Les drones, arme incontournable du combat naval moderne
Des essaims de micro-drones à l'hélicoptère autonome en passant par une arme pour "griller" les engins ennemis: l'innovation dans le combat naval passe par les drones, omniprésents au salon de défense Euronaval à Villepinte, près de Paris.
"Il y a un retard dans les drones tout milieu qu'on est en train de combler", résume Emmanuel Chiva, le délégué général pour l'armement du ministère français des Armées en marge du salon international qui se termine jeudi.
Les conflits en cours avec l'utilisation des drones donnent du fil à retordre à l'industrie: deux coalitions occidentales font face aux attaques des Houthis yéménites armés par l’Iran contre le trafic maritime en mer Rouge tandis que l'Ukraine a réussi a détruire un tiers de la flotte russe de la mer Noire et l'a poussée à quitter la Crimée.
Mercredi, Kiev a assuré avoir effectué sa première frappe réussie avec des drones explosifs sur des navires russes en mer Caspienne, située à 1.500 kilomètres de la frontière ukrainienne.
Ces conflits montrent une nouvelle nature du combat naval, selon M. Chiva qui prédit une "dronisation massive" des marines.
- Grille-drone -
"Le drone doit se considérer dans sa double dimension: quelle est la capacité qu'il apporte et comment on lutte contre" ceux des adversaires, déclare à l'AFP l'amiral Eric Chaperon, conseiller défense de Thales.
Le groupe de haute technologie qui fournit des équipements à 50 marines du monde propose les deux.
L'une des innovations est une arme électromagnétique "qui va griller l'électronique du drone", explique Eric Chapon: "Les drones qui se trouvent dans le cône de l'arme tombent en une seconde."
Le groupe met également l'accent sur l'intelligence artificielle "frugale" pouvant être embarquée sur des drones et des solutions de connectivité et d'interopérabilité, ce qui a été expérimenté lors d'exercices au Portugal en septembre avec plusieurs pays de l'Otan.
"Une soixantaine de drones ont été déployés dans les airs, en surface et sous la mer pour des missions parfois simultanées de lutte sous-marine, de guerre des mines et de surveillance", raconte à l'AFP Nicolas Kuhl de Thales qui a participé à ces exercices.
- Complémentarité -
Naval group développe pour sa part des drones sous-marins de "longue endurance jusqu'à plusieurs semaines" et "une autonomie décisionnelle extrêmement poussée", explique à l'AFP Pierre-Antoine Fliche, responsable des drones de Naval group.
"Plutôt que de pré-programmer un nombre de tâches, on va donner des ordres de haut niveau: va là-bas, prends une image et reviens si elle n'est pas floue, sois discret, sois agressif", ajoute-t-il.
Les drones "ne remplaceront jamais les navires de combats avec équipage, mais permettront à ces navires d'avoir une capacité élargie", souligne à l'AFP Pierre-Eric Pommellet, le patron de Naval group.
Même son de cloche chez Airbus qui mise sur la complémentarité de ses produits.
"L'élément nouveau qu'on voit à la fois sur les mers et sur les terres, c'est finalement l'enjeu de la complémentarité drone-hélicoptère", déclare à l'AFP Bruno Even, le PDG d'Airbus Helicopters.
Son VSR 700 est un petit hélicoptère "dronisé", opérable à partir du bateau et qui peut voler jusqu'à 8 heures contre 2 pour un hélicoptère. Il est capable de réaliser des missions sans exposer les pilotes, par exemple trouver un bateau ennemi, envoyer les coordonnées à la frégate qui va pouvoir tirer des missiles.
- Success story des start-up -
La division défense d'Airbus est pour sa part chargée du développement d'Eurodrone, un drone d'observation pour combler le retard de l'Europe pour ce type d'appareils déjà exploités par les Etats-Unis et Israël et qui doit être mis en service à la fin de la décennie, souligne Jean-Brice Dumont, responsable d'Airbus défense.
Pour des drones moins sophistiqués et plus rapidement disponibles comme Flexrotor ou Aliaca, Airbus les confie à des PME ou start-up qu'il a rachetées.
Une flexibilité qui présente des atouts comme le témoigne l'histoire d'Arkeocean, une entreprise familiale d'une trentaine de salariés qui fabrique des essaims de micro-drones sous-marins pour le renseignement acoustique.
"Un micro-drone qui fait 80 cm de long par 35 de large, qui dérive dans le courant, il extrêmement difficile de le détecter", souligne Virginie Brizard, responsable d'Arkeocean qui a décroché un contrat de défense pendant le salon.
"Tout à fait impressionnant, c'est l'avenir de nos essaims sous-marins", s'enthousiasme Emmanuel Chiva.
Y.Simon--JdB