Journal De Bruxelles - Bélarus: Loukachenko vers un 7e mandat présidentiel, l'opposition dénonce une "farce"

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Bélarus: Loukachenko vers un 7e mandat présidentiel, l'opposition dénonce une "farce"
Bélarus: Loukachenko vers un 7e mandat présidentiel, l'opposition dénonce une "farce" / Photo: Natalia KOLESNIKOVA - AFP

Bélarus: Loukachenko vers un 7e mandat présidentiel, l'opposition dénonce une "farce"

Les Bélarusses votent dimanche lors d'une élection présidentielle sans suspense qui doit assurer un septième mandat consécutif à l'autocrate assumé Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, un scrutin qualifié de "farce" par l'opposition en exil.

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"Nous avons une démocratie brutale au Bélarus", a lancé le président de 70 ans lors d'une conférence de presse à Minsk à laquelle assistait un journaliste de l'AFP, après avoir voté pour ce scrutin dénué d'enjeu.

Le dirigeant a reconnu que les personnes qui avaient participé aux grandes manifestations inédites contre son pouvoir en 2020 avaient depuis été exclues de certains emplois, affirmant qu''ils pouvaient solliciter une grâce s'ils reconnaissent "qu'ils ont eu tort".

"Nous ne poursuivrons pas tout le monde, mais nous les surveillons", a-t-il prévenu, alors qu'il s'appuie depuis trois décennies sur le tout-puissant KGB local.

Assuré d'un nouveau scrutin de cinq ans dans cette ex-république soviétique frontalière de l'UE, de l'Ukraine et de la Russie, M. Loukachenko a aussi exclu tout dialogue avec l'opposition en exil, dont sa cheffe, Svetlana Tikhanovskaïa, l'a qualifié dimanche de "criminel".

"Ce qui se passe aujourd'hui est une farce", a-t-elle dénoncé lors d'un rassemblement à Varsovie. Seuls quatre candidats triés sur le volet par le pouvoir font de la figuration au scrutin qui se terminera à 17H00 GMT.

L'UE et les ONG de défense des droits humains ont qualifié cette élection de mise en scène, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas estimant samedi que M. Loukachenko "n'a aucune légitimité".

- "Je ne regrette rien" -

Soutenu par son allié russe Vladimir Poutine, il avait réussi il y a près de cinq ans à consolider son pouvoir avec des arrestations, des violences et de longues peines de prison visant opposants, journalistes, employés d'ONG et simples manifestants.

Selon l'ONU, plus de 300.000 Bélarusses, sur une population de neuf millions, ont fui leur pays pour des raisons politiques.

Depuis, Alexandre Loukachenko s'est rapproché de Vladimir Poutine, qu'il a qualifié dimanche de "grand frère", jusqu'à mettre à disposition de l'armée russe son territoire pour envahir l'Ukraine en 2022.

Interrogé par l'AFP sur d'éventuels regrets au vu de l'ampleur du bilan humain de l'invasion russe en trois ans, il a répondu d'un ton ferme: "Je ne regrette rien".

A Minsk, Irina Lebedeva, une retraitée de 68 ans, dit à l'AFP avoir voté pour lui. "Grâce à notre président, il y a la paix dans le pays", justifie-t-elle.

Nadejda Goujalovskaïa, 74 ans, a aussi voté pour "batka", le "père" en bélarusse. Mais elle reconnaît du bout des lèvres tant le sujet est tabou: "Peut-être que tout n'est pas parfait, que nous ne sommes pas en démocratie...".

M. Loukachenko, que certains soupçonnent de vouloir transférer le pouvoir à l'un de ses trois fils, a par ailleurs démenti la rumeur. Son plus jeune fils, Nikolaï, "ne rêverait pas dans son pire cauchemar" de devenir président et "aucun de mes fils ne le pourrait", a-t-il assuré aux journalistes.

- Alliance avec Poutine -

Face à la répression, les Occidentaux ont imposé de lourdes sanctions au Bélarus, conduisant Alexandre Loukachenko à accélérer son rapprochement avec le Kremlin, abandonnant son jeu d'équilibriste entre Moscou et l'Occident.

Illustration de cette alliance, l'armée russe a déployé au Bélarus à l'été 2023 des armes nucléaires tactiques, une menace pour Kiev mais également pour les membres de l'Otan bordant le pays (Lituanie, Lettonie, Pologne).

M. Loukachenko, ancien directeur de ferme collective, a répété dimanche vouloir recevoir sur son sol les nouveaux missiles russes hypersoniques "Orechnik", d'une portée de plusieurs milliers de kilomètres.

Les organisations de défense des droits humains estiment que le pays compte toujours plus de 1.200 prisonniers politiques.

T.Peeters--JdB