Agriculteurs: la FNSEA maintient la pression, évoque une relance de la mobilisation
La FNSEA, premier syndicat agricole français, tente de maintenir la pression en annonçant jeudi par la voix de son président la poursuite "possible" d'ici à la fin de l'année d'actions de protestation des agriculteurs, laissés sans réponse à leurs demandes sur fond de vacance gouvernementale.
"A ce stade, on avait dit qu'on ne souhaitait pas prendre les fêtes de fin d'année en otage, parce qu'encore une fois, c'est le moment où les Français vont consommer nos produits dont on est fiers. Mais force est de constater que là, on est dans l'expectative, on ne sait pas où on va et on ne peut pas attendre. Donc, il est tout à fait possible qu'on se remette en action rapidement", a déclaré Arnaud Rousseau sur RTL.
A la question "avant la fin de l'année?", il a répondu "oui bien sûr".
"Si on n'a pas de gouvernement, si le Premier ministre n'est pas nommé, si nous n'avons pas d'interlocuteur, on ne peut plus attendre un an. Un an, c'est une période raisonnable pour obtenir des réponses. Nous n'en avons pas et nous ne nous voyons pas l'horizon se dégager", a-t-il expliqué.
Pour les agriculteurs, la censure et la chute du gouvernement de Michel Barnier ont suspendu une nouvelle fois, après le hiatus de la dissolution, la concrétisation de promesses qui leur avaient été faites lors des grandes manifestations de l'hiver dernier.
- "Peur que ça dérape" -
L'ensemble de leurs syndicats ont relancé à la mi-novembre un mouvement de protestation, en ordre dispersé mais avec en commun la revendication d'un meilleur revenu et l'opposition au projet d'accord de libre-échange UE-Mercosur, sur fond aussi de campagne pour les élections aux chambres d'agriculture, en janvier.
La FNSEA et son allié, Jeunes agriculteurs (JA), avaient prévu une mobilisation en trois temps devant culminer ces 9 et 10 décembre autour du thème des revenus.
Les autorités ont toutefois constaté un tassement de la mobilisation "à l'approche des fêtes de fin d'année", marquée par "une grande difficulté pour les organisations syndicales à mobiliser sur le terrain".
Devant la vacance gouvernementale, la mobilisation s'est surtout traduite ces derniers jours par des actions devant des permanences de députés, murées ou visées par des déversements de fumier. Dans la ligne de mire, des élus du Nouveau front populaire (NFP) et du Rassemblement national (RN) ayant voté la censure du gouvernement.
Mercredi, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a condamné "fermement" ces actions qui ont visé, selon elle, plus de 30 députés en l'espace d'une semaine.
"Rien ne justifie la violence", a dit Arnaud Rousseau jeudi sur RTL. "Je ne cautionne rien qui atteigne aux biens et aux personnes. Je dis simplement qu'on ne peut pas pousser les gens à bout et s'étonner de réactions qui vont au-delà de ce qui serait raisonnable. Et je demande que soit entendue la colère agricole depuis un an (...) bien sûr qu'on a peur que ça dérape, et on n'a jamais eu aussi peur", a-t-il affirmé.
Nouvelles maladies animales décimant des troupeaux, mauvaises vendanges récoltes de céréales par endroits, annonce d'un accord Mercosur-UE - qui doit encore être ratifié... Les motifs de colère s'accumulent, combinés à la traditionnelle revendication d'un revenu à la hauteur du temps passé dans les fermes.
Avec le gouvernement Barnier, les agriculteurs avaient notamment obtenu la promesse de prêts à taux réduits pour soulager les trésoreries, d'allègements sur la fiscalité des exploitants et sur l'emploi de saisonniers. L'Office français de la biodiversité, police de l'environnement, s'est aussi vu imposer un "port d'arme discret", à la satisfaction de la FNSEA et sa rivale la Coordination rurale (CR).
B.A.Bauwens--JdB