Journal De Bruxelles - Japon: le vote pour les législatives a débuté, la majorité du Premier ministre menacée

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Japon: le vote pour les législatives a débuté, la majorité du Premier ministre menacée
Japon: le vote pour les législatives a débuté, la majorité du Premier ministre menacée / Photo: Yuichi YAMAZAKI - AFP

Japon: le vote pour les législatives a débuté, la majorité du Premier ministre menacée

Les bureaux de vote ont ouvert dimanche au Japon pour des élections législatives annoncées particulièrement ardues pour le parti du nouveau Premier ministre Shigeru Ishiba, qui risque selon des sondages de perdre sa majorité au Parlement.

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M. Ishiba, 67 ans, a lui-même convoqué ce scrutin anticipé peu après être devenu Premier ministre le 1er octobre, espérant bénéficier d'un état de grâce auprès des électeurs pour consolider son pouvoir.

Mais son Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice), empêtré dans un scandale de "caisses noires", pourrait peiner avec son partenaire de coalition du Komeito (centre droit) à obtenir une majorité absolue --233 sièges sur 465-- à la chambre basse du Parlement, selon plusieurs sondages.

Un tel résultat serait quasiment inédit dans l'histoire du PLD, qui a réussi à se maintenir au pouvoir pendant la quasi-totalité de ses 69 années d'existence.

Shigeru Ishiba a assuré samedi lors d'un meeting de campagne à Tokyo que le PLD voulait "repartir sur de nouvelles bases en tant que parti équitable, juste et sincère".

Le dirigeant a promis aux électeurs "un nouveau Japon", espérant appliquer son programme de renforcement de la sécurité et de la défense, de soutien accru aux ménages à faibles revenus et de revitalisation des campagnes japonaises.

- Parti "orgueilleux" -

Mais le PLD peine à tourner la page de son scandale de financement, qui avait déjà contribué à l'impopularité du précédent Premier ministre, Fumio Kishida.

Alors que Shigeru Ishiba s'était engagé à ne pas soutenir la campagne des membres incriminés, le quotidien Asahi a rapporté que le PLD avait versé 20 millions de yens (122.000 euros) aux sections locales dirigées par ces responsables, provoquant la fureur de l'opposition et amplifiant les doutes sur l'issue du scrutin de dimanche.

Hitomi Hisano, un électeur indécis de 69 ans, a déclaré samedi à l'AFP à Tokyo que ce scandale serait un facteur important de son vote.

"Le PLD est au pouvoir depuis trop longtemps" et est devenu "orgueilleux", a-t-il jugé. "Une partie de moi veut donc les punir. Mais "il n'y a pas d'autres partis suffisamment fiables", a-t-il regretté.

Shigeru Ishiba est également critiqué pour avoir fait marche arrière sur plusieurs sujets depuis son élection, comme la possibilité pour un couple marié de ne pas porter le même nom de famille, ou une plus forte taxation des plus-values.

Selon des médias locaux, M. Ishiba pourrait quitter son poste immédiatement en cas de défaite électorale afin d'en assumer la responsabilité, et deviendrait alors le Premier ministre resté le moins longtemps aux affaires dans le pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le record est actuellement détenu par Naruhiko Higashikuni, avec 54 jours en poste en 1945. M. Ishiba est dimanche au 26e jour de son mandat.

- Opposition divisée -

L'incertitude politique provoquée par un éventuel revers électoral du PLD pourrait notamment affoler les marchés financiers, peu habitués à ce cas de figure, prévoient des analystes.

Selon l'ampleur de la défaite, le stratégiste Masahiro Ichikawa de Sumitomo Mitsui DS estime ainsi que la Bourse de Tokyo risque de "chuter considérablement".

L'ancien Premier ministre Yoshihiko Noda, à la tête du Parti démocratique constitutionnel (PDC), la principale force d'opposition parlementaire, a critiqué samedi "la politique du PLD consistant à mettre en œuvre rapidement des mesures pour ceux qui leur donnent beaucoup d'argent".

"Une majorité de Japonais font confiance à M. Noda", dont le positionnement "n'est pas si différent de celui du PLD. "C'est fondamentalement un conservateur, à la politique très pragmatique", a souligné Masato Kamikubo, professeur de sciences politiques à l'université Ritsumeikan.

Mais une victoire du PDC est cependant "difficile car l'opposition est très divisée", a-t-il déclaré à l'AFP.

Un total de 1.344 candidats sont en lice dans le pays dimanche, parmi lesquels une faible proportion de femmes --23,4%--, ce qui marque néanmoins un record dans un pays marqué par de fortes inégalités de genre.

D.Verstraete--JdB