

Entretien téléphonique Trump-Zelensky, Kiev et Moscou échangent des prisonniers de guerre
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'entretenait mercredi au téléphone avec son homologue américain Donald Trump, après l'annonce faite par Moscou et Kiev sur un échange de 175 prisonniers de guerre de chaque camp.
"Le président de l'Ukraine mène une conversation téléphonique avec le président américain Donald Trump", a indiqué aux journalistes le porte-parole de M. Zelensky, Serguiï Nykyforov.
Le président Zelensky avait déclaré auparavant qu'il allait discuter avec M. Trump des "prochaines étapes", demandant notamment que "les Etats-Unis (soient) la principale entité de contrôle" du cessez-le-feu partiel.
Il a assuré que Kiev respectera ce cessez-le-feu partiel sur les infrastructures énergétiques si Moscou fait de même: "Si les Russes ne frappent pas nos installations, nous ne frapperons certainement pas les leurs".
Sa conversation avec le président américain a lieu au lendemain de l'entretien Trump-Poutine alors que Moscou et Kiev s'accusaient mutuellement mercredi de ne pas vouloir régler le conflit après une nuit d'attaques menées par les deux camps.
Moscou et Kiev ont cependant annoncé mercredi avoir récupéré 175 prisonniers de guerre de chaque camp ainsi que 22 prisonniers ukrainiens "gravement blessés", comme convenu la veille après l'appel entre MM. Poutine et Trump.
Il s'agit, selon le président Zelensky, d'un des "plus grands échanges" organisés par les deux pays, qui s'affrontent depuis le début de l'invasion russe en février 2022.
Donald Trump et Vladimir Poutine ont convenu mardi d'un cessez-le-feu limité aux frappes sur les infrastructures énergétiques pour un mois.
Pour le président Zelensky, non associé aux pourparlers américano-russes, "Poutine a en réalité refusé la proposition d'un cessez-le-feu complet". L'Ukraine avait accepté, sous la pression de Washington, l'idée d'un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours, rejeté par Moscou.
- "Cessez-le feu total"-
L'émissaire américain Steve Witkoff a déclaré mercredi sur Bloomberg TV s'attendre à un cessez-le-feu total en Ukraine "d'ici deux semaines", précisant que des pourparlers américano-russes auront lieu en Arabie saoudite en début de semaine prochaine.
Selon le ministère russe de la Défense, une frappe ukrainienne "délibérée" a visé pendant la nuit un dépôt pétrolier de la région de Krasnodar (sud de la Russie).
Tout comme la Russie s'acharne sur ses infrastructures énergétiques, l'Ukraine cible régulièrement les dépôts pétroliers russes.
Cette dernière a été visée pendant la nuit par six missiles et 145 drones de combat russes, a indiqué l'armée ukrainienne. La défense aérienne a abattu 72 drones, selon l'armée, laissant entendre qu'aucun des six missiles n'avait pu être détruit.
Les chemins de fer ukrainiens ont affirmé qu'une infrastructure énergétique ferroviaire avait été frappée par des drones dans la région centrale de Dnipropetrovsk.
Volodymyr Zelensky a fait état de frappes contre des infrastructures civiles et énergétiques, notamment à Kiev et Soumy, dans le nord du pays, où un hôpital a été ciblé par une "frappe directe" de drone mardi soir.
"Moins d'une heure après que Poutine a soi-disant accepté de ne pas frapper l'infrastructure ukrainienne (...), il a attaqué l'infrastructure énergétique dans l'est de l'Ukraine", a dénoncé mercredi sur X le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaïlo Podoliak.
Un homme de 29 ans a été tué et trois autres personnes blessées dans une autre frappe dans la région de Soumy, contre un immeuble résidentiel, selon les autorités.
Et mercredi matin, un bombardement russe a tué un civil à Kherson (sud), selon les autorités locales.
- Européens déçus -
Les Européens se sont montrés déçu de la conversation Trump-Poutine. Pour Berlin, "Poutine joue à un jeu", et Paris a estimé qu'un accord de cessez-le-feu ne peut être trouvé tant qu'Ukrainiens et Européens "ne sont pas dans la discussion". Londres a pour sa part jugé "décevant" que le président "Poutine n'ait pas accepté un cessez-le-feu complet" et "sans conditions" avec l'Ukraine.
La Chine en revanche a "salué" mercredi "tous les efforts" allant en direction d'un cessez-le-feu en Ukraine.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a avancé que des discussions sont prévues mercredi et jeudi pour déterminer "les dates précises des prochains contacts et la composition" des délégations russe et américaine pour d'éventuelles négociations.
M. Poutine, sans s'engager à un cessez-le-feu total, avait exigé avant l'entretien la fin du "réarmement" de l'Ukraine et l'arrêt de l'aide occidentale à Kiev.
La diplomatie européens compte soumettre jeudi aux 27 Etats-membres de l'UE une proposition d'aide militaire à Kiev - revue à la baisse - de cinq milliards d'euros, afin qu'elle reçoive au plus vite quelque deux millions d'obus d'artillerie.
Les comptes-rendus publiés par les deux capitales ne mentionnent pas d'éventuels redécoupages territoriaux, après que le président américain a dit être prêt à parler de "partage" entre l'Ukraine et la Russie, qui réclame cinq régions ukrainiennes dont la Crimée.
L'exécutif américain a vanté l'"immense avantage" d'une "meilleure relation bilatérale" avec la Russie.
Donald Trump, engagé dans un spectaculaire rapprochement avec Moscou, a déjà validé plusieurs revendications russes, jugeant impossibles le maintien de l'intégrité territoriale de l'Ukraine et son adhésion à l'Otan.
A l'inverse, il a soumis les autorités ukrainiennes à une pression extrême, qui a culminé lorsqu'il a publiquement rabroué M. Zelensky à la Maison Blanche.
Il a ensuite suspendu l'aide militaire et en renseignements à Kiev, ne les rétablissant que lorsque l'Ukraine a entériné son projet de cessez-le-feu.
T.Peeters--JdB