Journal De Bruxelles - La Russie entame "une nouvelle phase" de sa guerre en Ukraine, les Occidentaux annoncent de "nouvelles sanctions"

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La Russie entame "une nouvelle phase" de sa guerre en Ukraine, les Occidentaux annoncent de "nouvelles sanctions"
La Russie entame "une nouvelle phase" de sa guerre en Ukraine, les Occidentaux annoncent de "nouvelles sanctions" / Photo: Genya SAVILOV - AFP

La Russie entame "une nouvelle phase" de sa guerre en Ukraine, les Occidentaux annoncent de "nouvelles sanctions"

La Russie a ouvert mardi par une série de frappes sur l'Est de l'Ukraine une "nouvelle phase" de la guerre qu'elle a déclenché en février, au moment où Américains et Européens se déclarent prêts à lui imposer "de nouvelles sanctions".

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Au lendemain de l'annonce par Kiev d'une nouvelle offensive d'ampleur de Moscou dans l'Est, les forces armées ukrainiennes ont confirmé que les Russes avaient "intensifié leur offensive" le long de la ligne de front dans l'Est du pays.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé qu'une "nouvelle phase de l'opération" militaire russe avait commencé.

Les forces aériennes russes ont tiré des "missiles de haute précision" et neutralisé treize places fortes de l'armée ukrainienne, a affirmé son ministère, appelant les Ukrainiens à la reddition.

Les autorités locales ukrainiennes ont appelé les habitants à fuir cet "enfer", malgré l'absence de couloirs humanitaires.

La "bataille pour le Donbass" a commencé, a affirmé lundi le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "Une très grande partie de l'ensemble de l'armée russe est désormais consacrée à cette offensive."

Selon un haut responsable américain du département de la Défense, la Russie a augmenté sa présence militaire dans l'est et le sud de l'Ukraine, portant à 76 le total de bataillons dans le pays.

Cette nouvelle offensive russe a été dénoncée, depuis New York, par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui a demandé aux deux parties de stopper les combats pour une "pause humanitaire" de quatre jours à l'occasion de la Pâque orthodoxe.

- "L'enfer" -

L'AFP a vu des bus transportant des militaires ukrainiens se diriger vers Kramatorsk, la capitale du Donbass.

"C'est l'enfer", s'est ému lundi soir sur Facebook le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï. Les combats "sont incessants" dans plusieurs villes.

"Partez!", a-t-il ordonné mardi à ses concitoyens. "Des milliers d'habitants de Kreminna n'ont pas eu le temps de partir et maintenant, ils sont otages des Russes."

Kreminna, qui comptait environ 18.000 habitants avant la guerre et est située à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Kramatorsk, est tombée aux mains des Russes, selon lui.

Des combats ont lieu également à Roubijné (15 km à l'est de Kreminna) et à Popasna (75 km au sud), selon M. Gaïdaï, qui a évoqué un bilan de 200 morts.

L'armée russe "concentre ses efforts" pour s'emparer de Marioupol (sud-est), Popasna, Roubijné, Severodonetsk - tout près de Lyssytchansk, dont le maire Oleksandr Zaïka a qualifié sur Telegram la situation de "très, très tendue".

Faute d'accord avec les Russes, aucun couloir d'évacuation de civils n'a pu être organisé mardi dans le pays, et ce pour la troisième journée consécutive, a indiqué mardi matin la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.

La Russie a cependant annoncé peu après avoir ouvert un couloir censé permettre aux forces ukrainiennes ayant décidé de se rendre de sortir de Marioupol, port stratégique sur la mer d'Azov, assiégé depuis début mars par les troupes russes.

- Nouvel ultimatum -

Dans cette ville où les autorités craignent la mort de 20.000 à 22.000 civils, les combats se concentrent autour du complexe métallurgique d'Azovstal.

Des combattants ukrainiens y sont retranchés, mais aussi "au moins mille civils, la plupart des femmes, des enfants et des personnes âgées, dans les abris souterrains" de l'usine, a affirmé mardi le conseil municipal de Marioupol sur Telegram.

"Il y a des combats en cours, des combats de rue (...) mais aussi des combats de chars", a affirmé M. Kyrylenko sur CNN.

La Russie, qui a appelé mardi les défenseurs de Marioupol à cesser "leur résistance insensée" après un premier ultimatum dimanche, est déterminée à s'emparer de ce port.

A l'issue d'une visioconférence organisée par le président américain Joe Biden, qui a réuni les dirigeants français Emmanuel Macron, britannique Boris Johnson, allemand Olaf Scholz, roumain Klaus Iohannis, polonais Andrzej Duda, italien Mario Draghi, canadien Justin Trudeau et japonais Fumio Kishida, le gouvernement italien a indiqué que les USA et l'Union européenne sont parvenus à "un large consensus sur la nécessité d'accentuer la pression sur le Kremlin, notamment à travers l'adoption de nouvelles sanctions".

Les alliés sont aussi tombés d'accord sur la nécessité "d'accroître l'isolement international de Moscou", a précisé le gouvernement italien.

L'annonce italienne a été confirmée par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans un tweet: "Nous renforcerons de nouveau nos sanctions contre la Russie".

S'exprimant devant la presse en Allemagne après cette réunion, le chancelier Olaf Scholz a également estimé que le président Poutine portait la responsabilité des "crimes de guerre" en Ukraine.

"L'invasion russe de la Russie est une rupture éclatante du droit international" et la mort de milliers de civils "des crimes de guerre dont le président russe porte la responsabilité", a-t-il dit.

- Combats sur tous les fronts -

Sur le terrain, la Russie a aussi fait état de dizaines d'autres frappes de missiles dans le sud de l'Ukraine, autre ligne de front.

Moscou, qui occupe déjà la ville de Kherson, "concentre ses forces" pour avancer vers la région de Mykolaïv, plus à l'ouest, où les bombardements se sont intensifiés, a indiqué mardi Natalia Goumeniouk, porte-parole du commandement sud des forces armées ukrainiennes.

"Tout le monde s'attendait à une offensive comme le 24 février avec une grande force terrible", a cependant souligné mardi le conseiller de la présidence ukrainienne, Oleksiy Arestovytch. "Or, elle se déroule prudemment. Ce sont des unités russes qui tentent d'avancer. Dans le Sud, ils tentent de nous encercler, cela a commencé avant-hier."

- Prisonniers libérés, diplomates expulsés -

Soixante-seize Ukrainiens ont été libérés dans un nouvel échange de prisonniers avec la Russie, a annoncé Kiev mardi, sans révéler le nombre de Russes libérés. Moscou n'a pas confirmé cet échange.

La Russie a en revanche, indiqué avoir expulsé 36 diplomates belges et néerlandais, en représailles à une mesure similaire prise par Bruxelles et La Haye.

Un haut responsable européen, sous couvert d'anonymat, a par ailleurs estimé entre "10 à 20.000" le nombre de mercenaires de la société paramilitaire russe Wagner ou de combattants syriens et libyens engagés aux côtés des forces russes.

Il précise avoir constaté des "transferts, de zones comme la Syrie et la Libye, vers la région est du Donbass".

- "Ondes sismiques" économiques -

La guerre en Ukraine, qui a poussé près de cinq millions d'Ukrainiens à fuir leur pays, a déclenché des "ondes sismiques" pour l'économie mondiale, a prévenu Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du Fonds monétaire international (FMI).

La croissance de l'UE devrait notamment ralentir à 2,8% cette année, celle des Etats-Unis à 3,7% (-0,3 point). L'économie russe, soumise à des sanctions occidentales inédites, devrait elle se contracter de 8,5%, et le PIB ukrainien chuter de 35%.

burs-all/cat/mm/fio

A.Martin--JdB