Info en direct et terrorisme : l'attentat des JO de Munich en mode thriller au cinéma
En salles mercredi, "5 septembre" joue la carte du thriller pour explorer la difficulté de raconter les attentats, en montrant comment des journalistes ont été parmi les premiers à couvrir en direct une attaque terroriste à la télévision, lors des JO de Munich en 1972.
Cette compétition avait été marquée par une prise d'otages, menée contre la délégation israélienne par un commando palestinien, au cours de laquelle onze athlètes israéliens et un policier allemand avaient été tués.
Le long-métrage, avec notamment Peter Sarsgaard en journaliste, est en lice pour le Golden Globe du meilleur film.
Il retrace les dilemmes et tensions auxquels l'équipe de la télévision américaine ABC a été confrontée lorsqu'elle est passée de la couverture des épreuves d'athlétisme et de boxe à celle de l'attaque menée contre l'équipe olympique israélienne.
L'un des moments les plus tragiques de l'histoire des Jeux s'est produit alors que la télévision en direct était en plein essor, bien avant l'arrivée des chaînes d'information en continu et des diffusions live sur les réseaux sociaux.
"Les Jeux olympiques de Munich ont marqué un tournant dans l'histoire des médias, notamment en termes d'infrastructure de diffusion", a expliqué le réalisateur Tim Fehlbaum à l'AFP, lors d'un entretien à Paris.
"Nous voulions montrer comment la technologie influence les médias et, par extension, notre perception des événements."
"5 Septembre" dépeint un paysage médiatique bien différent de celui d'aujourd'hui, marqué par la désinformation en ligne et la crise des médias traditionnels.
Au début des années 1970, les caméras utilisaient encore la pellicule 16 mm, les téléphones fonctionnaient sur ligne fixe et les graphismes étaient créés manuellement - un univers que Fehlbaum, passionné de technique, a recréé avec une minutie saisissante.
Malgré les erreurs commises par l'équipe d'ABC, le réalisateur suisse-allemand de 42 ans dit les comprendre et, plus largement, comprendre les journalistes contraints de prendre des décisions en une fraction de seconde lors d'événements en direct.
"Mon respect pour ceux qui travaillent dans ce domaine n'a fait que grandir", confie-t-il. "Aujourd'hui, quand je regarde les infos ou les Jeux olympiques, je comprends l'ampleur du dispositif et le nombre de décisions qui sont prises en coulisses. C'est un exercice incroyablement difficile."
La caméra de Fehlbaum reste presque toujours confinée à la régie d'ABC, où des producteurs en sueur doivent choisir ce qui est diffusé. Les acteurs interagissent souvent avec de véritables images d'archives retransmises ce jour-là.
Le film, qui vient d'être nommé à l'Oscar du meilleur scénario, ne s'attarde pas sur les vies des victimes ni sur les motivations des auteurs de l'attaque, le groupe palestinien Septembre noir, dont cinq ont été tués dans l'assaut policier. "Nous avons voulu raconter une histoire sur les médias, à travers leur propre regard", souligne Tim Fehlbaum.
Y.Callens--JdB