Le conseil des ministres israélien réuni pour voter sur un feu vert final à l'accord de trêve à Gaza
Le conseil des ministres israélien est réuni vendredi soir pour voter sur l'accord de cessez-le-feu avec le Hamas à Gaza, préalablement approuvé par le conseil de sécurité, ouvrant la voie au début de la trêve dimanche assortie de la libération des premiers otages en échange de détenus palestiniens.
Le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a indiqué que la réunion avait commencé en soirée, malgré le début du Shabbat, le jour de repos juif.
En dépit de l'annonce d'un accord par le Qatar et les Etats-Unis, après plus de 15 mois de guerre, l'armée israélienne a poursuivi ses frappes aériennes sur le territoire palestinien, faisant plus de cent morts depuis mercredi, selon les secours.
Après le feu vert du cabinet de sécurité, plus tôt dans la journée, l'accord final du conseiauparavantl des ministres ne semble pas faire de doute malgré l'opposition de ministres d'extrême droite.
L'accord destiné à mettre fin à la guerre prévoit dans une première phase de six semaines la libération de 33 otages retenus dans la bande de Gaza depuis le 7-Octobre, en échange de centaines de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
La fin définitive des hostilités sera négociée durant cette première phase.
De premières libérations devraient avoir lieu dimanche, a annoncé le gouvernement. Les familles des otages ont été informées et des préparatifs étaient en cours pour les accueillir.
Selon deux sources proches du Hamas, le premier groupe devrait être composé de trois femmes israéliennes.
En échange, Israël a accepté "de libérer un certain nombre de prisonniers d'importance", a indiqué une de ces sources.
Les autorités israéliennes ont désigné vendredi 95 détenus libérables dès dimanche, des femmes et mineurs en majorité, pour la plupart arrêtés après le 7-Octobre, et indiqué avoir pris des mesures pour "prévenir toute manifestation publique de joie" à leur sortie.
Deux Franco-israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, figurent dans la liste des premiers otages libérables, selon Paris.
Tous deux avaient été enlevés dans le kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, libérés lors de la première trêve en novembre 2023.
"C'est le moment que nous attendions (...), j'espère vraiment que nous verrons mon grand-père rentrer à la maison, debout, vivant", dit vendredi à Tel-Aviv Daniel Lifshitz, petit-fils d'Oded Lifshitz, 84 ans, enlevé à Nir Oz.
- "Retourner sur notre terre" -
Avant même le début de la trêve, qui doit entrer en vigueur dimanche, des déplacés palestiniens chassés par les bombes et combats se préparent à rentrer chez eux.
"Je vais (...) retirer les décombres de la maison et placer ma tente sur les gravats", anticipe Oum Khalil Bakr, réfugiée à Nousseirat.
"Nous savons qu'il fera froid et que nous n'aurons pas de couvertures pour dormir, mais ce qui importe, c'est de retourner sur notre terre", ajoute cette mère de dix enfants.
Beaucoup "trouveront leur quartier entier détruit" sans aucun service essentiel, avertit Mohamed Khatib, de l'organisation Medical Aid for Palestine à Gaza.
"La souffrance va continuer (...) mais au moins il y a un espoir", ajoute-t-il, alors que les organisations humanitaires anticipent des obstacles considérables pour venir en aide à la population.
La guerre, qui a provoqué à Gaza un niveau de destructions "sans précédent dans l'histoire récente", selon l'ONU, a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien.
Elle a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.
Au moins 46.876 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans la campagne militaire israélienne de représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
- Accord en trois phases -
L'accord, fruit de laborieuses négociations, a été débloqué à l'approche du retour lundi de Donald Trump à la Maison Blanche.
Outre les premières libérations d'otages, la première phase comprend, selon le président américain, Joe Biden, "un cessez-le-feu total", un retrait israélien des zones densément peuplées et une augmentation de l'aide humanitaire.
La deuxième phase doit permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.
Pendant la première phase seront négociées les modalités de la deuxième, à savoir "une fin définitive de la guerre", selon le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.
Le cessez-le-feu laisse en suspens l'avenir politique de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.
L'Autorité palestinienne, rivale du mouvement islamiste, est prête à "assumer pleinement ses responsabilités" à Gaza, a déclaré vendredi son président, Mahmoud Abbas dans sa première déclaration après l'annonce de l'accord.
Considérablement affaibli, le Hamas est toutefois encore loin d'être anéanti, contrairement à l'objectif qu'avait fixé Benjamin Netanyahu, selon des experts.
C.Bertrand--JdB