Journal De Bruxelles - L'Autriche aux urnes, l'extrême droite espère une victoire historique

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L'Autriche aux urnes, l'extrême droite espère une victoire historique
L'Autriche aux urnes, l'extrême droite espère une victoire historique / Photo: Joe Klamar - AFP

L'Autriche aux urnes, l'extrême droite espère une victoire historique

Après cinq ans d'un tandem inédit écolo-conservateur, l'extrême droite devrait revenir en force en Autriche pour signer peut-être un succès historique : plus de six millions d'électeurs élisent dimanche leurs députés lors de législatives qui s'annoncent serrées.

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"J'ai un bon pressentiment. L'atmosphère est positive et je crois qu'on va transformer l'essai dans les urnes", a déclaré le chef du Parti de la Liberté (FPÖ) Herbert Kickl après avoir voté à Purkersdorf, dans les environs de Vienne.

Statu quo ou "cinq bonnes années, voilà la question", a-t-il lancé, reprenant son slogan de campagne.

Dans un contexte de montée des partis radicaux en Europe, les sondages donnent cette formation fondée par d'anciens nazis à 27%, suivie de près par les conservateurs de l'ÖVP (25%).

Les premières estimations sont attendues peu après la clôture du scrutin à 17H00 (15H00 GMT).

Une première place pour l'extrême droite provoquerait un séisme dans le pays alpin, de l'avis des analystes, car si elle a déjà goûté au pouvoir, elle n'a encore jamais fini en tête d'un scrutin national.

Mais M. Kickl, si extrême qu'aucun parti ne veut gouverner avec lui, est loin d'être assuré d'accéder à la chancellerie.

"Il attise les peurs, le FPÖ s'agite toujours et n'a jamais rien de constructif à apporter", estime Theres Friesacher, une chercheuse de 29 ans interrogée par l'AFP dans la capitale, rappelant le chaos et les "histoires de corruption" à chacun de leur passage au gouvernement.

- "Volkskanzler" -

Laminé en 2019 par le retentissant scandale de l'Ibizagate, le parti a remonté la pente sous l'impulsion d'un Herbert Kickl peu prédestiné pourtant à être dans la lumière et qui a prospéré sur les peurs sociales et économiques traversant le continent.

Proche de certains groupuscules décriés, celui qui veut, au pays natal d'Adolf Hitler, se faire appeler comme lui "Volkskanzler" (chancelier du peuple), a repris à son compte le terme de "remigration", avec comme projet de déchoir de leur nationalité et d'expulser des Autrichiens d'origine étrangère.

En 2015, le pays a été une destination privilégiée des réfugiés lors de la grande vague historique et il l'est resté depuis.

Cet ex-ministre de l'Intérieur, âgé de 55 ans, a aussi su attirer les antivax avec ses propos conspirationnistes contre les mesures anti-Covid, les plus démunis touchés par l'inflation et tous ceux sensibles à la neutralité autrichienne en condamnant les sanctions contre la Russie.

Dans la foule de ses partisans, Walter Gerhard Piranty, cafetier de 54 ans, apprécie le côté "ascète" de "ce sportif, qui ne se drogue pas et ne boit pas d'alcool", d'autres saluant son "écoute", sa sensibilité à leurs problèmes du quotidien.

En face, le chancelier Karl Nehammer, chef de file des conservateurs, a réduit l'écart ces dernières semaines en jouant la carte d'un parti "au centre" de l'échiquier politique, en dépit de positions très tranchées sur l'immigration.

- Du vert au bleu ou rouge ? -

En votant dimanche matin, cet ancien lieutenant de 51 ans, à la carrure imposante, a appelé de nouveau à choisir "une politique de stabilité" et à barrer la route aux "voix radicales". "L'enjeu est de taille", a-t-il insisté, évoquant un scrutin décisif pour l'avenir de l'Europe et la guerre en Ukraine.

Malgré une chute attendue de plus de dix points comparé au scrutin de 2019, l'ÖVP, au pouvoir depuis 1987, devrait sauf surprise conserver la chancellerie, mais les tractations seront longues pour trouver des partenaires.

Si M. Nehammer répète qu'il ne veut pas s'allier avec Herbert Kickl, il ne rejette pas une éventuelle coalition avec les "bleus" du FPÖ, comme en 2000 et 2017.

Parmi les 6,3 millions d'électeurs, beaucoup tablent sur ce scénario, comme Bernd Lunglmayr, un consultant en santé de 48 ans. "Toute autre issue me surprendrait beaucoup", dit-il, se disant "inquiet". "En Autriche, la mémoire politique est courte" et "la tendance est aux partis populistes dans le monde occidental, en cette période de crises".

Paradoxalement, en cas de large victoire du FPÖ, les conservateurs n'accepteront pas d'être le partenaire minoritaire, pronostiquent les experts. Ils préféreront sans doute s'associer avec les "rouges" sociaux-démocrates (20%) et les libéraux de Neos - un format à trois serait une première en Autriche.

Avec les Verts, en net recul (8%), les sujets de discorde sont nombreux et le divorce semble consommé.

I.Servais--JdB