Budget: le PS se prononce contre la censure, Bayrou bien parti pour rester à Matignon
Le PS a tranché : le bureau national du parti a décidé lundi de s'abstenir de voter la censure du gouvernement de François Bayrou qui va recourir à ses premiers 49.3 sur les budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale pour faire adopter ces textes sans vote.
Deux mois après la chute du gouvernement Barnier, François Bayrou semble donc en mesure d'assurer sa survie à Matignon, même si le Rassemblement national décidait de voter la censure.
Le texte de compromis sur le budget de l'État, dont a accouché vendredi une commission mixte paritaire (CMP) réunissant 14 députés et sénateurs, doit être examiné à partir de 16H00.
L'ensemble des députés d'opposition ont voté contre en CMP, ne laissant guère d'autre choix au Premier ministre que d'engager la responsabilité du gouvernement, en l'absence de majorité à l'Assemblée.
"Un pays comme le nôtre ne peut pas rester sans budget", a insisté M. Bayrou dans La Tribune Dimanche. Matignon a confirmé que le chef du gouvernement dégainerait deux fois l'arme constitutionnelle dès lundi, sur les deux budgets.
Et les débats devraient aussi être courts sur la première partie du budget de la Sécurité sociale qui en compte trois. M. Bayrou pourrait encore recourir deux fois cette semaine au 49.3 sur ce texte, en espérant une adoption conforme au Sénat autour des 17-18 février.
- Le PS tranche -
Le Bureau national du Parti socialiste, avec qui le gouvernement négocie depuis plusieurs semaines, s'est prononcé contre une censure de François Bayrou sur les budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale. Une majorité des députés socialistes devraient suivre.
De quoi susciter l'ire de La France insoumise, qui a annoncé de longue date une motion de censure sur le budget de l'État et qui en déposera aussi sur le budget de la Sécurité sociale.
Ces différentes motions pourraient être examinées à partir de mercredi à l'Assemblée nationale et recevoir le soutien des communistes et des écologistes.
Mais si l'ensemble des députés PS, qui se réunissaient en début d'après-midi, suit la décision du Bureau national, la censure ne pourra mathématiquement pas être prononcée.
"Un opposant qui refuse de la voter passe mécaniquement dans un soutien au budget et donc au gouvernement", a tancé en réponse le président LFI de la commission des Finances Eric Coquerel. "Traîtres", a réagi son collègue Ugo Bernalicis sur le réseau social X.
Si le PS a "arraché des concessions" sur le budget de l'Etat, elles "restent largement insuffisantes", avait reconnu dimanche le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud.
"Mais nous savons aussi que ce pays a besoin d'un budget et nous entendons les inquiétudes, les craintes des entreprises, des collectivités ou des associations", avait-il ajouté.
Deux lignes s'affrontent au sein du parti, entre ceux qui ne veulent pas laisser le pays sans budget, comme le demande l'ancien Premier ministre Lionel Jospin, et ceux qui veulent censurer notamment au nom des valeurs depuis que M. Bayrou a utilisé le terme de "sentiment de submersion" migratoire, cher à l'extrême droite.
- Le RN décidera mercredi -
Lundi, ce sont plutôt les partisans d'une non-censure qui se faisaient entendre. "Ce n'est évidemment pas un budget (de la Sécurité sociale) de gauche mais il est assurément plus acceptable que le budget Barnier", a estimé dans Les Échos Jérôme Guedj.
L'exécutif a, lui, fermé la porte à de nouvelles concessions au budget de l'Etat. La porte-parole du gouvernement Sophie Primas a confirmé sur France 2 que le texte soumis au 49.3 sera celui issu de la CMP.
Quant à une hausse du Smic, celle-ci "n'est pas à l'ordre du jour", selon la ministre du Travail Catherine Vautrin, qui l'a renvoyée à "une conférence sociale plus large", après le conclave sur les retraites.
Le RN, dont les voix sont aussi nécessaires pour aboutir à une censure, devait trancher lundi, mais a reporté sa réunion à mercredi en début d'après-midi, selon un cadre du groupe présidé par Marine Le Pen.
Le député RN Jean-Philippe Tanguy a affirmé dimanche que le budget proposé était "pire que l'absence de budget", et que lui-même souhaitait la censure. Mais il appartiendra à Marine Le Pen et à Jordan Bardella de trancher.
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F.Dubois--JdB