi-journée.

La place Taksim et le parc adjacent de Gezi, lieux emblématiques de la contestation au coeur d'Istanbul, restaient barricadés jeudi pour prévenir tout rassemblement, par ailleurs interdits jusqu'à dimanche par le gouverneur de la métropole.

De même, l'accès à plusieurs réseaux sociaux et messageries dont X et WhatsApp était toujours restreint jeudi à Istanbul, a constaté l'AFP. Et le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé l'arrestation de 37 internautes pour des "messages provocateurs" sur les réseaux sociaux.

Outre M. Imamoglu, plus de 80 personnes ont été interpellées en même temps que lui et une vingtaine d'autres sont recherchées.

Parmi elles, outre le maire, six personnes sont également accusées de "soutien à une organisation terroriste", le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mouvement armé interdit qui s'est récemment engagé à déposer les armes.

Selon les médias locaux, les interrogatoires des gardés à vue n'ont commencé que jeudi matin.

Cette nouvelle vague d'arrestations touchant l'opposition a enfoncé la livre turque: elle s'échange jeudi autour de 38 livres pour un dollar et près de 41,5 livres pour un euro, des niveaux jamais atteints jusqu'à mercredi.

La Banque centrale turque a indiqué dans un communiqué qu'elle puiserait le cas échéant dans ses réserves de change pour empêcher toute chute de la monnaie nationale, comme elle l'a fait mercredi selon des économistes.

- "Tu n'es pas seul" -

Le président du CHP, Özgür Özel, a appelé de nouveau à un rassemblement à 20H30 (17H30 GMT) devant le siège de la municipalité, a indiqué son parti à l'AFP.

Mercredi soir, malgré le froid, plusieurs milliers de personnes ont répondu à son appel en scandant, entre autres, "Imamoglu, tu n'es pas seul!".

Le président du CHP a dénoncé un "coup d'Etat contre l'opposition" et fait huer le chef de l'Etat. "On a voulu annuler la volonté du peuple", a-t-il clamé.

"Il n'y a ni corruption, ni groupe terroriste, mais des bourreaux de la justice aux commandes", a-t-il martelé au côté de l'épouse du maire, Dilek Imamoglu, estimant que "le seul crime d'Imamoglu est (...) d'avoir conquis le cœur des gens. Son seul crime est qu'il sera le prochain président!".

M. Imamoglu, qui a ravi en 2019 la municipalité d'Istanbul, est vu comme le principal rival du chef de l'Etat, Recep Tayyip Erdogan, qui s'est abstenu pour l'heure de tout commentaire.

R.Cornelis--JdB