

L'Ukraine et les droits de douane dominent le G7
Le Canada, pays hôte du G7, a appelé jeudi à soutenir l'Ukraine contre "l'agression" russe, au moment où l'approche américaine plus conciliante à l'égard de Moscou divise le club des grandes démocraties industrialisées.
Les ministres des Affaires étrangères du G7 sont réunis pour trois jours de discussions à Charlevoix au Québec, dans un hôtel qui surplombe le fleuve Saint-Laurent.
L'unité du groupe - Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon - est fortement ébranlée par le retour de Donald Trump, qui s'est rapproché de manière spectaculaire de Vladimir Poutine et impose des droits de douane à ses proches alliés.
Le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, est le premier haut responsable du nouveau pouvoir américain à fouler le sol canadien depuis que les tensions sont extrêmement fortes entre les deux pays.
Pour son premier échange avec Mélanie Joly, la ministre des Affaires étrangères canadienne, ils ont échangé une bise et se sont serré la main avant de s'asseoir à côté des drapeaux américain et canadien. Ils n'ont pas répondu aux questions de la presse.
Peu après, en ouvrant la session formelle du G7, Mélanie Joly a déclaré qu'elle espérait trouver des moyens pour que les puissances "continuent à soutenir l'Ukraine face à l'agression illégale de la Russie."
"Nous voulons tous voir une paix juste et durable en Ukraine", a-t-elle déclaré.
- "Répit" -
L'Ukraine est le sujet numéro un de ce sommet multilatéral, deux jours après le feu vert de Kiev à la proposition américaine d'un cessez-le-feu de 30 jours, plus de trois ans après l'invasion russe.
Mais jeudi, le Kremlin a critiqué l'idée d'un tel cessez-le-feu, estimant que cela constituerait "un répit" pour l'armée ukrainienne, en difficulté sur le front.
Washington presse Moscou d'accepter une trêve "sans conditions", comme gage de bonne volonté.
Toutefois le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, a martelé que la Russie souhaitait non pas un cessez-le-feu temporaire mais un règlement "à long terme" qui tienne compte des "intérêts" et des "préoccupations" russes.
M. Rubio a déclaré qu'il ferait pression sur le G7 pour que la déclaration finale évite tout langage "hostile" à l'égard de la Russie.
Le pivot de Donald Trump vers la Russie a provoqué une onde de choc en Europe et au-delà. Et a conduit les Européens à accélérer les discussions sur un avenir de défense sans les États-Unis.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a déclaré que le G7 devait s'attacher à "faire en sorte que l'Ukraine soit dans la position la plus forte possible pour garantir une paix juste et durable".
- "Menaces commerciales" -
Mais toutes ces discussions sont compliquées par le niveau de tension très fortes entre les Etats-Unis et le reste du G7, notamment en raison de la guerre commerciale lancée par le président américain depuis son retour à la Maison Blanche.
Jeudi, il a menacé la France et l'Union européenne d'imposer des droits de douane à 200% sur leurs champagne, vins et autres alcools, si les tarifs douaniers à venir de l'UE de 50% sur le whisky américain ne sont pas retirés.
La veille, des droits de douane de 25% imposés par M. Trump sont entrés en vigueur sur les importations d'acier et d'aluminium, entraînant des représailles immédiates de nombreux pays.
Cette guerre commerciale se double pour le Canada de menace plus lourde: Donald Trump veut le voir devenir le "51e Etat" américain.
Marco Rubio a toutefois estimé que le G7 n'était pas "une réunion sur la façon dont nous allons prendre le contrôle du Canada".
"Vous arrivez dans notre pays, vous respectez nos coutumes et notre façon de faire, et bien entendu notre souveraineté", a averti Mélanie Joly la veille de la rencontre.
Le gouvernement canadien compte mettre à profit la réunion pour appeler les dirigeants européens à prendre au sérieux les menaces américaines.
Les droits de douane sur l'acier et l'aluminium sont liés à des préoccupations de sécurité nationale, a estimé Marco Rubio mercredi.
"Je pense qu'il est tout à fait possible de prendre ces mesures tout en traitant de manière constructive avec nos alliés et nos amis", a déclaré M. Rubio.
O.M.Jacobs--JdB