

Un inculpé dans l'attentat de l'aéroport de Kaboul comparaît devant un tribunal américain
Un membre du groupe Etat islamique (EI) soupçonné d'implication dans l'attentat de l'aéroport de Kaboul ayant coûté la vie à 183 personnes, dont 13 soldats américains, en 2021, a comparu mercredi devant un tribunal fédéral américain.
Le président américain Donald Trump avait annoncé mardi soir devant le Congrès l'arrestation du "terroriste responsable de cette atrocité", remerciant le gouvernement pakistanais d'avoir permis aux Etats-Unis d'"arrêter ce monstre".
"Il y a trois ans et demi, des terroristes de l'Etat islamique ont tué 13 militaires et plein d'autres personnes lors de l'attentat d'Abbey Gate, pendant ce retrait catastrophique et incapable", a déclaré M. Trump, qui a toujours critiqué la gestion par son prédécesseur Joe Biden du retrait militaire d'Afghanistan.
Le ministère américain de la Justice a ensuite précisé les faits reprochés à Mohammad Sharifullah, qui a comparu mercredi, en tenue de prisonnier bleu clair et portant un masque noir, devant un tribunal fédéral à Alexandria, près de Washington. Le juge a ordonné son maintien en détention et fixé la prochaine audience au 10 mars.
Inculpé de "soutien matériel à une organisation terroriste étrangère ayant entraîné la mort", il encourt la prison à perpétuité, a précisé le ministère.
Il a avoué lors d'interrogatoires par des agents du FBI, la police fédérale américaine, avoir reconnu l'itinéraire emprunté par l'auteur de l'attentat suicide, selon l'acte d'accusation.
Ce dernier est identifié par le ministère de la Justice comme Abdul Rahman al-Logari.
- "Rôle du Pakistan" -
En août 2021, après la prise de Kaboul par les talibans qui ont mis en déroute le gouvernement soutenu par les pays occidentaux, des foules d'Afghans s'étaient précipités à l'aéroport.
Les images d'Afghans désespérés tombant du ciel après s'être accrochés aux ailes d'avions décollant avaient fait le tour du monde.
L'attentat suicide a eu lieu le 26 août 2021, et les Américains ont évacué l'aéroport le 31 août.
"Grâce à l'aide du FBI, du ministère de la Justice et de la CIA, nous avons arrêté et extradé Sharifullah aux États-Unis pour le présenter à la justice américaine", a précisé le directeur du FBI, Kash Patel, mentionnant donc l'implication de la CIA.
"Nous remercions le président Donald Trump de reconnaître à sa juste valeur le rôle du Pakistan et son soutien dans les efforts antiterroristes en Afghanistan", a répondu sur X le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif.
La justice américaine a indiqué que Mohammad Sharifullah avait aussi reconnu avoir aidé à préparer une attaque suicide contre l'ambassade canadienne à Kaboul le 20 juin 2016.
Il a aussi reconnu "avoir partagé des instructions sur l'usage" de fusils de type AK (Kalachnikov) avec des auteurs de l'attaque contre la salle de concert Crocus City Hall à Moscou le 22 mars 2024, qui avait tué plus de 130 personnes, selon la même source.
Le gouvernement pakistanais accuse les talibans de ne pas éliminer les militants se réfugiant sur le sol afghan pour préparer des attaques, des accusations démenties à Kaboul qui accuse en retour le Pakistan d'héberger des cellules "terroristes" sur son sol, pointant notamment du doigt l'EI-K.
Pour Michael Kugelman, spécialiste de l'Asie du Sud au Wilson Center, Islamabad "tente de proposer aux Etats-Unis, inquiets de la menace terroriste en Afghanistan, une relance de leur partenariat sécuritaire".
"L'aide du Pakistan dans cette arrestation doit être lue à la lumière de ces considérations", a-t-il encore écrit sur X.
En avril 2023, la Maison Blanche avait annoncé la mort d'un autre responsable de l'EI impliqué dans la préparation de cet attentat.
H.Raes--JdB