

La Chine dévoile son objectif de croissance 2025, sur fond de guerre commerciale
La Chine va annoncer mercredi son objectif de croissance pour 2025, au moment où elle fait face à une guerre commerciale naissante avec les Etats-Unis et à une morosité économique grandissante au niveau national.
Des milliers de délégués se rassembleront dans la matinée pour la cérémonie d'ouverture de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire (ANP), le Parlement chinois, qui doit débuter à 09H00 (01H00 GMT).
L'occasion pour le Premier ministre Li Qiang de présenter le "rapport d'activité" de son gouvernement. Un long discours dans lequel il tracera les grandes lignes de la politique économique, sociale et diplomatique des mois à venir.
Il dévoilera également l'objectif officiel de croissance du Produit intérieur brut (PIB) pour 2025.
Des analystes sondés par l'AFP s'attendent à ce que Pékin se fixe un objectif d'environ 5% -- comme l'an passé.
Un but ambitieux étant donné les difficultés auxquelles la Chine est confrontée.
L'économie chinoise, qui fait face à une crise durable du secteur immobilier et à un taux de chômage élevé chez les jeunes, peine à pleinement retrouver son élan depuis la pandémie.
Sans compter les difficultés supplémentaires érigées par Donald Trump.
Le président américain a fait imposer mardi de nouveaux droits de douane additionnels sur les produits importés de Chine, après une mesure similaire le mois dernier.
Ces taxes devraient toucher plusieurs centaines de milliards de dollars d'échanges commerciaux entre les deux plus grandes économies mondiales.
- "Jusqu'au bout" -
Lors d'une conférence de presse, Lou Qinjian, le porte-parole de la session annuelle de l'ANP, a reconnu mardi que l'économie nationale devait faire face à "de nombreuses difficultés et défis".
"L'incertitude économique et politique au niveau mondial s'accroît", a-t-il souligné.
Les exportations chinoises ont atteint des niveaux records l'année dernière.
Mais avec la guerre commerciale Pékin-Washington, relancée par Donald Trump, le pays devra désormais compter sur d'autres moteurs de croissance.
La Chine a annoncé mardi de premières mesures de rétorsion face aux nouveaux droits de douane américains et promis de lutter "jusqu'au bout" pour se défendre.
Les autorités chinoises vont imposer des taxes allant jusqu'à 15% sur une gamme de produits agricoles américains, notamment le soja, le porc et le blé, à partir du 10 mars.
Les contre-mesures de Pékin sont une "réponse relativement modérée" par rapport aux droits de douane de Donald Trump, qui eux visent l'intégralité des produits chinois arrivant sur le sol américain, écrit Lynn Song, économiste pour la Chine continentale chez ING.
"La riposte aurait pu être beaucoup plus forte, mais avec chaque nouvelle escalade, le risque d'une réponse plus forte (de la part des Etats-Unis) augmente également", ajoute-t-il.
- Budget militaire -
Les autorités chinoises pourraient définir cette semaine les contours de nouvelles mesures pour stimuler l'économie, après une série d'annonces fortes fin 2024.
Beaucoup d'analystes économiques estiment que les mesures existantes ne vont pas suffisamment loin pour pouvoir redresser l'économie.
"Les directives de Pékin indiquent que le déficit budgétaire augmentera considérablement cette année", déclare à l'AFP Harry Murphy Cruise, chargé de l'économie chinoise chez Moody's Analytics.
"Nous prévoyons un déficit budgétaire officiel de l'ordre de 4% du PIB (contre 3% auparavant)", a-t-il ajouté.
En marge de la cérémonie d'ouverture de mercredi, la Chine annoncera également son budget de la Défense pour 2025.
La rivalité géopolitique entre Pékin et Washington devrait s'intensifier cette année, selon des analystes.
Le statut de Taïwan, île revendiquée par la Chine comme faisant partie de son territoire, est l'une des principales sources de tension dans les relations sino-américaines.
Donald Trump a proposé une réduction coordonnée des budgets de la Défense des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine.
Pékin s'est toutefois montré dubitatif.
Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué le mois dernier que toute réduction des dépenses militaires devrait d'abord être effectuée par Washington, étant donné l'ampleur du budget américain de la Défense.
D.Verheyen--JdB