Huit otages libérés à Gaza en échange de 110 prisonniers palestiniens
Trois otages israéliens et cinq Thaïlandais ont été libérés jeudi à Gaza en échange de 110 prisonniers palestiniens détenus par Israël, un processus marqué par des scènes de chaos lors de la libération de captifs dans le territoire palestinien.
Cet échange est le troisième dans le cadre de l'accord de trêve entre le Hamas et Israël conclu via les médiateurs internationaux et entré en vigueur le 19 janvier après plus de 15 mois de guerre dévastatrice à Gaza.
Libérés après près de 16 mois de captivité, les otages avaient été enlevés lors de l'attaque d'une violence et d'une ampleur sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza voisine.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait suspendu la libération des détenus palestiniens en dénonçant des "scènes choquantes" lors de la libération à Khan Younès (sud) d’Arbel Yehud, une civile de 29 ans, et de Gadi Moses, un agriculteur de 80 ans, des Germano-Israéliens enlevés au kibboutz Nir Oz dans le sud d'Israël.
Leur élargissement s'est déroulé au milieu d'une foule bruyante et survoltée, sous un important déploiement de combattants cagoulés et armés du Hamas et du Jihad islamique, près de la maison détruite de Yahya Sinouar, l'ex-chef du Hamas tué par Israël.
Des images ont montré le regard effrayé d'Arbel Yehud, escortée pendant de longues minutes dans la foule de Palestiniens par une escouade de combattants.
- "Certificat" -
"C'est une preuve supplémentaire de la cruauté inimaginable de l'organisation terroriste Hamas", a déclaré au sujet des libérations à Khan Younès M. Netanyahu qui avait proclamé son intention d'anéantir ce mouvement qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.
L'armée a diffusé une vidéo montrant Gadi Moses, apparemment en bonne forme, retrouvant les membres de sa famille, notamment sa fille en larmes. "Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour reconstruire Nir Oz", y déclare-t-il.
La première libération de jeudi, celle d'Agam Berger, une soldate israélienne de 20 ans capturée alors qu'elle faisait son service militaire près de Gaza, s'est déroulée beaucoup plus calmement.
Le visage fermé, elle a été contrainte de saluer la foule, après avoir reçu un "cadeau" de ses geôliers et un cadre doré portant le "certificat" de sa libération avant d'être remise au Comité international de la Croix-Rouge et de regagner Israël.
Au même moment, à Tel-Aviv, des manifestants portant des portraits des trois otages se sont rassemblés sur la "Place des otages" pour célébrer ces libérations, hurlant, pleurant et s'embrassant.
Les cinq Thaïlandais ont été libérés hors du cadre de l'accord de trêve.
Les huit ex-otages doivent être traités dans quatre hôpitaux distincts, selon les autorités.
- Prochaines libérations prévues samedi -
En échange, Israël a confirmé avoir libéré 110 prisonniers palestiniens.
Parmi eux, figure Zakaria al-Zoubeidi, responsable d'attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah, vu faisant le V de la victoire dans un bus emmenant les prisonniers libérés à Ramallah en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, selon des images de télévision.
Des prisonniers libérés ont été également transférés à Gaza ou à Jérusalem-Est.
De nouvelles libérations d'otages, celles de trois hommes, sont prévues samedi, selon Israël.
Les 19 et 25 janvier, sept otages israéliennes ont été libérées, contre 290 Palestiniens, dans le cadre de la première phase de l'accord de cessez-le-feu.
Durant cette phase de six semaines, 33 otages doivent être libérés en échange d'environ 1.900 Palestiniens. Les autorités israéliennes ont prévenu que ce premier groupe comprenait huit otages morts.
Le cessez-le-feu a permis un afflux de l'aide internationale dans la bande de Gaza en ruines, assiégée par Israël.
Alors que la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants du territoire ont été déplacés par la guerre, des centaines de milliers d'entre eux sont rentrés dans le nord de Gaza.
"Malgré les destructions, nous reconstruirons et grâce à la résistance nous libèrerons tous ceux qui restent en prison", a dit à Jabalia Oum Mohammad, une Palestinienne.
Durant la première phase doivent être discutées les modalités de la deuxième phase, visant à la libération des derniers otages et la fin définitive de la guerre. La dernière étape portera sur la reconstruction de Gaza et la restitution des corps des derniers otages morts.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
L'offensive israélienne lancée en représailles à Gaza a fait au moins 47.460 morts en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
X.Maes--JdB