Journal De Bruxelles - Les conservateurs vainqueurs des élections, record pour l'extrême droite

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Les conservateurs vainqueurs des élections, record pour l'extrême droite
Les conservateurs vainqueurs des élections, record pour l'extrême droite / Photo: INA FASSBENDER - AFP

Les conservateurs vainqueurs des élections, record pour l'extrême droite

Les conservateurs ont remporté dimanche les élections législatives allemandes, marquées par un score record de l'extrême droite, et immédiatement annoncé un virage radical pour émanciper l'Europe des Etats-Unis de Donald Trump en matière de sécurité.

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Les partis démocrates-chrétiens CDU et CSU, actuellement dans l'opposition, ont obtenu 28,5% des suffrages, selon les chaînes de télévision.

Leur chef de file Friedrich Merz a désormais toutes les chances de devenir le nouveau chancelier, en remplacement du social-démocrate Olaf Scholz, dont le mouvement, avec 16,5%, a enregistré son pire score de l'après-guerre.

La sensation du scrutin est venue du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) qui a doublé son score de 2021 avec 20,5%, un record.

Ces bouleversements tectoniques du paysage politique allemands surviennent au moment où la première économie européenne traverse des crises multiples qui remettent en cause son modèle de prospérité, entre récession et fossé de plus en plus profond entre l'Europe et les Etats-Unis, notamment autour de l'Ukraine.

A ce sujet, le vainqueur du scrutin, pourtant atlantiste convaincu, a d'emblée annoncé vouloir émanciper son pays du "parapluie" américain, sur lequel il compte pour sa sécurité depuis 80 ans.

Face au gouvernement de Donald Trump qui "se montre largement indifférent au sort de l'Europe", Friedrich Merz a plaidé pour "une capacité de défense européenne autonome" comme alternative à "l'Otan dans sa forme actuelle".

Ce désir d'émancipation de son allié traditionnel survient après le rapprochement amorcé par Washington avec la Russie pour forcer un règlement de la guerre en Ukraine, les menaces de hausse des droits de douane contre l'Europe et les critiques sur la liberté d'expression en Allemagne.

Le conservateur de 69 ans devra toutefois d'abord trouver des alliés pour former un nouveau gouvernement car le score de son parti ne lui permet pas de diriger seul le pays.

- "Pâques au plus tard" -

Il s'est fixé "au plus tard" la date de Pâques, soit le 20 avril pour bâtir une coalition. Les conservateurs ont dores et déjà exclu de s'allier à l'AfD, malgré les appels du pied du parti d'extrême droite d'Alice Weidel.

Après un soutien sans faille d'Elon Musk et du vice-président américain JD Vance à l'AfD pendant la campagne, le président Donald Trump s'est félicité des résultats du scrutin allemand: "C'est un grand jour pour l'Allemagne et pour les Etats-Unis d'Amérique", a dit le républicain sur sa plateforme Truth Social.

Le chef de l'Otan a quant à lui dit "se réjouir" de travailler avec Friedrich Merz en cette "période cruciale" pour la sécurité.

De son côté, le chancelier sortant Olaf Scholz a déclaré assumer la responsabilité d'une "défaite amère".

- "Très peur" -

Autre perdant de ce scrutin, les Verts, alliés au gouvernement Scholz, avec 12%.

La campagne électorale, après l'implosion en novembre de la coalition au pouvoir, s'est déroulée dans un climat intérieur pesant avec plusieurs attaques meurtrières impliquant des étrangers ces dernières semaines, qui ont ébranlé l'opinion et favorisé les mouvements de droite et d'extrême droite.

"Les gens en ont assez. Ils ne sont pas contents de la politique pratiquée par les partis traditionnels parce que les prix augmentent toujours plus (...) et les gens ont vraiment peur après la série d'attentats", dit à l'AFP Karin Kuschy, retraitée de 63 ans et électrice de l'AfD à Berlin.

A Pankow, dans le nord de Berlin, environ 200 sympathisants de l'AfD, réunis pour un barbecue, ont crié de joie à l'annonce du score de leur parti.

- Incertitudes -

Pour former le prochain gouvernement, Friedrich Merz a laissé entendre qu'il souhaiterait se tourner de préférence vers les sociaux-démocrates.

Cette alliance les deux formations qui ont dominé le paysage politique de l'après-guerre est aussi la coalition privilégiée par les Allemands, en mal de stabilité.

M. Merz a dit à cet égard vouloir éviter un attelage à trois.

Christian Pawelczyk, 25 ans et militant de la CDU, espére lui aussi une coalition avec le SPD: "Je n'ai aucune envie d'un gouvernement avec les Verts. Il faut qu'ils aillent sur le banc de touche".

Tout dépendra au final des scores des petits partis. Si le mouvement BSW, nouvelle formation de gauche antimigrants, atteint le seuil des 5% pour entrer à la chambre des députés, cela contraindrait les conservateurs à une alliance à trois pour trouver une majorité. Et pourrait entraîner une longue période d'incertitude pour le pays, au pire moment. Son score n'était pas encore établi en fin de soirée.

P.Renard--JdB