Huit otages à Gaza libérés lors du troisième échange prévu par la trêve
Trois otages israéliens et cinq Thaïlandais ont été libérés jeudi après bientôt 16 mois de captivité dans la bande de Gaza, lors du troisième échange d'otages contre des prisonniers palestiniens prévu par le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
A Khan Younès, dans le sud du territoire, des scènes de chaos ont accompagné la libération de deux des otages israéliens, dénoncées par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
"Je vois avec effroi les scènes choquantes de la libération de nos otages. C'est une preuve supplémentaire de la cruauté inimaginable de l'organisation terroriste Hamas", a-t-il affirmé.
Agam Berger, une soldate de 20 ans capturée le 7 octobre 2023 alors qu'elle faisait son service militaire près de la bande de Gaza, a été libérée la première par le mouvement islamiste palestinien à Jabalia, dans le nord du territoire, et remise à la Croix-Rouge avant de regagner Israël.
Israël a également annoncé la libération de cinq otages thaïlandais, hors du cadre de l'accord de trêve.
Les trois otages israéliens seront échangés contre 110 Palestiniens détenus par Israël, incluant 32 condamnés à perpétuité, selon une ONG palestinienne. Les prisonniers libérés, dont 20 seront exilés, étaient attendus à Ramallah, en Cisjordanie occupée.
- Mise en scène -
Dans les ruines du camp de réfugiés de Jabalia, les combattants en armes du Hamas, bandeau vert autour du crâne, toujours présents après 15 mois d'offensive israélienne, ont mis en scène la libération d'Agam Berger.
Exhibée sur un podium, le visage fermé, la jeune femme a été contrainte de saluer la foule, après avoir reçu un "cadeau" de ses geôliers et un cadre doré portant le "certificat" de sa libération.
Un drapeau palestinien long de plusieurs mètres était déroulé sur le squelette d'un immeuble de cinq étages dont il ne reste rien de la façade. Les voitures blanches du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont ensuite quitté les lieux, selon des images tournées par l'AFP.
A Khan Younès, ce sont les hommes armés du Jihad islamique, cagoulés et vêtus de noir, qui ont libéré Arbel Yehud et Gadi Moses.
Des centaines de personnes s'étaient rassemblées dans la ville dévastée par des mois de combats, avant ces libérations organisées à proximité de la maison détruite de Yahya Sinouar, l'ex-chef du Hamas tué par l'armée israélienne.
Au même moment, à Tel-Aviv, des manifestants portant des portraits des trois otages étaient rassemblés sur la "Place des otages" pour célébrer ces libérations, hurlant de joie, pleurant et s'embrassant.
Un quatrième échange est prévu samedi, avec la libération de trois hommes, tous en vie, selon le calendrier annoncé mercredi par Israël.
Le Hamas avait cependant averti mercredi que les libérations à venir pourraient être compromises, en accusant Israël de retarder l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza prévue par l'accord de trêve. Israël a démenti.
La famille d'Agam Berger a remercié jeudi "le peuple d'Israël" pour son soutien, comme l'avait fait la veille la famille de Gadi Moses, un agriculteur qui fut l'un des fondateurs du kibboutz Nir Oz et a perdu sa compagne dans l'attaque du Hamas.
Peu avant leur libération, le Jihad islamique avait diffusé jeudi matin une brève vidéo de Gadi Moses et Arbel Yehud, se donnant une accolade et souriant.
Sept Israéliennes avaient déjà été libérées, contre 290 Palestiniens, le 19 janvier, au premier jour de la trêve, puis le 25 janvier.
- "Nous reconstruirons" -
L'accord de cessez-le-feu prévoit, durant une première phase de six semaines, la libération de 33 otages en échange d'environ 1.900 Palestiniens, mais les autorités israéliennes ont prévenu que ce premier groupe comprenait huit otages morts.
Le cessez-le-feu a permis un afflux de l'aide internationale dans le territoire assiégé par Israël, où les besoins sont immenses.
Alors que la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants du territoire ont été déplacés par la guerre, des centaines de milliers d'entre eux sont rentrés depuis lundi dans le nord, après avoir parcouru à pied des kilomètres au milieu des ruines.
Dans le camp de Jabalia, une Palestinienne, Oumm Mouhammad Ahmad, se réjouissait de voir "la résistance" toujours présente et saluait un "accord honorable". "Malgré les destructions, nous reconstruirons (...) et grâce à la résistance nous libèrerons tous ceux qui restent en prison".
Durant cette première phase de la trêve doivent être discutées les modalités de la deuxième phase, visant à la libération des derniers otages et la fin définitive de la guerre. La dernière étape portera sur la reconstruction de Gaza et la restitution des corps des derniers otages morts.
Sur 251 personnes enlevées, 87 étaient toujours retenues en otages jusqu'à ce jeudi, dont au moins 34 sont mortes selon l'armée israélienne.
L'offensive lancée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait au moins 47.317 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Y.Niessen--JdB