![Laurent Wauquiez, chef des députés LR, un ambitieux contrarié](https://www.journaldebruxelles.be/media/shared/articles/b2/b9/10/Laurent-Wauquiez--chef-des-d--put---417943.jpg)
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Laurent Wauquiez, chef des députés LR, un ambitieux contrarié
Laurent Wauquiez, qui vient de se déclarer candidat à la présidence de LR, est un homme ambitieux au CV brillant et à la communication millimétrée, dont la stratégie de repli a parfois dérouté son propre camp et pèse encore aujourd'hui sur sa popularité.
Député à 29 ans, membre du gouvernement à 32, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes à 40 : ce défenseur d'une droite décomplexée a connu une ascension fulgurante jusqu'à l'échec des Républicains aux Européennes de 2019, alors qu'il est chef du parti.
Il se laisse alors pousser la barbe, abandonne la parka rouge devenue sa marque de fabrique, et se replie sur la deuxième région la plus peuplée de France, dont il espère se servir de tremplin pour rebondir, quand l'heure sera venue.
Celle-ci sonne le 9 juin lorsqu'Emmanuel Macron dissout l'Assemblée nationale. Après une campagne centrée sur son ancrage local, Laurent Wauquiez est élu largement en Haute-Loire, face à un candidat RN parachuté, et prend la tête du groupe LR à la chambre basse.
"Dans la vie, il faut faire ses preuves, échouer, corriger, apprendre, repartir", lance-t-il le 25 août lors de sa rentrée politique, marquée par l'ascension du Mont Mézenc, dans son fief auvergnat, en bras de chemise, entouré de centaines de militants et élus LR.
Après le psychodrame créé par le ralliement d'Eric Ciotti au Rassemblement national, son objectif est de refonder la droite pour lui donner une chance de revenir à l'Elysée et conforter, au passage, ses visées présidentielles.
- "dévastatrice" -
Car cet homme surdiplômé - Normale Sup, agrégation d'histoire, DEA de droit public, major de promotion à l'ENA - n'a jamais caché ses ambitions. Nicolas Sarkozy lui-même s'en était agacé en 2012, estimant que son ministre avait "trop tiré la couverture à lui" sur un dossier industriel.
Mais il y a un an, l'ancien président disait aussi de Laurent Wauquiez qu'il jouait "au petit bras" en restant à l'écart de la scène nationale.
A-t-il porté le même jugement quand son ancien ministre a refusé Bercy proposé par Michel Barnier, parce qu'il préférait Beauvau ? Laurent Wauquiez a en effet dit "non", se privant de l'exposition médiatique associée à la fonction.
A l'inverse, l'ex-chef des sénateurs LR Bruno Retailleau capte la lumière au ministère de l'Intérieur, tant et si bien qu'il est perçu par les Français comme le leader de la droite (24%) loin devant Laurent Wauquiez (13%), selon l'institut Opinionway.
Lors d'un récent dîner en tête à tête, Laurent Wauquiez a demandé au Vendéen de respecter leur "accord" : "à toi d'incarner la droite au gouvernement, à moi de reconstruire notre famille politique", sinon "tu porteras la responsabilité d'allumer une guerre des chefs dévastatrice".
Cet avertissement n'a pas empêché Bruno Retailleau de se déclarer candidat à la présidence de LR et la réplique de Laurent Wauquiez pourrait être vive. "Le principe du 'W', c'est la séduction/intimidation. Un républicain qui veut faire la guerre à tout le monde", disait déjà de lui, sous couvert d'anonymat, un de ses colistiers aux régionales de 2016.
- "Opaque" -
Selon plusieurs sources, le biathlète Martin Fourcade en est la dernière victime: face à l'opposition de l'ancien président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, il s'est retiré du projet des JO d'hiver 2030, alors qu'il était favori pour présider son comité d'organisation.
Car Laurent Wauquiez, qui fêtera ses 50 ans en avril, garde la main sur les affaires de la région, où il a mis en oeuvre une politique axée sur la lutte contre les déficits publics et l'assistanat, mais aussi sur la "restauration de l'autorité" et de "l'identité".
Vidéosurveillance dans les trains et les gares, bourses scolaires au mérite, baisse du poids de la dette et des impôts... pendant huit ans, il a décliné ce programme, martelant que l'Auvergne-Rhône-Alpes est la "région la mieux gérée de France".
Mais l'ancienne ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem, conseillère régionale d'opposition fustige la gestion "opaque, et clientéliste" de Laurent Wauquiez qui a selon elle, "souvent confondu les outils de communication de la région avec sa propre communication, voire la trésorerie de la région avec ses propres besoins pour sa carrière politique".
De fait, le Parquet national financier (PNF) enquête sur un repas fastueux organisé en 2022 avec une centaine d'invités, sur des emplois parisiens mais aussi sur des sondages d'opinion, tous financés par la Région.
D.Mertens--JdB