Journal De Bruxelles - Syrie: les rebelles aux portes de Damas, les forces gouvernementales reculent

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Syrie: les rebelles aux portes de Damas, les forces gouvernementales reculent
Syrie: les rebelles aux portes de Damas, les forces gouvernementales reculent / Photo: Aref TAMMAWI - AFP

Syrie: les rebelles aux portes de Damas, les forces gouvernementales reculent

Des factions rebelles ont annoncé avoir "commencé à encercler" la capitale syrienne Damas, après avoir pris le contrôle de la province méridionale de Deraa, dans la foulée d'une offensive fulgurante qui a contraint les forces gouvernementales à abandonner plusieurs positions stratégiques.

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Dans le centre de la Syrie, les rebelles sont également aux portes de Homs, la troisième ville du pays. Au moins sept civils ont été tués samedi dans des frappes russes et syriennes près de la ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Le 27 novembre, une coalition de rebelles, menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a lancé une offensive à partir de son fief à Idleb (nord-ouest), s'emparant de dizaines de localités et des villes stratégiques d'Alep (nord) et de Hama (centre). Il s'agit de l'avancée la plus spectaculaire en 13 ans de guerre en Syrie.

Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, a déclaré à l'AFP que des combattants rebelles locaux contrôlaient désormais toute la province de Deraa, berceau du soulèvement de 2011 contre le régime de Bachar al-Assad repassée sous le contrôle du gouvernement en 2018.

Dans la foulée, les forces gouvernementales se sont retirées de localités à une dizaine de kilomètres de Damas, a affirmé l'OSDH, qui a ajouté qu'elles avaient aussi abandonné leurs positions dans la province de Qouneitra, qui borde le plateau du Golan annexé par Israël.

Plus que jamais affaibli, le président syrien Bachar al-Assad que les insurgés disent vouloir renverser, n'a pas fait d'apparition en public depuis sa rencontre dimanche dernier à Damas avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, dont le pays est un allié du gouvernement syrien.

Peu avant l'annonce de la prise de Deraa par les rebelles, l'armée syrienne avait annoncé qu'elle se redéployait dans cette province, ainsi que la province voisine de Soueida - "après que des éléments terroristes ont attaqué des points de contrôle isolés".

Les forces gouvernementales "commencent à reprendre le contrôle des provinces de Homs et de Hama face aux organisations terroristes", avait-elle aussi ajouté.

Selon l'OSDH, les forces gouvernementales avaient envoyé "d'importants renforts" près de Homs, tandis que la Russie et la Syrie ont lancé des frappes et des tirs d'artillerie sur les rebelles près de la ville.

Haidar, 37 ans, un habitant de Homs, a dit à l'AFP qu'il entendait le bruit des roquettes "24 heures sur 24".

Devant l'avancée rebelle, Hassan Abdel Ghani a invité "toutes les confessions à être rassurées, affirmant que "l'ère du sectarisme et de la tyrannie" était "révolue à jamais".

- Réunion en cours à Doha -

Le conflit en Syrie a été déclenché après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile en 2011. Il a fait plus d'un demi-million de morts et morcelé le pays en zones d'influence avec des belligérants soutenus par différentes puissances étrangères.

Principal allié du pouvoir syrien, la Russie, prise par sa guerre contre l'Ukraine, et qui dispose de bases militaires en Syrie a appelé ses citoyens à quitter le pays, de même que les Etats-Unis et la Jordanie voisine.

Autre soutien clé du régime, Téhéran a aussi commencé à évacuer son personnel militaire et des diplomates, selon le New York Times citant des responsables iraniens et de la région.

Dans ce contexte, une réunion consacrée à la Syrie a débuté à Doha entre les chefs de la diplomatie turque, russe et iranienne, dont les pays sont partenaires depuis 2017 du processus d'Astana initié pour faire taire les armes.

- "Rétablir" la confiance -

Selon le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, Bachar al-Assad, "n'a pas saisi l'occasion de dialoguer et de rétablir (la confiance) avec son peuple" pendant les années qui ont précédé l'offensive rebelle, lancée à la surprise générale.

Depuis le 27 novembre, les forces gouvernementales se sont retirées de plusieurs régions ou mené des raids aériens avec la Russie et des opérations au sol contre les secteurs insurgés.

En 2015, l'aide militaire russe avait été cruciale pour inverser le cours de la guerre et permettre à M. Assad de reprendre une grande partie du territoire. Mais les ressources de Moscou sont à présent mobilisée par son offensive en Ukraine.

Le mouvement libanais Hezbollah et l'Iran avaient aussi apporté un énorme soutien militaire à M. Assad mais ces deux acteurs sont considérablement affaiblis depuis la guerre dans la bande de Gaza et au Liban.

Une source proche du Hezbollah a toutefois annoncé samedi que le mouvement avait envoyé 2.000 combattants en renfort dans la ville de Qousseir, une de ses places-fortes en Syrie proche de la frontière avec le Liban, pour la défendre en cas d'attaque des rebelles.

Si les rebelles s'emparent de Homs, la troisième ville du pays, seules Damas et la côte méditerranéenne seront encore aux mains des forces de M. Assad, dont la famille est au pouvoir depuis plus de cinq décennies.

"Le but de la révolution, c'est de renverser ce régime", a dit vendredi à CNN Abou Mohammed al-Jolani, le chef du HTS, qui mène la coalition rebelle.

HTS est considéré comme terroriste par l'ONU, les Etats-Unis et certains pays européens.

Les violences ont fait au moins 826 morts dont une centaine de civils depuis le 27 novembre, selon l'OSDH, et au moins 370.000 personnes ont été déplacées d'après l'ONU.

A.Parmentier--JdB