

La Russie revendique une avancée dans une nouvelle région ukrainienne
La Russie a revendiqué dimanche la prise d'un village dans la région ukrainienne de Soumy, ce qui serait une première depuis 2022, les soldats de Kiev se trouvant en difficulté dans la région russe de Koursk qui lui fait face.
Le ministère russe de la Défense a également dit avoir repris un village de la région de Koursk. L'Ukraine en contrôle une petite partie depuis une offensive à l'été 2024, et espère l'utiliser comme monnaie d'échange à l'heure où la perspective de pourparlers semble se renforcer.
Des délégations ukrainienne et américaine doivent se rencontrer mardi en Arabie saoudite, alors que Washington a gelé cette semaine son aide militaire à Kiev et son partage de renseignements.
L'Ukraine est donc en position délicate sur le front diplomatique, critiquée par le président américain Donald Trump, ainsi que militaire.
Le ministère russe de la Défense a affirmé dimanche avoir pris Novenké, petit village de la région de Soumy (nord-est) frontalier de la région russe de Koursk.
La région de Soumy avait été partiellement occupée au début de l'invasion russe il y a trois ans, mais les troupes russes s'en étaient retirés au printemps 2022.
L'offensive réussie revendiquée par Moscou constituerait une première depuis cette retraite.
Le président russe Vladimir Poutine avait déjà affirmé mi-février que ses forces étaient entrées en Ukraine depuis la région de Koursk, ce que Kiev avait qualifié de "mensonge".
Depuis, les responsables ukrainiens avaient évoqué des attaques russes isolées, assurant les repousser à chaque fois.
Samedi encore, alors que des observateurs évoquaient des succès russes dans la région de Soumy, le Centre gouvernemental ukrainien contre la désinformation avait assuré qu'il n'y avait pas d'"avancée massive".
- Recul ukrainien à Koursk -
L'armée ukrainienne n'a pas encore commenté la revendication de la prise de Novenké.
Ce village, déjà attaqué fin février, se situe à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Soudja, la principale ville tenue par Kiev dans la région de Koursk.
L'avancée semble liée à une percée de l'armée russe dans la région de Koursk, qui pourrait menacer le ravitaillement des soldats ukrainiens dans la zone, selon des bloggeurs militaires russes.
Dans la région de Koursk, Moscou a d'ailleurs revendiqué dimanche la reprise du village de Lebedevka, après avoir déjà dit avoir repoussé les forces ukrainiennes de trois autres villages de la zone la veille.
La Russie a déjà repris plus des deux tiers du territoire initialement conquis par l'Ukraine. Mi-février, l'Ukraine avait dit en contrôler 500 km2.
Un commandant de l'armée russe, Apti Alaoudinov, qui commente souvent la situation, a assuré samedi sur Telegram que les troupes de Moscou avaient lancé "une offensive de grande ampleur dans toutes les direction de la section de Koursk".
Ces soldats, qui cherchent à encercler les troupes ukrainiennes, se rapprochent de la ville de Soudja.
Ils se sont déplacés le long d'un gazoduc "afin de prendre pied dans la périphérie de la ville de Soudja", a déclaré l'armée ukrainienne samedi.
Cette offensive de Kiev devait soulager le front oriental et constituer un atout en vue de négociations de paix.
Mais, selon l'Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), la Russie cherchera à utiliser ses "gains limités" dans la région de Soumy pour chasser les troupes ukrainiennes de sa région de Koursk.
Et l'armée russe, mieux armée et plus nombreuse, avance toujours dans l'est ukrainien malgré de lourdes pertes et à un rythme plus lent qu'à l'automne. Elle a toutefois encore revendiqué dimanche la prise d'un nouveau village dans la région de Donetsk.
- Réunion en Arabie saoudite -
Des négociations de paix ne se sont pas encore concrétisées, mais cette hypothèse est de plus en plus souvent évoquée.
Donald Trump a opéré un virage diplomatique radical, tendant la main à Vladimir Poutine tout en tançant Volodymyr Zelensky.
Il est pour l'heure difficile d'estimer les conséquences exactes sur le terrain du gel de l'aide américaine, qui est néanmoins cruciale pour l'Ukraine sur le long terme.
Des délégations ukrainienne et américaine sont attendues mardi en Arabie saoudite pour une réunion très scrutée.
Elle doit définir "un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial", selon Steve Witkoff, émissaire américain pour le Moyen-Orient.
L'Ukraine n'a toutefois pas détaillé le menu des discussions. Le pays enverra une équipe de hauts responsables, dont le chef de l'administration présidentielle ainsi que les ministres des Affaires étrangères et de la Défense.
Donald Trump assure vouloir mettre fin à la guerre dès que possible, mais Kiev craint d'être contraint à de lourdes concessions.
K.Willems--JdB