Journal De Bruxelles - Russie : un an après, fleurs et hommages pour commémorer la mort du chef de Wagner

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Russie : un an après, fleurs et hommages pour commémorer la mort du chef de Wagner
Russie : un an après, fleurs et hommages pour commémorer la mort du chef de Wagner / Photo: Olga MALTSEVA - AFP

Russie : un an après, fleurs et hommages pour commémorer la mort du chef de Wagner

"Un coup dur". Un an jour pour jour après sa mort, des Russes de tous âges, en civil ou en uniforme, ont célébré vendredi la mémoire d'Evguéni Prigojine, le chef du groupe paramilitaire Wagner, qui a osé tenir tête à Vladimir Poutine.

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Le monument improvisé se dresse sur un trottoir de Moscou, à quelques centaines de mètres du Kremlin seulement.

Des fleurs, souvent des roses rouges et blanches, s'entassent au pied d'un mur de photos en noir et blanc ou en couleurs, celles d'hommes de Wagner tombés au combat.

Au-dessus, des drapeaux forment un patchwork multicolore : l'étendard russe bien sûr mais aussi des têtes de mort -un des sigles de Wagner-, un visage christique ou encore un drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau.

Ancien détenu de droit commun devenu un homme d'affaires proche du Kremlin, Evguéni Prigojine est mort le 23 août 2023 dans un accident d'avion aux circonstances troubles.

- "Un coup dur" -

Deux mois plus tôt, les combattants de Wagner s'étaient rebellés contre le pouvoir et avaient marché sur la capitale russe.

Accusé de "trahison" par Vladimir Poutine, leur chef avait finalement fait volte-face et leur avait ordonné de "rentrer" dans leurs camps.

Aujourd'hui, il reste vénéré par de nombreux Russes qui voient en lui un patriote.

Sa mort ? "Pour moi, c'est un coup dur", témoigne un homme au visage dissimulé qui souhaite rester anonyme.

"Il a essayé de dire les choses telles qu'elles sont", ajoute-t-il , qualifiant la mutinerie d'"erreur" mais louant le fondateur de Wagner pour avoir osé dire la vérité au pouvoir.

Connu pour ses prises de parole directes et fleuries, Evguéni Prigojine a recruté des dizaines de milliers d'hommes, dont beaucoup étaient des détenus, pour livrer certains des combats les plus sanglants de l'offensive russe en Ukraine.

Des milliers de combattants de son groupe ont ainsi été tués en 2023 au cours la bataille pour Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine, un assaut que lui-même a qualifié de "hachoir à viande" et qui s'est soldé par la destruction complète de cette ville.

"Pour moi, c'est le courage, le charisme, l'héroïsme", s'enflamme Alexeï Bogomolov, un étudiant de 23 ans se recueillant devant le mémorial.

"Et pour ce qui est d'Evguéni Prigojine, pour être honnête, je crois de tout mon coeur qu'il est toujours vivant", ajoute-t-il.

- Une fraternité -

Après avoir fait la connaissance de Vladimir Poutine dans les années 1990, Evguéni Prigojine a dirigé des entreprises de restauration au service du Kremlin.

Surnommé le "cuisinier de Poutine", son influence a rapidement grandi. Son compte en banque aussi, gonflé par les millions de dollars de contrats gouvernementaux décrochés par ses sociétés.

Il aurait fondé le groupe Wagner en 2014, avec l'ancien officier de l'armée Dmitri Outkine, pour soutenir les paramilitaires russes dans l'est de l'Ukraine.

Les deux hommes ont été tués lorsque leur avion s'est écrasé entre Moscou et Saint-Pétersbourg.

Soldat de Wagner venu lui aussi pour un hommage, Ivan Glouchkov confie que la date de la mort d'Evguéni Prigojine est marquée d'une pierre blanche dans le calendrier de son unité militaire.

"Wagner, c'est une fraternité avec une majuscule", dit cet homme de 41 ans. "Je n'ai pas d'autres mots. Aussi unis que des frères dans une famille".

Après l'accident d'avion, dans lequel le Kremlin a catégoriquement nié avoir eu la moindre implication, le président russe a fait un éloge ambigu du défunt, le qualifiant d'"homme d'affaires talentueux" mais ayant commis de "graves erreurs".

Si la rébellion de Wagner a été le plus grand défi lancé à Vladimir Poutine en près d'un quart de siècle d'exercice du pouvoir, nombreux sont ses compatriotes qui considèrent toujours Evguéni Prigojine et ses combattants comme des héros.

"Ils étaient là pour que nous puissions vivre en paix ici", s'exclame Svetlana, 39 ans, une bénévole au mémorial. "Le sens de leur vie était de servir la patrie".

K.Willems--JdB