Six morts en Russie et un à Kiev dans des frappes de missiles croisées
Six personnes sont mortes vendredi dans une frappe ukrainienne sur la région frontalière russe de Koursk, quelques heures après une attaque russe contre Kiev qui a tué une personne et endommagé des missions diplomatiques.
En Russie, cette frappe de missiles ukrainiens, qualifiée de "massive" par le gouverneur régional, a notamment touché un centre culturel, une école, un établissement d'enseignement supérieur et des bâtiments résidentiels dans la ville de Rylsk, qui compte environ 15.000 habitants.
"Selon les données préliminaires, six personnes sont décédées, dont un enfant. 10 blessés ont été transportés à l'hôpital central de Rylsk, dont un mineur de 13 ans", a indiqué le gouverneur Alexandre Khinchteïn sur Telegram.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux russes montrent de nombreux véhicules en feu, des débris jonchant les rues et des bâtiments aux fenêtres ou aux toits éventrés.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a indiqué à l'agence de presse étatique TASS que la Russie réclamera d'évoquer cette frappe ukrainienne lors de la prochaine réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.
Selon l'armée de l'air ukrainienne, les forces russes ont tiré sur Kiev cinq missiles balistiques Iskander, dont tous ont été abattus, et 65 drones explosifs, dont 40 ont été abattus.
Une personne a été tuée et 13 blessées, selon le dernier bilan des autorités locales.
- "Attaque barbare" -
Six missions diplomatiques situées dans le même immeuble ont été endommagées: celles de l'Albanie, de l'Argentine, de l'Autorité palestinienne, de la Macédoine du Nord, du Portugal et du Monténégro, a indiqué la diplomatie ukrainienne, dénonçant une "attaque barbare".
"Une nouvelle attaque odieuse contre Kiev. Cette fois contre un bâtiment abritant l'ambassade du Portugal et d'autres services diplomatiques", a dénoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sur X.
Le gouvernement portugais a également condamné l'attaque "avec véhémence" dans un communiqué et convoqué le chargé d'affaires russe.
Kiev, qui comptait plus de trois millions d'habitants avant l'invasion russe lancée en février 2022, est régulièrement visée par des missiles et des drones explosifs mais les dégâts d'ampleur y sont plutôt rares, surtout dans le centre, la ville étant relativement bien protégée par la défense antiaérienne.
Des journalistes de l'AFP à Kiev ont entendu une série d'explosions autour de 07H00 (05H00 GMT), puis ont vu de la fumée s'élever au-dessus de plusieurs endroits.
Des "débris" de missiles sont tombés sur trois quartiers de Kiev, selon le maire Vitali Klitschko.
Viktoria, une docteure qui habite dans le quartier touché, s'est précipitée dans l'abri anti-bombes de son immeuble après l'avertissement de l'armée sur une frappe imminente.
"Même dans l'abri, des briques sont tombées sur ma tête. C'est tout simplement horrible quand les gens commencent à arriver en courant depuis la rue", a-t-elle raconté à l'AFP, clamant que les Russes "devraient brûler en enfer!"
- "Duel technologique" -
L'armée russe a de son côté dit avoir attaqué Kiev "en réponse" à une frappe menée mercredi par l'Ukraine avec des missiles occidentaux contre une usine russe.
"Une frappe groupée a été menée (...) contre le centre de contrôle (des services spéciaux ukrainiens) SBU, le bureau d'études Loutch, basé à Kiev, qui conçoit et fabrique des systèmes de missiles Neptune", a indiqué l'armée russe dans un communiqué.
Le président russe Vladimir Poutine a juré que Moscou répondrait à toutes les attaques ukrainiennes contre le sol russe menées à l'aide de missiles occidentaux, agitant même la menace de relancer son nouveau missile "Orechnik".
"Vous savez que de telles frappes sur le territoire russe ont été effectuées, et vous savez que le président a dit qu'il y aurait une réponse à chaque fois", a dit vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov.
Cette attaque sur Kiev est survenue après un échange de piques entre le maître du Kremlin et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Vladimir Poutine a proposé jeudi lors de sa grande conférence de presse annuelle un "duel" entre son missile "Orechnik", qu'il a suggéré de tirer sur la capitale ukrainienne, et des moyens de défense antiaérienne occidentaux.
"Nous organisons une telle expérience, un tel duel de hautes technologies, et nous allons voir ce qui va se passer. C'est intéressant", a-t-il dit.
"Des gens meurent, et il pense que c'est +intéressant+... Connard", a fulminé le président Zelensky sur X.
L'armée russe a par ailleurs bombardé à l'aube Kherson, grande ville du sud du pays. Au moins deux personnes ont été tuées et 10 blessées.
Dans l'est de l'Ukraine, où l'armée russe avance rapidement ces derniers mois, elle a annoncé vendredi avoir pris deux petits villages près de la ville clé de Pokrovsk.
D.Mertens--JdB