Face à une Russie agressive, Finlandais et Suédois s'aguerrissent aux côtés de l'Otan
Sur un parking boueux de Setermoen, cité-garnison du Grand Nord de la Norvège, les Finlandais font étalage de leur force: lance-roquettes multiples, canon, motoneiges... Les soldats s'apprêtent à s'entraîner coude à coude avec leurs frères d'armes de l'Otan.
Si le partenariat n'est pas chose nouvelle, la guerre en Ukraine déclenchée par la Russie pousse la Finlande et la Suède, deux nations militairement non alignées, à se rapprocher encore davantage de l'Alliance atlantique.
Comme chaque fois que la Norvège organise l'exercice Cold Response censé habituer les troupes alliées à combattre ensemble par grand froid, les deux pays ont envoyé un détachement musclé pour ces manœuvres qui se tiennent actuellement sur le sol norvégien: 1.600 soldats suédois et 680 finlandais.
La coopération, en particulier avec les autres nations nordiques, membres de l'Otan ou pas, est étroite: mêmes valeurs, mêmes intérêts, proximité des cultures. Et le même puissant voisin russe.
"Nous sommes plus ou moins comme une famille maintenant", souligne l'officier suédois. "On n'est pas toujours d'accord mais on a des liens et (...) on doit veiller les uns sur les autres".
"C'est le noyau familial", abonde le général finlandais Manu Tuominen. "Mais bien sûr, dans toute famille, il y a des cousins éloignés et nous apprécions à cet égard tous les amis européens et même la coopération transatlantique".
Pour la Suède comme pour la Finlande, participer à Cold Response ne vise pas tant à apprendre à combattre dans un environnement difficile - le terrain de jeu quotidien de leurs soldats - qu'à renforcer l'"interopérabilité", c'est-à-dire la capacité à faire la guerre ensemble, avec les autres pays occidentaux.
- "Un signal fort" -
L'invasion russe de l'Ukraine a fait bouger les lignes dans leurs opinions publiques.
Pour la première fois, une majorité de Suédois et de Finlandais se disent favorables à ce que leur pays rejoigne l'Otan, selon plusieurs sondages publiés depuis début mars.
Pas question pour les officiers nordiques de se prononcer à haute voix sur une telle question éminemment politique mais, assurent-ils, le jour venu, ils seront prêts.
Stockholm et Helsinki ont exclu une candidature dans l'immédiat, mais côté finlandais la question fait l'objet de discussions politiques approfondies. Une adhésion aurait "des conséquences militaires et politiques graves", a de son côté mis en garde le ministère russe des Affaires étrangères.
"C'est un exercice prévu depuis longtemps", a déclaré la Première ministre suédoise Magdalena Andersson en rendant visite aux troupes de son pays lundi.
"Mais il est clair qu'avec l'actuelle toile de fond sécuritaire, nous envoyons un message important: la coopération et la volonté de défendre notre territoire sont bien là", a-t-elle souligné.
Signe tangible de la proximité de leurs liens, les soldats finlandais, suédois et norvégiens partageront bientôt le même uniforme adapté aux conditions arctiques - même si leurs motifs de camouflage respectifs resteront distincts.
"Je peux vous assurer qu'au quotidien (...) notre coopération est déjà étroite et la participation à cet exercice est un signal fort", confie le général Jörg Vollmer qui commande le flanc Nord de l'Otan.
"Nous nous entraînons déjà ensemble, bien qu'ils ne soient pas membres", ajoute-t-il. "On a hâte de voir dans quel sens la décision penchera".
T.Peeters--JdB