Les menaces commerciales de Trump perturbent l'agenda défense des 27
Les menaces de tarifs douaniers agitées par Donald Trump à l'encontre de l'Europe ont bousculé lundi l'agenda des dirigeants des pays de l'UE, réunis à Bruxelles pour tenter de doper leurs dépenses militaires face à la menace russe et sous la pression du nouveau président américain.
Cette "retraite" informelle des 27, à laquelle ont été conviés le secrétaire-général de l'Otan Mark Rutte et le Premier ministre britannique Keir Starmer, devait à l'origine être consacrée aux moyens de renforcer la défense de l'Europe, près de trois après le début de l'invasion russe de l'Ukraine.
Mais face aux propos menaçants du 47e président américain, qui vient d'imposer des droits de douane au Canada, au Mexique et la Chine, les Européens ont tenté de trouver le bon ton pour préparer une éventuelle riposte.
"Si nous étions attaqués sur les sujets commerciaux, l'Europe, comme une puissance qui se tient, devra se faire respecter et donc réagir", a lancé le président français Emmanuel Macron.
Pour d'autres, la priorité est d'éviter coûte que coûte une guerre commerciale "inutile et stupide", selon les termes du Premier ministre polonais Donald Tusk.
L'UE avait assuré dès dimanche qu'elle riposterait "fermement" si Donald Trump lui imposait des droits de douane.
Les 27 devaient ensuite retrouver le patron de l'Otan pour un déjeuner de travail.
Depuis le lancement de l'invasion russe de l'Ukraine, les pays européens ont sensiblement augmenté leurs budgets militaires. Mais ils reconnaissent aussi presque à l'unisson qu'ils ne s'arment pas encore assez vite alors que l'inquiétudes grandit face à la possibilité que Vladimir Poutine s'en prenne à l'un d'entre eux dans les années à venir.
- Au moins 5% -
La retour de Donald Trump à la Maison Blanche a donné une nouvelle dimension au débat, le tonitruant président répétant sur tous les tons que l'Europe ne doit plus tenir la protection américaine pour acquise.
Il exige désormais que les pays européens doublent au minimum leurs dépenses militaires, en y consacrant au moins 5% de leur Produit intérieur brut, un objectif jugé irréaliste pour nombre d'entre eux.
Le président a aussi promis sur les estrades de campagne de mettre rapidement fin à la guerre en Ukraine, suscitant l'inquiétude des Européens qui redoutent qu'il contraigne Kiev à accepter un mauvais accord.
Au-delà de la question de défense, Trump a multiplié les menaces, tous azimuts, envers ses alliés européens.
La Première ministre danoise Mette Frederiksen - qui vient d'effectuer une tournée de plusieurs capitales européennes - espère un message commun face aux visées du milliardaire républicain sur le Groenland, un territoire dépendant de son pays. "Le Groenland n'est pas à vendre", a-t-elle rappelé lundi à son arrivée dans la capitale belge.
Si le consensus sur la nécessité d'augmenter les dépenses de défense est là, la façon d'y parvenir reste l'objet d'âpres débats.
Bruxelles estime que le bloc devra investir 500 milliards d'euros en plus dans la défense sur la décennie à venir.
Et pour certains, comme le président Emmanuel Macron, l'Europe doit surtout financer sa propre industrie de défense. "C'est en décidant d'acheter, de préférer les achats européens qu'elle (l'Europe) sera plus indépendante, c'est assez simple", a-t-il martelé lundi.
- Grand emprunt européen -
Mais d'autres pays jugent qu'au moment où l'industrie européenne peine à soutenir la cadence, les critères ne devraient pas être trop stricts. Et acheter des armes aux Etats-Unis pourrait être un moyen de garder des relations au moins correctes avec Trump, arguent-ils.
Nombre de pays plaident aussi pour un grand emprunt européen. Mais l'Allemagne, qui se prépare à des législatives le 23 février, ne veut pas ouvrir le débat sur ce sujet politiquement sensible.
Cinq ans après le Brexit, un Premier ministre britannique fera son retour lundi dans le cercle des dirigeants européens... au moins le temps d'un dîner.
Depuis son arrivée au pouvoir en juillet, le travailliste Keir Starmer affiche sa volonté de relancer les relations avec Bruxelles et l'hypothèse d'un accord de sécurité est évoquée.
"L'Europe doit redoubler d'efforts pour écraser la machine de guerre de Poutine, alors que l'économie russe montre des signes d'affaiblissement", va dire M. Starmer devant le Conseil européen, selon un communiqué de Downing Street.
D.Mertens--JdB