Présidentielle: Mélenchon et Pécresse mobilisent pour le sprint final
Appel à "renverser la table" pour Valérie Pécresse, "vote efficace" pour Jean-Luc Mélenchon: plusieurs candidats, après Emmanuel Macron, ont galvanisé dimanche leurs troupes, alors que débute le sprint final une semaine avant le premier tour de la présidentielle.
C'est la dernière ligne droite dans cette campagne hors norme touchée de plein fouet par la crise du Covid puis la guerre en Ukraine. Avec un défi de taille pour les 12 prétendants à l’Élysée: battre le rappel de leurs partisans, aller chercher les indécis et ceux tentés par l'abstention qui pourrait atteindre des niveaux historiques.
Selon une enquête Ipsos, elle pourrait grimper le 10 avril à 30%, soit le niveau le plus haut pour un premier tour d'une présidentielle sous la Vème République. Battant ainsi le record de 2002 (28,4%) qui avait vu le candidat d'extrême droite Jean-Marie Le Pen se qualifier pour la première fois au second tour. Elle toucherait en premier lieu la gauche et les classes populaires.
Les derniers jours de campagne sont électrisés par un écart qui se resserre dans les sondages entre M. Macron, candidat du "en même temps" entre gauche et droite, et sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen (RN), qui a mis le pouvoir d'achat au cœur de sa campagne.
Lors d'un meeting géant samedi aux accents plus sociaux, M. Macron a appelé à la "mobilisation générale" contre les "extrémismes" et le "grand rabougrissement". Un terme visant Eric Zemmour et son thème complotiste du "grand remplacement", qui a qualifié l'attaque de "lamentable".
Le camp Macron vise également Marine Le Pen et ses solutions qui "ne sont pas financées: elle reprendrait donc d’une main ce qu’elle donne de l’autre", a affirmé dans le JDD le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
- "On va gagner" -
Face au remake de 2017 annoncé, le candidat de gauche le mieux placé (autour de 15%) Jean-Luc Mélenchon espère bien décrocher un billet en finale.
Pour concrétiser cette "remontada" espérée, il a rassemblé quelque 25.000 personnes malgré le froid sur l'emblématique place du Capitole à Toulouse, un des plus solides bastions des "gilets jaunes" lors de la crise de 2018/19.
Dès les premières minutes, le leader insoumis a vilipendé le discours d'Emmanuel Macron la veille: "il a dit que le pouvoir d'achat a augmenté d'une façon historique, c'est faux, le premier trimestre 2022 est le record de baisse du pouvoir d'achat depuis 10 ans. Et sans doute n'a-t-il pas été à la pompe depuis longtemps".
"Lui qui voulait se donner des airs de gauche (…), comment a-t-il pu croire qu'on ne voie pas qu'il se moque du monde?", a tonné M. Mélenchon.
- "Renverser la table" -
A droite, Valérie Pécresse, la candidate des Républicains, au coude à coude avec l'ancien polémiste d'extrême droite Éric Zemmour (autour de 10%), a tenté de remobiliser un électorat très courtisé par ses adversaires, de l'extrême droite au candidat Macron.
"Il nous reste une semaine pour convaincre, pour renverser la table", a affirmé la candidate LR, devant 5.000 sympathisants à Paris qui ont briévement sifflé le nom de Nicolas Sarkozy avant l'arrivée de la candidate qu'il n'a toujours pas soutenue officiellement.
Elle a dénoncé le "scénario cynique" d'Emmanuel Macron qui "veut une nouvelle fois un face-à-face avec les extrêmes pour s’assurer de l'emporter au deuxième tour".
Se présentant comme la seule légataire de la droite face aux "faussaires", elle a répété que le président-candidat "ne porte pas une politique de droite".
Le président par intérim du RN a pour sa part plaidé sur LCI pour un "vote efficace" en s'adressant justement aux électeurs de Valérie Pécresse et d'Éric Zemmour afin que Marine Le Pen puisse "avoir la plus forte dynamique possible dès le 1er tour pour créer les conditions d'un très large rassemblement au second tour".
Dernier meeting aussi à Paris pour la socialiste Anne Hidalgo, au plus bas dans les sondages, autour de 2%. "Il ne vous calcule même pas", a-t-elle lancé aux électeurs de gauche tentés par Emmanuel Macron, les invitant à "revenir à leur famille d'origine".
Devant 2.400 partisans, elle a également mis en garde contre le "vote efficace" vanté par le leader insoumis: "Comment un candidat qui a théorisé la fin de la gauche, puis qui dans les élections locales a combattu tout le reste de la gauche, pourrait maintenant représenter un quelconque espoir pour la gauche ?", a-t-elle demandé.
Yannick Jadot, en déplacement à Nanterre, a dénoncé "un quinquennat de déni climatique". Nathalie Arthaud (LO) a appelé en meeting les "travailleurs" à la mobilisation car "de l’argent il y en a, dans les caisses du patronat".
De son côté, Philippe Poutou (NPA) a participé à une manifestation contre l'extrême droite dans la capitale.
O.M.Jacobs--JdB