

Face à Trump, le nouveau Premier ministre canadien veut renforcer les liens avec l'Europe
Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney a appelé lundi à Paris à renforcer les liens avec ses "alliés fiables" en Europe et réaffirmé avec Emmanuel Macron son soutien à l'Ukraine, à l'heure où le Canada est sous pression des Etats-Unis et des menaces d'annexion de Donald Trump.
"Il est plus important que jamais pour le Canada de renforcer ses liens avec nos alliés fiables comme la France", a-t-il lancé au côté du président français, à l'occasion de son premier déplacement à l'étranger depuis sa prise de fonction vendredi. Mark Carney se rendra dans la foulée à Londres.
Les Premiers ministres canadiens réservent traditionnellement leur première visite à l'étranger au voisin américain, mais le pays de 41 millions d'habitants traverse une crise sans précédent dans son histoire depuis que Donald Trump a lancé une guerre commerciale à son encontre et ne cesse de dire qu'il souhaite en faire le "51e Etat américain".
"Nous devons renforcer la collaboration" entre la France et le Canada "pour assurer notre sécurité, celle de nos alliés et celle du monde entier", a martelé Mark Carney. "Nous devons renforcer nos liens diplomatiques pour faire face, ensemble, à ce monde de plus en plus instable et dangereux" et créer aussi de nouvelles "opportunités pour nos entrepreneurs".
Un commerce international "équitable" est "à coup sûr plus efficace que les tarifs (droits de douane) qui créent de l'inflation et abîment les chaînes de production et l'intégration de nos économies", a renchéri Emmanuel Macron.
- "Bon camarade" -
Les deux dirigeants ont insisté sur leur volonté commune de continuer à soutenir l'Ukraine et la sécurité en Europe à l'heure où les Etats-Unis menacent de s'en désengager et entendent négocier la paix directement avec la Russie de Vladimir Poutine, qui a attaqué son voisin en février 2022.
"Nous sommes tous les deux pour la souveraineté et la sécurité, comme le démontre notre soutien sans faille à l'Ukraine", a pointé Mark Carney.
"Le Canada répondra toujours présent pour assurer la sécurité de l'Europe", a-t-il ajouté tout en soulignant une "détermination" commune à "maintenir les relations les plus positives possibles avec les Etats-Unis".
la France et le Canada veulent une "paix solide et durable, assortie des garanties robustes qui prémuniront l'Ukraine contre toute nouvelle agression russe et permettront d'assurer la sécurité de l'Europe toute entière", a martelé le président français à la veille d'un nouvel entretien téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
Le Premier ministre canadien est "un homme qui aime son pays" et qui "pense qu'on peut servir les intérêts de son pays en étant un bon camarade sur la scène internationale", a encore souligné Emmanuel Macron dans une pique à peine voilée au président américain.
- "Jamais"-
Mark Carney, qui était devenu en 2013 le premier non-Britannique à diriger la Banque d'Angleterre, s'entretiendra ensuite à Londres avec son homologue Keir Starmer, très engagé, tout comme Emmanuel Macron, dans le soutien à Kiev.
Il évoquera avec le Premier ministre britannique "le renforcement de la sécurité transatlantique, la croissance du secteur de l'intelligence artificielle (IA) et les solides relations commerciales" bilatérales, selon ses services.
Le Royaume-Uni est le troisième partenaire commercial du Canada pour les biens et les services, avec des échanges évalués à 61 milliards de dollars canadiens (40 milliards d'euros).
Une audience avec le roi Charles III, qui est aussi le souverain du Canada, doit également avoir lieu.
Mark Carney, 60 ans, novice en politique, a déclaré lors de son premier discours officiel que "la diversification de nos relations commerciales" serait une priorité, tout en assurant que le Canada ne ferait "jamais partie des Etats-Unis".
Les droits de douanes imposés par l'administration Trump ont provoqué un électrochoc dans le pays car 75% des exportations du Canada partent vers les Etats-Unis et une guerre tarifaire avec son puissant voisin du sud pourrait causer d'importants dégâts à l'économie canadienne.
Sur le chemin du retour, Mark Cerney s'arrêtera mardi à Iqaluit, dans le Nunavut, un territoire canadien proche du Groenland, "pour réaffirmer la souveraineté et la sécurité du Canada dans l'Arctique", alors que Donald Trump a maintes fois fait part de son souhait d'annexer le Groenland.
E.Goossens--JdB