Iles Chagos: Maurice annonce un "nouvel accord" avec le Royaume-Uni, et dit attendre Trump
Le Premier ministre de l'île Maurice Navin Ramgoolam a dit mardi être parvenu à un nouvel accord "prêt à être signé" avec le Royaume-Uni sur le contrôle des îles Chagos, archipel stratégique de l'océan Indien, mais attendre l'avis de l'administration Trump sur ce texte remanié.
Londres, qui n'a pas à ce stade confirmé cette annonce, et son ancienne colonie avaient conclu un accord en octobre dernier pour restituer les Chagos à Maurice à condition qu'une base militaire américano-britannique soit maintenue sur la plus grande île, Diego Garcia.
Arrivé au pouvoir en novembre, M. Ramgoolam a remis en cause l'accord, qui n'avait pas encore été ratifié, et rouvert les discussions pour obtenir de meilleures conditions.
Mi-janvier, en pleines négociations, le Royaume-Uni a fait savoir qu'il consulterait l'administration du président américain Donald Trump avant de finaliser l'accord, qualifié de "menace sérieuse" pour la sécurité des États-Unis par Marco Rubio avant sa prise de fonction comme secrétaire d'Etat.
"Nous sommes parvenus à un accord prêt à être signé avec la Grande-Bretagne concernant les Chagos", a déclaré M. Ramgoolam mardi devant le Parlement en réponse à une interpellation de l'opposition.
Il a affirmé avoir eu gain de cause sur la question de la souveraineté de Maurice sur tout l'archipel, y compris Diego Garcia, "le plus gros problème" dans les négociations, selon lui.
"Il fallait que ce soit sans ambiguïté, sans dilution, que nous ayons une pleine souveraineté (...) Ce n'était pas dans l'accord précédent, mais a été pris en compte dans le nouvel accord conclu avec la Grande-Bretagne", a-t-il dit, sans donner plus de détails.
Il a aussi indiqué qu'une éventuelle extension du bail de 99 ans de la base militaire serait "discutée par les deux parties" et non unilatéralement par le Royaume-Uni.
M. Ramgoolam avait également indiqué fin décembre chercher une meilleure compensation financière que celle prévue dans l'accord d'octobre.
À ce sujet, le Premier ministre a affirmé que celle-ci devrait "prendre en compte le taux d’inflation durant" les 99 ans du bail.
- "Quelques Tarzans et Vendredis" -
M. Ramgoolam a par ailleurs réitéré son intention d'attendre l'avis de l'administration Trump.
"Comme nous l'avons toujours dit et répété, à plusieurs reprises, le président Trump n'est pas un loup. Laissez-le voir si l'accord est bon ou mauvais", a-t-il dit.
"Le président vient de prendre ses fonctions (...) Il a ses propres priorités. Je ne suis pas en mesure de lui imposer un calendrier", a-t-il ajouté.
Dans l'accord proposé en octobre, le Royaume-Uni conservait un bail de 99 ans sur Diego Garcia. Moyennant le paiement de 90 millions de livres sterling par an (107 millions d'euros), selon les médias britanniques. Les deux pays avaient alors déclaré que le traité final garantirait la poursuite de la base militaire de Diego Garcia "pendant une bonne partie du siècle prochain".
En 1965, Londres a acheté les Chagos pour trois millions de livres aux institutions semi-autonomes de Maurice. L'archipel restera sous contrôle britannique après l'indépendance de l'île Maurice trois ans plus tard.
En 1966, le Royaume-Uni signe un bail de 50 ans avec les Etats-Unis les autorisant à utiliser Diego Garcia à des fins militaires.
Entre 1968 et 1973, 2.000 Chagossiens, décrits dans un câble britannique de l'époque comme "quelques Tarzans et Vendredis", sont progressivement expulsés.
La base militaire a joué un rôle stratégique en tant que plaque tournante pour les bombardiers et les navires à longue portée, notamment utilisés pendant les guerres en Afghanistan et en Irak..
X.Maes--JdB