Harris ou Trump: suspense total en Amérique
La nuit promet d'être longue: les résultats tombent au compte-gouttes mardi sans qu'un vainqueur évident ne se dégage dans le duel haletant entre Kamala Harris et Donald Trump pour la Maison Blanche.
Dans un pays traversé par les tensions, les Américains sont rivés sur leurs écrans tandis que la carte du pays se colore de rouge, la couleur des républicains, et de bleu, celle des démocrates.
Mais pour l'heure, aucune surprise.
Les deux candidats ont engrangé selon les médias une série d'Etats qui leur étaient promis: le Texas, le Kentucky, la Virginie-Occidentale, la Floride, le Missouri, l'Oklahoma, le Mississippi ou la Louisiane pour l'ancien président républicain. New York, l'Illinois, le Vermont, le Massachusetts, le Colorado et la capitale Washington pour la vice-présidente démocrate.
Le suspense reste entier dans tous les "swing states", ces Etats susceptibles de faire basculer le résultat de l'élection.
Nul ne sait s'il faudra des heures ou des jours avant que les médias n'attribuent la victoire finale à Kamala Harris, qui serait la première femme élue à ce poste, ou à Donald Trump, qui n'a jamais reconnu sa défaite en 2020.
Le tribun républicain, condamné au pénal et visé par de multiples poursuites, a évoqué mardi des "rumeurs" selon lesquelles les opérations de vote à Philadelphie, dans l'Etat très disputé de Pennsylvanie, étaient parasitées par des "fraudes massives", des accusations immédiatement démenties par les autorités.
- Le monde entier -
Le monde entier attend l'issue du duel, au terme d'une campagne inouïe marquée par l'entrée en lice fracassante de Kamala Harris en juillet après le retrait du président Joe Biden, et par deux tentatives d'assassinat visant Donald Trump.
Derrière ces deux candidats, se sont rangées deux Amériques apparemment irréconciliables, chacune persuadée que l'autre camp mènerait le pays au désastre.
Kamala Harris a peint son rival en dictateur "fasciste" en puissance et en danger pour les droits des femmes.
Elle a multiplié les messages sur les radios d’autoroutes pour exhorter les Américains à voter jusqu'à la dernière minute, tandis que son équipe de campagne distille des informations optimistes sur la mobilisation des jeunes électeurs, ou d'électeurs de certaines zones cruciales.
"Nous allons gagner" avait-elle martelé lundi.
Donald Trump a décrit son adversaire comme une dirigeante faible et "bête", laxiste face à l'immigration illégale et la criminalité.
"Nous allons gagner, et de loin", a-t-il affirmé, lui aussi, sur son réseau Truth Social.
- "Anxiété" -
A l'université historiquement noire de Howard, à Washington, des milliers de personnes se sont réunies pour entendre la candidate démocrate, qui doit s'exprimer plus tard.
Camille Franklin, très émue, dit qu'elle essaie de "contenir son anxiété" mais s'attend à vivre "une très bonne soirée".
Tonalité tout autre dans le centre de convention de Palm Beach en Floride, où Donald Trump organise sa soirée électorale, et où se pressent des partisans coiffés de l'incontournable casquette rouge.
Rocco Talarico, 68 ans, n'a aucun doute: "Donald Trump va gagner. Nous avons besoin de cela parce que notre pays n'a plus de frontières, notre criminalité est mauvaise, notre marché boursier est mauvais, les prix de l'essence et de la nourriture sont élevés."
A travers le pays, la tension qui entoure le scrutin est visible: dans certains bureaux de vote transformés en forteresses, dans les hautes barricades qui entourent la Maison Blanche, dans ces devantures de magasins barricadées à Washington, où le souvenir de l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021 par des partisans de Donald Trump est encore vif.
- Sept Etats disputés -
Dans deux "swing states", la Géorgie et la Pennsylvanie, de fausses alertes à la bombe ont visé des bureaux de vote, selon les autorités.
Les Américains votent aussi pour décider si les démocrates ou les républicains contrôleront le Congrès, et pour choisir certains gouverneurs.
Les républicains ont remporté mardi au Sénat américain un siège auparavant acquis aux démocrates, dans l'Etat de Virginie-Occidentale, ce qui était attendu.
Les démocrates ont actuellement une très courte majorité au Sénat (51 sièges contre 49), et tout siège repris par les républicains met en danger leurs chances de la conserver.
La question très polarisante de l'avortement fait l'objet de plusieurs référendums. Dans l'un des plus suivis, en Floride, une proposition visant à réinstaurer la possibilité de réaliser un avortement jusqu'à environ 24 semaines de grossesse, au lieu de six actuellement, n'a pas recueilli assez de voix pour l'emporter.
Il s'agit du premier échec d'un scrutin direct sur l'avortement aux Etats-Unis depuis que la Cour suprême a annulé la protection fédérale du droit à l'avortement en juin 2022.
M.Kohnen--JdB