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La Chine promet de riposter aux taxes de Trump, qui visent aussi Canada et Mexique
La Chine a promis vendredi de prendre "toutes les contre-mesures nécessaires" après que le président américain Donald Trump a déclaré qu'il imposerait des droits de douane supplémentaires de 10% sur les importations chinoises.
Les droits de douane sont au coeur de la politique économique et diplomatique du locataire de la Maison-Blanche.
Il a déjà relevé de 10% ceux sur les produits chinois, promis 25% pour ceux en provenance du Canada et du Mexique, cible aussi des blocs comme l'Union européenne (UE) et des secteurs spécifiques comme l'acier, l'aluminium, les automobiles, ou les médicaments.
Jeudi, il a annoncé que les taxes sur les importations chinoises seraient encore plus élevées à compter du 4 mars, et que les droits de douane promis au Canada et au Mexique entreraient également en vigueur à cette date.
Le président accuse les trois pays de favoriser l'entrée du fentanyl aux États-Unis, ses voisins qui ne sécurisent pas assez la frontière selon lui, et la Chine qui héberge la production de précurseurs chimiques de cet opioïde de synthèse qui fait des ravages sur le sol américain.
"Tant que ce fléau continuera ou ne sera pas sérieusement endigué, les droits de douane annoncés (à l'encontre du Canada et du Mexique) entreront en vigueur le 4 mars" et "la Chine se verra également imposer un droit de douane supplémentaire de 10% à cette date", a-t-il assuré sur son réseau Truth Social jeudi.
Pour le Canada et le Mexique, cela implique des droits de douane de 25% sur leurs exportations vers les États-Unis. Washington prévoit de moins taxer le secteur énergétique canadien, à hauteur de 10%. Le Canada représente à lui seul 60% des importations de pétrole brut des États-Unis.
- "Rejeter la faute" -
Quant aux produits chinois, tous sont déjà visés depuis début février par 10% de droits de douane additionnels, auxquels Pékin a répondu par des surtaxes ciblées sur les exportations américaines.
"C'est typiquement ce qu'on appelle vouloir rejeter la faute sur autrui et fuir ses responsabilités", a répliqué vendredi un porte-parole du ministère chinois du Commerce dans un communiqué, en réaction à l'argument de Donald Trump sur le fentanyl.
"La Chine est l'un des pays dont la politique de lutte contre les stupéfiants est la plus stricte et la plus complète au monde" et elle coopère activement "avec les États-Unis et d'autres pays du monde" à ce sujet, a-t-il souligné.
"Si les États-Unis s'obstinent à aller dans cette voie, la Chine prendra toutes les contre-mesures nécessaires pour défendre ses droits et intérêts légitimes."
Les marchés chinois plongeaient en séance vendredi matin, après un net rebond de leurs valeurs technologiques la veille.
A Hong Kong, l'indice Hang Seng reculait de 2,20% à 23.195,48 points. L'indice composite de Shanghai perdait 0,82% et celui de Shenzhen 1,58%.
"Ces droits de douane, s'ils étaient maintenus, impliqueraient un ralentissement significatif de la croissance aux États-Unis et en Chine", a prévenu Michael Wan, analyste senior de la banque japonaise MUFG.
Les différentes vagues d'annonces se cumulent, a expliqué un responsable de la Maison Blanche à l'AFP. Autrement dit, dès le 4 mars, les produits chinois seront visés par 20% de nouveaux droits de douane.
- "Jour et nuit" -
Les futures barrières douanières à l'égard du Canada et du Mexique, théoriquement protégés par un accord de libre-échange, devaient initialement entrer en vigueur début février.
Donald Trump avait fait volte-face quelques heures avant l'échéance, après des engagements de ses voisins sur la sécurisation des frontières, face aux trafiquants comme aux clandestins. Il leur avait accordé un sursis de 30 jours, jusqu'au 4 mars.
Le Canada "travaille jour et nuit" pour éviter ces droits de douane, a déclaré jeudi le Premier ministre canadien Justin Trudeau, promettant une "réponse forte, immédiate et certaine" dans le cas contraire.
"Nous espérons pouvoir parler avec le président Trump" pour le faire changer d'avis, a réagi la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, alors que 80% des exportations mexicaines partent vers les États-Unis.
Donald Trump a reçu à la Maison Blanche jeudi le Premier ministre britannique, Keir Starmer. Devant les journalistes, il a plaisanté en disant que ce dernier avait "travaillé dur" pour tenter de le convaincre de ne pas imposer de nouveaux droits de douane à son pays.
Et estimé que les deux pays pourraient "plutôt rapidement" aboutir à un "très bon accord commercial" avec lequel "les droits de douane ne seraient pas nécessaires".
Le ton est différent avec l'Union européenne. Le président américain a menacé la veille d'infliger 25% de droits de douane au bloc européen, estimant que sa raison d'être était d'"entuber" les États-Unis.
L'UE devra répliquer pour "protéger nos intérêts" et "même si c'est défavorable à l'intérêt général", a affirmé jeudi à l'AFP le ministre français de l'Économie Eric Lombard.
E.Janssens--JdB