Journal De Bruxelles - Mort de Jean-Louis Debré, grand témoin de la Ve République, de l'Assemblée au Conseil constitutionnel

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Mort de Jean-Louis Debré, grand témoin de la Ve République, de l'Assemblée au Conseil constitutionnel
Mort de Jean-Louis Debré, grand témoin de la Ve République, de l'Assemblée au Conseil constitutionnel / Photo: JOEL SAGET - AFP/Archives

Mort de Jean-Louis Debré, grand témoin de la Ve République, de l'Assemblée au Conseil constitutionnel

Un nom de famille irrémédiablement lié à la Ve République: Jean-Louis Debré, proche de l'ancien président Jacques Chirac et ancien président de l'Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel, est décédé dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 80 ans.

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La famille de l'ancien élu de l'Eure a annoncé le décès mardi matin à LCI, dirigée par l'un de ses fils, le journaliste Guillaume Debré. L'actuelle présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet a déploré la perte d'un "immense serviteur de l’État".

L'Assemblée lui rendra hommage mardi après-midi avant la séance de questions au gouvernement, et le Sénat également au début de la séance.

"C'était un personnage truculent et assez unique. Et puis c'était l'héritier d'une grande famille politique", a réagi l'ancien Premier ministre, et maire du Havre, Édouard Philippe, sur France Inter.

Le fils de Michel Debré, rédacteur de la Constitution de la Ve République et premier chef de gouvernement de Charles de Gaulle en 1959, fut, lui, proche de Jacques Chirac, dont il fut conseiller dès les années 1970.

L'ancien patron des députés LR (ex UMP, ex-RPR), Christian Jacob, a salué "le fidèle grognard de Jacques Chirac, celui qui aura apporté une réelle contribution à la victoire de 1995".

Docteur en droit sans avoir passé le bac, magistrat instructeur puis député (1986), soutien de Jacques Chirac dans sa guerre interne à droite avec Édouard Balladur, il fut nommé ministre de l'Intérieur de 1995 à la dissolution de 1997, marquant l'opinion publique par l'évacuation de sans-papiers occupant l'église Saint-Bernard à Paris.

Accédant à la présidence de l'Assemblée nationale après la réélection de Jacques Chirac en 2002, y gagna une image plus consensuelle et fut ensuite nommé à la présidence du Conseil constitutionnel (2007-2016).

"Très attaché à la Constitution de la Cinquième République (...) il avait ainsi poursuivi durant sa présidence le service de la République qui l’a animé tout au long de son parcours", a salué l'actuel président du Conseil Laurent Fabius.

Parmi de nombreux ouvrages publiés, il raconta notamment son expérience à la tête de l'institution du Palais Royal. Mais aussi ses rapports parfois tendus avec Nicolas Sarkozy, dont le Conseil constitutionnel a, après sa défaite face à François Hollande en 2012, confirmé le rejet des comptes de campagne.

-"Voix singulière" et "humour décapant"-

"Sa valeur cardinale était la fidélité, à ses idéaux gaullistes, à une certaine idée de la France, à Jacques Chirac. Ministre, président du Conseil constitutionnel, il savait cultiver sa voix singulière, et la défense des libertés, avec un humour décapant. Je n'oublie pas que l'une de ses dernières pièces fut consacrée aux femmes qui firent la France !", a souligné la présidente (Les Républicains) de la région Ile-de-France Valérie Pécresse.

Auteur de livres politiques et de romans policiers, familier des planches de théâtre, Jean-Louis Debré - dont le frère jumeau Bernard Debré, professeur urologue réputé et lui aussi député, est décédé en 2020 - fut également, pendant plus de vingt ans, député de la 1re circonscription de l'Eure (Évreux), où lui a succédé Bruno Le Maire en 2007, détenue depuis juillet 2024 par le Rassemblement national.

Les premiers hommages sont également élogieux à gauche, à l'image de François Hollande qui a salué à la fois l'homme "passionné, ardent, fiévreux" dans sa défense de Jacques Chirac et de ses "convictions gaullistes", mais aussi la "grande capacité d'indépendance" de l'ancien président du Conseil constitutionnel qui "savait quel était le sens de l'intérêt général".

"Homme de dialogue, il partageait avec les Français l’amour de la République, de son histoire, jusque sur les planches des théâtres. Nos débats passionnants et respectueux dépassaient nos divergences", a souligné le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel.

"Il était un des représentants majeurs d’une droite républicaine qui défendait encore les usages démocratiques, pour qui le vote du peuple avait un sens, et pour qui l’Assemblée ne pouvait être un espace aseptisé et soumis au pouvoir", a réagi la présidente du groupe La France insoumise Mathilde Panot

"Ce grand connaisseur et ce grand serviteur de nos institutions aura marqué de ses convictions gaullistes la vie politique française", a de son côté réagi sur X le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

E.Carlier--JdB