

Libération de 28 policiers et un militaire détenus dans le sud-ouest de la Colombie
Vingt-huit policiers et un militaire, séquestrés depuis jeudi par un groupe de guérilleros dissident des Farc dans une région de cultures de coca, dans le sud-ouest de la Colombie, ont été libérés samedi, a constaté une équipe de l'AFP.
Les 29 otages avaient été enlevés jeudi dans le département du Cauca, dans une région montagneuse sous le contrôle des guérilleros de l'État-Major Central (EMC) qui n'ont jamais accepté l'accord de paix signé en 2016 avec la majorité de la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).
Selon le ministère, des "habitants instrumentalisés" par les guérilleros de l'EMC avaient participé à cet enlèvement, en représailles contre le gouvernement qui exerce des pressions sur l'EMC après les tentatives infructueuses de négociations visant à obtenir leur possible désarmement.
Samedi vers midi, les habitants de la communauté de La Hacienda ont finalement indiqué aux 28 otages qu'ils étaient libres de partir.
Peu après, les otages libérés, leurs équipements sur le dos, ont quitté le village, le long d'un chemin de terre, escortés par des habitants de la région, ont constaté des journalistes de l'AFP.
En chemin, le major Nilson Bedoya, seul soldat du groupe, a fait part de son émotion : Ma femme, mon fils, m'attendent à la maison".
Le voyage de trois heures pour atteindre le village voisin d'El Plateado, où la commission du bureau du médiateur -organisme colombien de surveillance des droits de l'homme- attendait les otages a été particulièrement tendu.
Un drone non identifié a survolé le convoi et de vives discussions ont eu lieu entre les habitants locaux et les forces colombiennes.
- Des jours d'"angoisse" -
"Libérés, nos 29 héros de la patrie", s'est félicité samedi le ministre de la Défense Pedro Sanchez sur son compte X.
Les otages ont expliqué avoir été retenus dans un centre où ils étaient nourris quotidiennement, partageaient une salle de bain sans douche et étaient surveillés jour et nuit.
Ce furent des jours d'"angoisse", a confié à l'AFP Diego Alvarez, l'un des détenus. "Je ne sais même pas quel jour nous sommes aujourd'hui".
Cette prise d’otages avait mis le gouvernement colombien dans l'embarras. Samedi, le ministre de la Défense avait assuré dans une interview que les troupes seraient libérées si nécessaire par l'emploi de "la force légitime de l'Etat".
Les forces de sécurité colombiennes avaient été enlevées après une journée d'affrontements dans les municipalités d'Argelia et d'El Tambo, une région où se trouve, selon les Nations unies, l'une des plus importantes concentrations de cultures de coca -l'ingrédient principal de la cocaïne, dont la Colombie est le premier producteur mondial.
La tension était montée entre les habitants et les autorités, à la suite d'une opération militaire visant à mettre fin à la violence liée à la drogue dans une région où la concentration de cultures de drogue est l'une des plus élevées de Colombie.
- Vague de violence -
Le gouvernement propose dans cette région un ambitieux programme de substitution des cultures pour lutter contre l'économie du trafic de drogue, une stratégie que les habitants dénoncent comme une campagne d'"éradication forcée" des cultures de coca.
Le président Gustavo Petro rejette ces accusations, soulignant que le gouvernement offre de payer pour une éradication volontaire.
Plusieurs représentants de son gouvernement, dont le ministre de la Défense, devaient rencontrer samedi les habitants de la capitale départementale, Popayán, pour entamer des discussions sur le sujet.
"Nous allons continuer à travailler sur ces terres pour offrir aux habitants un meilleur avenir", a martelé, à peine libéré, le major Nilson Bedoya.
La Colombie traverse sa plus grave vague de violence de la dernière décennie, avec différents foyers dans le nord-est et le sud-ouest du pays. Cette escalade contrecarre la politique dite de "paix totale" poursuivie par Gustavo Petro, premier président de gauche du pays, élu en 2022.
Selon les experts, les pourparlers initiés par le gouvernement Petro ont réduit les interventions militaires contre les différents groupes armés du pays, dont les guérillas et les cartels de drogue, qui en ont profité pour étendre leur emprise territoriale.
Mi-janvier, une autre guérilla, celle de l'Armée de libération nationale (ELN), a pris pour cible dans la région du Catatumbo (nord-est) des dissidents des Farc ainsi que des civils, dont plus de 50.000 ont été déplacés en quelques jours, causant la mort de plus de 70 personnes selon le dernier bilan en date.
E.Heinen--JdB